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Esprits-rebelles
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28 octobre 2012

Christian Bobin

« L'âme est une fleur creuse de sang rouge. Elle frémit sous les ondées du chant. Elle s'ouvre dans l'éclaircie d'une voix. L'esprit s'éveille au creux du corps, au tronc du souffle, aux racines de la chaire. Puis il s'élève dans la gorge et s'enflamme dans l'air pur.» 
- La Part Manquante.-

~~~~~~

Christian Bobin ne raconte pas une histoire, il parle de moi, de nous. Ses mots ne disent rien, ils nous racontent. Ils sont comme ces histoires que l’on écoutait enfant, qui faisaient naître des images, des aventures. Ce ne sont pas les mots qui importent mais toutes ces images qu’elles suscitent. D’ailleurs ils sont parfois comme ces rêves que l’on ne comprend pas mais dont l’émotion, bien réelle, reste en impression sur notre cœur, devant nos yeux. Ils ne parlent pas à l’adulte que nous sommes mais à l’enfant que nous avons oublié d’être, que nous avons été peut-être, oui mais c’était il y a si longtemps.J’ai aimé chacun des tableaux de ce petit livre, je les lis, les relie et sous mes yeux ébahis apparaît un paysage aux couleurs pastelles avec parfois une touche un peu plus vive qui attire l’œil comme un souvenir et fait naître un sourire dans les yeux de l’enfant qui s’émerveille, sur mes lèvres qui se souviennent de ces chants d’antan.

“Ce n’est pas pour devenir écrivain que l’on écrit”. En effet, il n’est pas un écrivain comme les autres. Il peint avec les mots

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30 octobre 2012

Olav Hauge

«Je suis un bateau
sans vent.
Tu étais le vent.
Etais-ce le cap que je devais prendre?
Qui se soucie du cap
quand on a un tel Vent!»
-Nord Profond-

 La poésie d'Olav Hauge est tendre et rude comme le pays qui l'a vu naître, la Norvège.
 Il a publié une quinzaine de recueils. Deux ont été traduits en français dont "Nord Profond", magnifiquement illustré par François Monnet. Ce titre était une énigme pour moi, jusqu'à ce que je lise ce poème :

"... Tu n'iras pas plus loin
que là où Bashô est allé
à pied"

 Bashô était un poète japonais du XVIIè, qui entreprit un voyage, à pied, vers le Nord du Japon, l'Ile d'Hokkaïdo. Pour les japonais, le voyage vers le Nord, revêtait une signification profonde. C'était un voyage initiatique, car le Nord représentait la sagesse et il était d'usage qu'un poète fît ce voyage. Pour Bashô, initié au bouddhisme Zen, il fut une source d'inspiration autant qu'une recherche du dépouillement.
Hauge connaissait-il l'histoire de ce voyage ? Sans aucun doute ! La poésie l'a sauvé de la folie et je lui suis aujourd'hui reconnaissante, ainsi qu'à François Monnet pour la traduction et les photos, d'avoir ouvert la porte vers ce "Nord Profond".

5 septembre 2012

Le jardin

Il y a si longtemps que j’écris. Il y a si longtemps qu'il me lit. L'encre de mon cœur s'est déversée sur le papier ambré, sans faire de bruit, sans faire de fautes. Moi qui n'avais jamais rien dit ai laissé les mots s'écouler. Il les a recueillis, doucement, avec bienveillance, il a écouté tant et si bien que j’ai fini par ouvrir mon jardin. Timidement, avec circonspection je l’ai laissé entrer dans cet espace où fleurissent des senteurs d’autrefois, des variétés de simples, oubliées. Au début, il n’y avait que quelques pensées semées au gré du vent de mes tourments. Juste quelques pensées sauvages, si timides qu’on les voyait à peine. Il y avait aussi beaucoup de soucis et pas mal de mouron qui attirait les oiseaux.

J’aimais venir dans ce jardin. Il avait l’air abandonné avec ses herbes hautes mais certaines étaient si belles qu'on ne pouvait s'empêcher de les aimer et de leur sourire, de s'asseoir auprès des tabourets non loin des dames de onze heures qui tenaient compagnie. Il était entouré de haies épaisses qui dessinaient au fusain un coin d’intimité. J’avais pris l’habitude de venir m’y réfugier lorsque j’étais triste ou bien préoccupée. Perdu au milieu de nulle part, à l’abri des regards, il offrait un réconfort que je ne trouvais pas dans les beaux jardins aux parterres soigneusement désherbés, fleuris d’espèces sophistiquées aux couleurs éclatantes et au parfum inexistant. Là, les pois de senteurs côtoyaient les ronces et se jouant des noires épines, ils envahissaient la haie et répandaient leur parfum lourd et entêtant l’été durant.

