Partage
Entendre ta voix
et partager avec toi
le chêne et le ciel
Très belle adaptation et interprétation du poème de Khalil Gibran.
Parmi les flutes dont le son porte l'âme : le shakuhachi.
Cette flute japonaise faite de bambou chante l'aspiration à trouver la quiétude. Elle apaise le cœur et incite à la contemplation du silence de l'âme. Au XIIIème siècle, elle n'était d'ailleurs pas considérée comme un instrument de musique, mais comme un instrument religieux, support de méditation. Elle était utilisée par des moines guerriers itinérants, appelés Komusô.
On retrouve dans la poésie japonaise la sobriété de cette flute, même dans de longs poèmes, dont la mode des haïkus nous a éloigné.
Votre souffrance est ce par quoi se brise la coquille de votre entendement.
Et comme il faut que le noyau du fruit se rompe pour que le cœur du fruit s’offre au soleil, ainsi vous faut-il connaître la souffrance.
Et si vous avez su maintenir vos cœurs dans l’étonnement devant les miracles de votre existence quotidienne, votre souffrance ne vous semblera pas moins étonnante que votre joie.
Et, ainsi, vous consentirez aux saisons de votre cœur comme vous avez toujours consenti aux saisons qui passent sur vos champs.
Et vous veillerez sereinement à travers les hivers de votre mélancolie.
Le Prophète - Khalil Gibran.....................................
De sombres nuages
ont éteint la nuit
Les rêves se sont enfuis
Dissimulé derrière le cyan de la mille et unième nuit
Un rêve.
Grains de sable s'écoulant sur la voûte céleste
et dont le chant s'élève au matin
lorsque le soleil cueille les étoiles
sur les feuilles de l'aube.
L'oiseau de nuit en s'envolant
offre un fragment de son aile
Au rêve
Avec ardeur, il grave les eaux fortes
de lendemains sans fins
et enlumine avec douceur l'aurore
La page vierge du petit jour
s'offre à sa plume
Le songe se déploie
calligraphies de bleu.
Calligraphie Michel d'Anastasio
J’ai demandé au vent de me parler de Lui,
mais il s’en est allé au loin.
J’ai demandé aux oiseaux,
mais ils se sont tus en se moquant de moi,
tandis que l’onde fredonnait.
Tout au bord du ruisseau,
je me suis agenouillée.
J’ai écouté ses murmures me chanter son Amour.
Dans l’eau cristalline, j’ai plongé la main
pour le saisir,
pour le garder tout contre mon cœur.
Des pétales de lumière se sont échappés
de mon poing serré.
Je voulais saisir mon Bien Aimé.
Il m’a offert un peu de sable
pour écrire sa trace.
Entre mes doigts l’eau s’est écoulée.
Le ruisseau scintillait si fort
qu’il m’a éclaboussée
et tandis que je pleurais,
son rire s’est déversé sur mon âme.
Au fil de l’eau, Sa Lumière dansait
Les hommes se cherchent des retraites, chaumières rustiques, rivages des mers, montagnes : toi aussi, tu te livres d'habitude à un vif désir de pareils biens. Or, c'est là le fait d'un homme ignorant et peu habile, puisqu'il t'est permis, à l'heure que tu veux, de te retirer dans toi-même. Nulle part l'homme n'a de retraite plus tranquille, moins troublée par les affaires, que celle qu'il trouve dans son âme, particulièrement si l'on a en soi-même de ces choses dont la contemplation suffit pour nous faire jouir à l'instant du calme parfait, lequel n'est pas autre, à mon sens, qu'une parfaite ordonnance de notre âme. Donne-toi donc sans cesse cette retraite, et, là, redeviens toi-même. Trouve-toi de ces maximes courtes, fondamentales, qui, au premier abord, suffiront à rendre la sérénité à ton âme et à te renvoyer en état de supporter avec résignation tout ce monde où tu feras retour.
Marc Aurèle..................................................
Le temps passe si lentement
et je me sens si fatigué
Le silence des morts est violent
quand il m'arrache à mes pensées
Je rêve de ses ténèbres froides
électriques et majestueuses
où les dandys se tiennent roides
loin de leurs pulsions périlleuses
Je rêve tellement d'avoir été
que je vais finir par tomber
Dans cette foire aux âmes brisées
où le vieux drame humain se joue
la folie m'a toujours sauvé
et m'a empêché d'être fou
Je me regarde au fond des yeux
dans le miroir des souvenirs
Si partir c'est mourir un peu
j'ai passé ma vie à... partir
Je rêve tellement d'avoir été
que je vais finir par tomber
Mes yeux gris reflètent un hiver
qui paralyse les coeurs meurtris
Mon regard vient de l'ère glaciaire
mon esprit est une fleur flétrie
Je n'ai plus rien à exposer
dans la galerie des sentiments
je laisse ma place aux nouveaux-nés
sur le marché des morts-vivants
Je rêve tellement d'avoir été
que je vais finir par tomber
Je fixe un océan pervers
peuplé de pieuvres et de murènes
tandis que mon vaisseau se perd
dans les brouillards d'un happy end
Inutile de graver mon nom
sur la liste des disparus
J'ai broyé mon propré horizon
et retroune à mon inconnu
Je rêve tellement d'avoir été
que je vais finir par tomber
Déjà je m'avance en bavant
dans les vapeurs d'un vague espoir
L'heure avant l'aube du jour suivant
est toujours si cruellement noire
Dans le jardin d'Eden désert
les étoiles n'ont plus de discours
et j'hésite entre un revolver
un speedball ou un whisky sour
Je rêve tellement d'avoir été
que je vais finir par tomber
La beauté est partout. Même sur le sol le plus dur, le plus rebelle. La beauté est partout, au détour d'une rue, dans les yeux, sur les lèvres d'un inconnu, dans les lieux les plus vides où l'espoir n'a pas de place, où seule la mort invite le coeur.
La beauté est là, elle émerge, incompréhensible, inexplicable, elle surgit unique et nue - à nous d'apprendre à l'accueillir en nous.
Limites et marges - Kenneth White