Aucune réalité ne peut être à la hauteur de nos manques
La tromperie s’inscrit dans le regard que l’on se porte. L’attente ne peut jamais être satisfaite, elle est seulement le couloir de nos ombres. Dans les coursives de l’imaginaire, j’ai filé droit devant, sans pour autant trouver l’émeute de mes désirs. Dans ce long chenal qui n’en finit pas, je suis prisonnier dans la marge et l’intense trafic convertit mes foulées vers la gaieté en de simples fugues vives. Pour éviter de perdre la raison, je sais qu’il ne faut pas se laisser aller à la folie qui n’est pas sienne. Je sais que choisir est notre seule puissance au royaume de la détermination. La souffrance n'en continue pas moins de s'accumuler dans la nuit forclose de l'intimité, où elle cherche à tâtons, avec obstination, un moyen de s'écouler.
Accepter l'imperfection ne veut pas dire qu’il s’agisse de renoncer à guérir de soi ou en soi. Je suis le brouillard qui sort de l’attente, je cède à l’espoir de me fondre à la blancheur disponible. Je suis ouvert au vent qui passe, aux feuilles automnales qui frissonnent mieux dans le ciel que sous mes pieds. Je rivalise avec les colères du temps impétueux et les fantaisies des rires joyeux. Je m’ajuste à la croissance des nœuds du silence par lesquels coulissent l’indurée de mes fougues et de mes fantasmes. Je croque le maintenant-tout-de-suite sans déserter les confidences du roulis des jours accablants. Tout est là, dans l’infini proche de la connaissance, dans le terrible lointain prêt à éclore à la lisière des froissements omniprésents de l’air. Tout se fait et se défait dans la cadence de l’autre côté du temps.
Il faut se méfier de ce qui sommeille en nous. Songes léthargiques cessez donc de saupoudrer sous les aisselles du désespoir ! Frondes des eaux premières, saisissez-vous des vagues de mousses blanches et laissez-vous emporter par le défi du mouvement perpétuel. Toutes les sources intarissables sont des rivières vouées à sortir de leur lit à un moment ou à un autre. Le jour où nous sommes convaincus d’être heureux, il nous faudrait oublier qu’un bonheur plus grand nous est possible.
Mie de la nuit
La mie de la nuit
étreint l'âme passionnée
Flamme sensuelle.
Par le regard dénudé, le corps s'habille d'ombre