Nul bruit ne venait troubler sa quiétude autre que celui de la terre et des airs à tel point que je n’avais jamais remarqué que derrière l’une des haies, séparé par un fossé, se trouvait un autre jardin. Aussi, grande fut ma surprise lorsqu’un soir d’été j’entendis une voix de l’autre côté. C’était un soir de pluie, mon cœur pleurait et j’avais appelé à l’aide. J’avais crié aux vents ma solitude et ma tristesse et une voix m’avait répondu.

Stupéfaite, je m’étais tu. Je m’étais crue seule. Jusqu’à présent seuls les oiseaux et les arbres répondaient à mes appels. Ce soir là une voix profonde s’était fait entendre, faisant naître un arc-en-ciel qui rayonnait d’une infinité de possibles. Les joues encore humides de la pluie, j’avais osé engager le dialogue. Sans se connaître ni se voir, nous avions conversé. Il m’apprit à écouter le silence, à entendre les murmures du vent et à voir le levant au couchant. Lorsque je revenais les jours suivants, je me pris à attendre ces conversations et à vouloir embellir mon jardin afin d’y inviter mon interlocuteur. Des impatiences étaient apparues et je vis aussi quelques coquelicots fragiles comme cette relation naissante mais dont le rouge égayait ce jardin.

Jour après jour par ces quelques coucous, il soignait mes bleus à l’âme, jour après jour, il m’apprivoisait. Comme le renard j’étais prudente, comme le petit prince il attendit jusqu’au jour où j’en étais venu à vouloir connaître cette voix. Je fis une brèche dans la haie et nous construisîmes un pont. Timidement, je le traversais pour découvrir de l’autre côté un jardin extraordinaire qui ressemblait un peu au mien, miroir de vénus à la beauté douce amère. Il m’accueillit et m’offrit un bouquet de simples qui embauma mon cœur. Assis à distance respectable l’un de l’autre, nous bavardâmes un long moment et lorsque vint la nuit, c’est à regret que je m’en retournai avec l’espoir secret qu’un nouveau jardin vît le jour. La brèche était faite, le pont était là et il semblait tout aussi désireux que moi de ne pas laisser les épines reprendre le dessus.
Dans mon jardin, je n’avais pas de compagnons, aussi espérais-je que le vent de ses silences ferait fleurir en rose ou blanc ces graciles corolles. Au fil du temps, nous avions appris à nous connaître et nous passions parfois de long moment à philosopher et l’herbe faisait à la sagesse un doux tapis sur lequel nous aimions nous étendre. Il m’enseignait et j’écoutais avec mon cœur d’enfant, avec mon âme nubile afin de pouvoir, un jour, qui sait, cueillir le sceau de Salomon pour embellir la nuit.

L’hiver est revenu traînant son long manteau de froid et de pluie dans lequel mon cœur s’est pris. Les fleurs se sont fanées hormis les pensées et quelques soucis. Alors, pour ne pas oublier, j’ai fait un bouquet d’immortelles. Lorsque l’encre aura séché, je les lui offrirai … peut-être.

28 août 2012

La lettre

« Mon Ami,

Le rêve, comme une brume matinale, s’est dissipé découvrant l’amertume d’une réalité qu’il me faut affronter.

Lorsque tu m’as tendu la main, avec confiance je t’ai suivi. Je ne regrette rien. L’espoir illusoire que j’ai cru voir un instant a été emporté par l’océan. Mais je suis seule en cause. J’avais la certitude de pouvoir affronter plus grand que moi car tu avais ouvert la porte d’un au-delà, les démons ont été plus puissants. L’obscurité a eu raison de mes ténèbres, la nuit s’est assombrie et j’ai sombré au néant d’une folie qui n’était pas la mienne.

Je me suis échouée aux rochers d’une vie que je croyais pouvoir quitter. Mais les Nornes veillent et je ne peux leur échapper. Elles tissent une toile au dessein inconnu et tu en fais partie je le sais désormais. Elles m’ont laissée imaginer que j’étais maîtresse de mon destin, que ma mort m’appartenait. Elles m’ont laissé l’orgueil de croire que mes arabesques avaient conquis ton cœur alors que ce sont elles qui ont tressé ce lien, fil d’épeire tendu au-dessus de l’abîme d’un désespoir qui se perd en lui-même. Fil gracile où perle la rosée d’un sentiment et qui retient mon âme. Ma plume assoiffée boit à cette rosée pour t’écrire aujourd’hui.
 
Tu dis que je sais faire jouer les mots. Mais je ne suis qu’un instrument. Autrefois, il suffisait d’un rien pour que les cordes de mon cœur vibrent et que se fassent entendre la musique des saisons, pourtant il manquait l’âme du musicien. Lorsque je me suis brisée, bien que je n’aie vu, au début, ni l’archet, ni la main qui le tenait, j’ai senti la patience de cet amour qui a su réparer avec tendresse et bienveillance mes déchirures. Au la d’une gamme dont j’ignorais la clé, j’ai été accordée.

Ce n’est pas moi qui joue. Non. Doucement, de son archet, le musicien caresse mes pensées. Elles ne raisonnent plus. Elles chantent et font vibrer ma poésie au diapason d’un amour que je découvre. Dès lors, il m’est impossible de dessiner encore la violence et les blessures sanglantes engendrées par l’obscur et qui me déchiraient. Le sable a bu toute ma souffrance. Les larmes se tarissent et je me laisse aller à ressentir cette passion, née des caresses de l’archet. A cause, ou grâce à lui, je suis devenue sensible au moindre souffle et le monde entier joue sur moi et fait résonner les cordes de mon âme. Un jour, qui sait, tu liras mes écrits, poésie malhabile, tendre ou passionnée, sombre ou amère. Peut-être alors comprendras-tu l’ampleur de ma folie.

Parfois, je voudrais pouvoir partager autre chose que mes mots. Le chant des mésanges au levant d’un matin froid, les étoiles qui scintillent et s’égouttent aux branches d’un marronnier, la terre encore pâle du feu glacé de la nuit, un souffle au crépuscule qui fait bruire le silence.

Parfois, je voudrais juste pouvoir entendre ton rire. Il réchauffe mon cœur et éclaire mes sourires comme seul peut le faire le rire d’un ami dans le partage d’un instant de bonheur. Parfois… Mais voilà, je suis seule et d’ami je n’ai point pour partager la douceur d’un présent qui s’écoule au fil de l’eau d’un ruisseau de campagne. Tu es bien loin.

L’amour se joue de nous et la passion détruit nos cœurs infidèles à eux-mêmes. Mon âme a faim et se cherche au désert de cette vie. Elle oscille entre Prométhée et Tantale crucifiés pour avoir osé défier les dieux et pour avoir aimé les premiers hommes. Mon cœur se déchire sitôt que naît l’espoir et rien n’étanche la soif que j’ai de retrouver cette porte hors moi où tu m’avais menée. L’absolu de mes mots ne peut se satisfaire d’un jardin de rose. Seul es-tu, peut-être, à connaître l’unique qui grandit dans mon cœur.

Partout le monde se désagrège, partout le ciel est enterré et j’ai perdu mes rêves. Je m’accroche à ce lien qui me relie à une vie que j’aurais voulu fuir de nouveau. Me diras-tu mon Ami, si j’ai fait le bon choix ? Si la douceur d’un amour hors du temps vaut mieux que l’amertume du néant ? Crois-tu que l’on puisse déjouer le dessein des Nornes et dessiner sa propre vie, sa propre mort ?

12 septembre 2013

Farandole

Je regarde ce monde
comme il est sombre
Le jour éteint la nuit
car les étoiles ont fui
Le ciel a pleuré
les couleurs de l’été
avant qu’il ne soit né
et je me suis brûlée les ailes
en touchant l’arc-en-ciel
d’un rêve

Partout le rouge et le noir
se confondent
Partout le sang des victoires
inondent
le fleuve de nos pensées
jusqu’au cœur
de notre humanité
Il fait pousser des coquelicots
qui tachent
nos corsages d’enfants

De Baudelaire ou de Rimbaud
Je ne trouve plus de traces
Mais Sade
est toujours là
peignant des aquarelles
d’où dégouline la noirceur
de la terre de nos mères
Non
Jamais aucune larme
Ne lavera la nuit

Et la ronde
de sa blancheur
prolonge le monde
en une farandole naïve
en une danse tragique
piétinant le magique
Malgré tous les poètes
malgré leur ritournelles
Gavroche gît
tout au fond du ruisseau

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10 novembre 2012

Au bout de tes doigts

Mon Bien Aimé,
Seul es-Tu à ombrer ainsi la lumière,
à éclairer, d'une lueur fragile, la nuit de l'esprit.
Lorsque tout près de moi, Tu te tiens
Le Hurle se tait et mon cœur fait silence.
Immobile, je demeure dans l'espérance
de ton sein, mais mon âme frissonne
et vibre à l'unisson de ton cœur qui résonne :
Tambour d'Odin qui martèle le mien.
De la main je te retiens.
La tienne m'étreint et me pousse au loin.
Je me serre contre Toi,
Tu m'enlaces et m'éloigne au-delà.
Je me détourne et j'entends ton sourire.
Je le caresse du bout des doigts,
juste le temps de dire
ce que tu sais déjà.

14 novembre 2012

Louis Aragon- Le Fou d'Elsa

Il y a des choses que je ne dis a Personne Alors
Elles ne font de mal à personne Mais
Le malheur c'est
Que moi
Le malheur le malheur c'est
Que moi ces choses je les sais
Il y a des choses qui me rongent La nuit
Par exemple des choses comme
Comment dire comment des choses comme des songes
Et le malheur c'est que ce ne sont pas du tout des songes
Il y a des choses qui me sont tout à fait
Mais tout à fait insupportables même si
Je n'en dis rien même si je n'en
Dis rien comprenez comprenez moi bien
Alors ça vous parfois ça vous étouffe
Regardez regardez moi bien
Regardez ma bouche
Qui s'ouvre et ferme et ne dit rien
Penser seulement d'autre chose
Songer à voix haute et de moi
Mots sortent de quoi je m'étonne
Qui ne font de mal à personne
Au lieu de quoi j'ai peur de moi
De cette chose en moi qui parle
Je sais bien qu'il ne le faut pas
Mais que voulez-vous que j'y fasse
Ma bouche s'ouvre et l'âme est là
Qui palpite oiseau sur ma lèvre
O tout ce que je ne dis pas
Ce que je ne dis à personne
Le malheur c'est que cela sonne
Et cogne obstinément en moi
Le malheur c'est que c'est en moi
Même si n'en sait rien personne
Non laissez moi non laissez moi
Parfois je me le dis parfois
Il vaut mieux parler que se taire
Et puis je sens se dessécher
Ces mots de moi dans ma salive
C'est là le malheur pas le mien
Le malheur qui nous est commun
Épouvantes des autres hommes
Et qui donc t'eut donné la main
Étant donné ce que nous sommes
Pour peu pour peu que tu l'aies dit
Cela qui ne peut prendre forme
Cela qui t'habite et prend forme
Tout au moins qui est sur le point
Qu'écrase ton poing
Et les gens Que voulez-vous dire
Tu te sens comme tu te sens
Bête en face des gens Qu'étais-je
Qu'étais-je à dire Ah oui peut-être
Qu'il fait beau qu'il va pleuvoir qu'il faut qu'on aille
Où donc Même cela c'est trop
Et je les garde dans les dents
Ces mots de peur qu'ils signifient
Ne me regardez pas dedans
Qu'il fait beau cela vous suffit
Je peux bien dire qu'il fait beau
Même s'il pleut sur mon visage
Croire au soleil quand tombe l'eau
Les mots dans moi meurent si fort
Qui si fortement me meurtrissent
Les mots que je ne forme pas
Est-ce leur mort en moi qui mord
Le malheur c'est savoir de quoi
Je ne parle pas à la fois
Et de quoi cependant je parle
C'est en nous qu'il nous faut nous taire



21 novembre 2012

Juste instant

Au détour des mots que tu tais
je découvre
un amour qui ne se dit pas
Je découvre
cette étrange essence
libre des sens
et j’oublie le temps.
Je vais au devant
de l’élan
d’une présence amante.
J’oublie la raison,
elle est morte saison.
J’imagine la vie.
Aux profondeurs d’un ciel
je peins mille envies
avec le coeur,
avec mon âme.
A plume perdue je sème les mots.
J’ensemence la nuit.
Au gré des sens j’incendie de couleurs
le couchant.
Juste un instant

14 janvier 2013

Perles de lumière

J’ai retrouvé mon Amour.
Il était là, soleil scintillant
sur le manteau blanc de la Terre,
perles de lumière sur les chênes dressés
où se sont perchés les chants sautillants
d’oiseaux multicolores.

Il était dans la voix du vent
emportant les dernières feuilles mortes,
au sein des nuages venus en cohorte
dessiner un sourire
sur l’azur du matin.

Là,
dans un souffle,
il a jailli de la source de ton rire
et s’est déversé dans le silence de mon cœur.

1 février 2013

Départ

Mon Ami, mon frère
Je te regarde partir
Je te regarde souffrir
Mais je ne peux rien dire

A tes yeux perle le sourire
dessiné sur tes lèvres
comme un espoir d'aller au bout du voyage
et de voir les paysages
du Nord Profond
de contempler le vol des cygnes sauvages
au petit matin

Mon Ami, mon frère
je voudrais te prendre la main
mais la pudeur me retient
tu ne demandes rien

Vois comme les branches nues du chêne
scintillent au levant
Vois l'envol de nos peines
dans l'azur naissant
Les perles sur ton visage
ruissellent sur nos cœurs
ensemencent demain

15 juillet 2012

Panser les mots


Des mots silencieux
Histoire sans paroles 
Une main tendue
De mots murmurés
Un peu emmêlés

Des mots  gracieux
Qui prennent leur envol
A peine  entendus
Pour guérir, rassurer
Les désarticulés

Des mots
Qui entrouvrent les cieux
Aux coeurs qui se désolent
Et qui se sentent perdus
Des mots pour libérer
Pour aimer, s'envoler

Laisser danser les mots
Pensées de doux mots
Pour panser les maux

8 février 2013

Retour à toi - Etienne Daho

 


Ennemi de soi-même, comment aimer les autres ?
Etranger à soi-même, étranger pour les autres
Qui réduit au silence le fracas de l'enfance
Et avance masqué en attendant sa chance

Et sous les apparences, le prix du vêtement
Personne ne voit les plaies et le sang
De celui qui survit.

Refrain :
Et quand demain se lèvera
Je serai libre, retour à toi
Mais quand demain se lèvera
Je serai libre, retour à moi

Si l'amour me couronne et s'il me crucifie
Elève mes pensées dans un hymne à la vie
Et que monte très haut la flamme des bougies
Quel que soit le drapeau le dieu que l'on prie

Et sous les apparences, vulnérable et changeant
Personne ne lèche les plaies et le sang
de celui qui survit.

refrain
Et quand demain se lèvera
Je serai libre, retour à toi.
Mais quand demain se lèvera,
Je serai libre, retour à moi.
quand demain se lèvera,
Je serai libre et près de toi.

Mais sous les apparences, vulnérable et changeant
Personne ne lèche les plaies et le sang
de celui qui survit.
1 février 2013

Souffle de brume

Dans un souffle de brume
je te goûte à nouveau.
Sur l’écume du soir
ton regard se dessine,
tes mains me redessinent
effleurant le cadran de mes sens.

La nuit s’avance.
Je m’ouvre à sa blancheur immaculée,
à ton Amour.
Vêtue d’un voile de soie
d’un voile de Toi,
j’ose accueillir Ta flamme 

A la douzième heure,
d’une caresse tue,
je me retrouve nue.
La douceur de tes lèvres
a esquissé mon corps
et révélé mon âme.

Vois.
Le désert s’enlumine.
Il scintille d’entrelacs
cristal de lune ciselé,
sur la courbe des dunes
par le rire de la nuit.

Vois.
Le désert nous retient,
il offre son écrin
pour abriter notre hymen.
Jusqu’à l’aurore, mon Bien Aimé
je serai tienne.

 

28 mars 2013

A corps perdu - Gregory Lemarchal


.
.
.
.Puisque des filets nous retiennent
Puisque nos raisons nous enchaînent
Que rien ne brille sous nos remparts
Et puisqu'on n'atteint pas le ciel
A moins de s'y brûler les ailes
Et suivre les routes où l'on s'égare
Comme on dresse un étendard
A corps perdu, ivre et sans fard
Pour n'être plus le pantin d'un espoir
Et si la vie n'est qu'une cause perdue
Mon âme est libre d'y avoir enfin cru
A corps perdu

Puisque les destins sont les mêmes
Que tous les chemins nous ramènent
A l'aube d'un nouveau départ
On n'apprend rien de nos erreurs
A moins de s'y brûler le coeur
Je suivrai les routes où l'on s'égare
Comme on dresse un étendard
A corps perdu, ivre et sans fard
Pour n'être plus le pantin d'un espoir
Et si la vie n'est qu'une cause perdue
Mon âme est libre d'y avoir enfin cru
A corps perdu
A corps perdu
 
A corps perdu j'écrirai mon histoire
Je ne serai plus le pantin du hasard
Si toutes les vies sont des causes perdues
Les hommes meurent de n'avoir jamais cru
De n'avoir pas vécu, ivres et sans fard
Soldats vaincus pour une guerre sans victoire
Et si ma vie n'est qu'une cause perdue
Je partirai libre d'y avoir au moins cru
A corps perdu
A corps perdu...
 
12 août 2013

Souffle de Vie

Les mots sont un souffle.
Souffle de Vie, porte de l'Âme.
Elle s'ouvre sur des univers infinis
où fleurissent des champs d'herbes sauvages.
Parfois on ne trouve qu'orties et chardons.
Parfois pensées et compagnons.

Souffle de Vie
Comme un parfum nocturne,
promesse d'un lendemain
ou bien embruns laissant des traces de sel
sur le visage du matin.

 Bien Aimé, j'entends Tes mots
murmures d'étoile au firmament.
En moi, la Vie se déploie
la Terre enfante un nouveau jour.

19 août 2013

Parfum d'Amour

Parle-moi de l’Amour, Fou.
Dis-moi sa couleur,
Dis-moi son parfum.
On dit qu’il fait souffrir,
comment pourrait-il  être source de joie ?

Te souviens-tu du premier jour ?
Lorsque ta mère te serrait contre son sein ?
Du parfum de sa chair,
De la douceur de sa voix ?

Je ne m’en souviens pas.
Est-ce là le seul amour qui soit ?

L’Amour est comme l’or du soleil couchant
Il est chargé de promesses.

Le crépuscule annonce la nuit.
L’amour est-il si sombre ?

Il scintille sur le ciel étoilé
et tandis que la lune, comme un réverbère
éclaire la terre qui s’endort,
les belles de nuit embaument l’air.
Fleurs du couchant, elles invitent au voyage
menant jusqu’à l’aurore.

Tout cela est pur imaginaire, Fou !
La nuit
Ce sont les hululements de la chouette,
les grognements du hérisson
et la froidure qui monte de la terre.
Je n’y vois pas l’amour.

Comment pourrais-tu connaître le jour
sans traverser la nuit !

Dans le noir,
nulle chaleur, nulle douceur.

Te souviens-tu avant le premier jour ?
L’Amour te tenait dans ses bras
et la tendresse de sa voix était comme une caresse sur toi.

Mais je ne peux aimer comme une enfant !

Enfant ou bien amant,
le parfum de l’Amour demeure
tel qu’à la première heure.

Je ne comprends pas, Fou.
Tes paroles sont obscures.

Aime
La nuit et le jour,
la rose et ses épines
le soleil et la pluie.
Aime et tu seras aimée
Mais n’attends rien en retour, car l’Amour se donne et reçoit tout autant.
Tout comme le ciel aime les nuages et les laisse filer,
l’Amour ouvre ses bras
à chaque instant.

19 août 2013

Puisque l'aube grandit

Puisque l'aube grandit, puisque voici l'aurore,
Puisque, après m'avoir fui longtemps, l'espoir veut bien
Revoler devers moi qui l'appelle et l'implore,
Puisque tout ce bonheur veut bien être le mien,

C'en est fait à présent des funestes pensées,
C'en est fait des mauvais rêves, ah ! c'en est fait
Surtout de l'ironie et des lèvres pincées
Et des mots où l'esprit sans l'âme triomphait.

Arrière aussi les poings crispés et la colère
A propos des méchants et des sots rencontrés ;
Arrière la rancune abominable ! arrière
L'oubli qu'on cherche en des breuvages exécrés !

Car je veux, maintenant qu'un Être de lumière
A dans ma nuit profonde émis cette clarté
D'une amour à la fois immortelle et première,
De par la grâce, le sourire et la bonté,

Je veux, guidé par vous, beaux yeux aux flammes douces,
Par toi conduit, ô main où tremblera ma main,
Marcher droit, que ce soit par des sentiers de mousses
Ou que rocs et cailloux encombrent le chemin ;

Oui, je veux marcher droit et calme dans la Vie,
Vers le but où le sort dirigera mes pas,
Sans violence, sans remords et sans envie :
Ce sera le devoir heureux aux gais combats.

Et comme, pour bercer les lenteurs de la route,
Je chanterai des airs ingénus, je me dis
Qu'elle m'écoutera sans déplaisir sans doute ;
Et vraiment je ne veux pas d'autre Paradis.

.........................................Paul Verlaine

31 janvier 2013

Sur le chemin

Sur le chemin je me suis assise
Pour mieux sentir la brise
Me porter les parfums
Et tous ces bruits lointains
Produits par tant d’humains
Sur le chemin je me suis assise
Pour mieux sentir l’exquise
Douceur de l’air et les senteurs
Enivrantes des fleurs

Sur le chemin j’ai écouté
Mon âme cherchant à plaire
Un peu comme envoûtée
Par les caresses du vent
Sur le chemin j’ai écouté
La brise me chuchoter
D’oublier l’impuissance
D’oublier l’ignorance
D’arrêter de chercher

Sur le chemin j’ai rencontré
Tant de gens différents
Alors je me suis assise
Et les ai regardés
Passer.

3 février 2013

Une goutte de rosée - Khalil Gibran

Un matin à l'aube, quand le ciel était encore pâle, ils marchaient tous ensemble dans le Jardin, regardaient vers l'Est et demeuraient silencieux en présence du soleil levant.

Et au bout d'un moment Almustafa désigna l'astre de la main et dit : L'image du soleil du matin dans une goutte de rosée ne vaut pas moins que le soleil. La réflexion de la vie dans votre âme ne vaut pas moins que la vie.

La goutte de rosée reflète la lumière parce qu'elle fait un avec la lumière, et vous reflétez la vie parce que vous et la vie faites un.

Quand l'obscurité est sur vous, dites : "Cette obscurité est une aube qui n'est pas encore née ; et bien que la nuit qui connaît les douleurs de l'enfantement m'entoure, l'aube naîtra pour moi comme pour les collines. "

La goutte de rosée arrondissant sa sphère dans le crépuscule du lilas n'est pas différente de vous qui recueillez votre âme dans le cœur de Dieu.

Si une goutte de rosée venait à dire : "Je n'ai été qu'une seule fois en un millier d'années une simple goutte de rosée," répondez-lui ainsi :
"Ne sais-tu pas que la lumière de toutes les années brille dans ta sphère ?"

 

Le Jardin du prophète - Khalil Gibran

30 août 2013

Etre mort et vivre encore

"A quel moment de notre vie mourons-nous tout en continuant de vivre ? Plusieurs d'entre nous ont cessé d'être avant d'avoir rendu le dernier soupir. On les reconnaît à des signes qui trompent rarement ceux qui ont l'habitude d'observer les phénomènes secrets. Ils n'existent plus.  On en tient plus compte. On ne remarque plus leur présence, comme s'ils n'occupaient plus de place sur la terre, comme si déjà l'on marchait sur eux, comme s'ils n'étaient plus qu'une ombre, comme si l'on voyait à travers, comme s'ils n'étaient plus là. Ils sont devenus des signes qui ne marquent plus qu'une absence.

Ils survivent ainsi, mais savent qu'ils ne vivent plus. Ils ont gardé toute leur lucidité, mais leurs pensées fonctionnent dans le vide. Elles ne vont plus dans le passé, ne s'occupent plus de l'avenir et ne tiennent au présent que par l'ombre d'un fil déjà rompu."
..................................Avant le grand silence - Maurice Maeterlinck

7 septembre 2013

Attente

A mes oreilles parvient le bruit des pas perdus de ces milliers de vie qui hantent cette gare, la traversent courant après un train, après un rendez-vous, le temps de n’être pas. Je les observe, sourire crispé, les poings serrés, le pas pressé et au milieu de tout ce brouhaha : lui. Voilà que tout d’un coup tout disparaît, je n’entends plus que son silence, je ne vois plus que son attente. Sourire béat. Il est comme en dehors, hors l’agitation de ces milliers de fourmis qui vont et viennent.

En bruit de fond, un train est annoncé. Interrogeant la foule anonyme qui se divise sur lui, il cherche son cadeau. Brillant d’une joie enfantine, ses yeux défont les ombres des silhouettes, fouillent, déballent fiévreusement les visages. Aucun n’est celui qu’il espère. Je m’attends à voir la déception éteindre son regard. Il n’en est rien. La joie est toujours là. Joie du cœur tendu par delà l’espace et qui étreint déjà l’être aimé.

Je me surprends à attendre avec lui, à guetter moi aussi, à chaque déferlement de voyageurs, celui ou celle qui a fait naître cette lueur. Plus rien n’existe. La gare, la foule, le bruit, tout s’enfuit ! Ne reste que ce sourire et cette attente.

Mes yeux s’attachent à lui tant je crains de voir chaque marée humaine le dérober à ma vue. Parfois nos regards se croisent. Je me détourne avec pudeur, gênée de pénétrer l’intimité de cet instant.

Des trains arrivent et repartent, crachant et avalant leur ration de passagers errants, celui tant attendu demeure dans un ailleurs sur les rails du temps qui s’étire sans fin. Une ombre d’inquiétude passe sur son visage, le sourire s’éteint ; il se détourne et se laisse engloutir par la marée suivante. Je ferme mon cœur à la déception et conserve son sourire et le bonheur qui était peint sur son visage.

Allées et venues, flux et reflux au gré des retards, des changements annoncés par la voix métallique d’une hôtesse invisible. Je l’écoute d’une oreille distraite pour savoir si je dois suivre le prochain courant afin de continuer mon voyage.

Sans grand espoir, je cherche, presque malgré moi, le jeune homme. L’attente devient morne, la gare bruyante. Une impatience me gagne, je me surprends à regarder fréquemment et nerveusement la pendule du hall et les panneaux où s’affichent les trains au départ.

Absurdité. L’heure arrive toujours lorsque le moment est venu. Ni avant, ni après. Les aiguilles du grand cadran de l’horloge ne changent pas le temps. Mon cœur continue de se tendre, ici et là, dans une espérance illusoire. Un flot de voyageurs plus important que les précédents déferle des quais au-dessus de nous et inonde la gare, noyée en quelques minutes par une marée humaine multicolore, de tous âges. Soudain, je les vois : deux amis,  deux frères, deux cœurs qui se retrouvent, s’embrassent, s’étreignent ; rayon de bonheur trouant un instant la nuée houleuse qui se referme déjà sur eux.

Au-dessus, les tableaux mis à jour  m’annoncent que l’heure est venue.

8 septembre 2013

" Ce qui compte, ce n'est pas de gravir cette

" Ce qui compte, ce n'est pas de gravir cette montagne, ou bien celle-ci, ou bien encore celle-là, mais de parcourir le chemin. Et de le faire avec attention, persévérance, avec le coeur ouvert et l'esprit vigilant. Ce n'est pas le nom du sommet que nous avons gravi qui nous transforme, mais la présence et l'amour que nous avons mis dans la marche. Le monde est beau par la variété de ses paysages. La vie spirituelle est belle par le foisonnement de ses chemins. "

......................................................L'âme du monde - Frédéric Lenoir

26 septembre 2013

Ruisseau de Cristal

J’ai demandé au vent de me parler de Lui,
mais il s’en est allé au loin.
J’ai demandé aux oiseaux,
mais ils se sont tus en se moquant de moi,
tandis que l’onde fredonnait.

Tout au bord du ruisseau,
je me suis agenouillée.
J’ai écouté ses murmures me chanter son Amour.
Dans l’eau cristalline, j’ai plongé la main
pour le saisir,
pour le garder tout contre mon cœur.

Des pétales de lumière se sont échappés
de mon poing serré.
Je voulais saisir mon Bien Aimé.
Il m’a offert un peu de sable
pour écrire sa trace.

Entre mes doigts l’eau s’est écoulée.
Le ruisseau scintillait si fort
qu’il m’a éclaboussée
et tandis que je pleurais,
son rire s’est déversé sur mon âme.
Au fil de l’eau, Sa Lumière dansait

 

16 septembre 2013

En matière de spiritualité, l'approche purement

En matière de spiritualité, l'approche purement théorique des principes, coupée de la pratique, n'est pas seulement inefficace, elle constitue aussi un obstacle bien réel au progrès spirituel : celui de la suffisance ou du « supérioritisme » spirituel.

........................................................................Bahram Elahi

1 septembre 2013

Un ange à l'église

Au moment où le prêtre consacre les offrandes, un ange blond sort à quatre pattes d'un recoin du cœur. Sans égard pour la solennité de l'instant, il s'avance en portant sur le monde un regard curieux.
Il s'assied, face à l'autel juste derrière le prêtre, applaudit au moment où ce dernier s'incline, bat des ailes et puis s'en retourne dans l'ombre comme il était venu.

A la fin de l'office, son apparition me fait encore sourire, lorsque j'entends son rire alors que le prêtre dit avec gravité les noms des personnes décédées pour lesquelles une pensée particulière a été demandée. J'ai l'impression qu'il voit et entend ce qui reste hors de notre portée, tout absorbé que nous sommes, nous les adultes, par le sérieux de notre tristesse : cette lumière qui demeure invisible aux yeux des vivants et peut-être le rire de ceux que nous croyons morts.

Qui sait si ce n'est pas lui qui m'a invitée à venir assister à cet office, si loin de chez moi, alors que je ne vais jamais à la messe ?

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La poésie est un chant et une parole.
C'est une parole qui parle à la parole de l'homme et qui permet, si elle est entendue, la part miraculeuse de l'existence - Gabriel Mwènè Okoundji -



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