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Esprits-rebelles
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28 avril 2014

Rose Hani

"Maudit soit celui qui juge et celui qui pratique… J’étais une femme déloyale et adultère dans la maison de Rachîd parce que la force des traditions m’avait fait partager sa couche, sans attendre que le ciel fasse de moi son épouse selon la loi de l’âme et des sentiments. Je me sentais malhonnête et méprisable devant moi-même et devant Dieu lorsque je profitais de ses bienfaits pour qu’il profite de mon corps. Maintenant je suis une femme honnête car l’amour m’a rendue libre, je vis honorablement et en paix parce que j’ai cessé d’échanger mon corps contre du pain et mes jours contre des parures. Oui, j’étais une femme malhonnête et indigne quand les gens me considéraient comme une épouse vertueuse, et aujourd’hui que je suis honnête et respectable, ils me prennent pour une débauchée parce qu’ils ne regardent que le corps pour juger de l’âme et ne s’attachent qu’à ce qui est matériel pour juger du spirituel."

Khalil Gibran - Esprits Rebelles

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23 septembre 2013

Kenneth White

Kenneth White est né en Écosse et vit en Bretagne.
Il est un grand voyageur. Chacun de ses écrits est comme un carnet de voyage qui reflète l’homme et sa recherche. Il vit et écrit chaque voyage de l’intérieur. Il nous fait partager dans les « Lettres de Gourgounel » l’Ardèche et ses habitants comme si nous les rencontrions nous-mêmes.

Dans « Les Cygnes sauvages », il marche sur les traces de Bashô à travers un Japon qui n’a peut-être pas tant changé que cela dans le fond puisque, écrit-il, la jeune génération japonaise parle de plus en plus d’un U turn, d’un demi-tour, pour retrouver ce qui a été perdu.

« On se demande si l’humanité ne pourrait pas s’arrêter tout simplement pendant quelque temps, jeter un coup d’œil autour d’elle et dire, OK ! il est temps d’essayer de refaire le cercle.

Mais où est l’humanité ?
Où sont les êtres humains ?
Il y a cette nation-ci et cette nation-là, et dans chaque nation il y a ce clan-ci et ce clan-là, ce parti-ci et ce parti-là, cette secte-ci et cette secte-là, cette personne-ci et cette personne-là.
Tous avec des identités différentes auxquelles ils veulent s’accrocher, et prêts à se battre pour elles sans la moindre hésitation.
Quelle chance le monde a-t-il dans toute cette foire de folie furieuse ?
On brûle les arbres et les herbes.
On bétonne la terre.
Tout ça au nom d’Une chose ou d’une Autre.
Le seul espoir est dans une sorte de vide, d’anonymat.

Il y avait un jeune gars dans le bar. Il portait un blouson de cuir et sur son dos on pouvait lire : « Un paumé de Yamaguchi. »
Il y en a beaucoup, des paumés de Yamaguchi, en cette saison du monde.
Cherchant où aller et avec qui. »

 Son carnet de voyage vers ce « Nord Profond » où Bashô rêvait d’aller (mais qu’il n’a jamais atteint pour des raisons de santé) est émaillé de haïkus, véritables photographies des instants, des paysages, des personnes rencontrés.

 « Ôter ses chaussures
et marcher pieds nus
parmi les monts et les brumes »

.

.

.http://www.kennethwhite.org/portrait/

 

 

 

4 septembre 2013

Moissons

A chaque semaille sa moisson
Le feu s’éteint, la vie s’éveille, une autre vie
dont l’aube frémit, qui fait sourire l’aurore.

Quand la ramure vient à se dénuder,
Le regard se retire à l’intérieur
et se nourrit de nos rêves

Les serments d’hier
Semaient l’amour et l’espérance
Au jardin de l’âme

La lumière les moissonne
Pour donner au cœur
Le parfum des lendemains

...........................Alcyan

4 septembre 2013

Plume de sang

J'aurais voulu des mots
Autres
J'aurais voulu perdre les cris
Ne plus troubler l'écrit de mes maux 
Tâches d'encre rouge et  noir 
Sur la page blanche et vierge

Ils saignent sur le parchemin
Ils ceignent mes mains
Et lient mes mots
Je regarde la soie
Soi qui se déroule
Je me pique à Sa quenouille 
Tisserand de mes pas 
Il  me lit, me relie
Me délie

De la plume perle le sang d'autrefois
Mot à mot il s'écoule
Les cris ceignent le coeur
Ô comme ils font saigner la nuit 
A  l'eau claire de Ta Source
Mon sang ruisselle sur le chemin
A l'eau vive de Ta voix
L'encre s'écoule dans le ciel
Et la plume envole les profondeurs de la terre.
6 octobre 2013

Wenn dir's in Kopf und Herzen schwirrt, Was

Wenn dir's in Kopf und Herzen schwirrt, Was willst du Beßres haben!
Wer nicht mehr liebt und nicht mehr irrt, Der lasse sich begraben.
...............................................Johann Wolfgang von Goethe

Voudrais-tu avoir mieux que ce qui tourbillone
dans ton cœur et dans ta tête !
Celui qui n'aime plus et ne s'égare plus. Celui-là se laisse enterrer.

 

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29 août 2013

Maurice Maeterlinck

« Quand nous commencerons à comprendre ce que devient la flamme de la bougie que nous soufflons, nous aurons fait un premier pas dans la connaissance de notre esprit, de notre âme ou de notre vie. »
Avant le Grand Silence.

 

Maurice Maeterlinck est né en Flandres en 1862, à Gand, dans une famille catholique francophone. Il a obtenu le prix Nobel de littérature en 1911 puis le Grand Cordon de l'Ordre de Léopold le 12 janvier 1920, avant d'être fait comte par le roi Albert en 1932.
Il s'est éteint à Nice en 1949.

En lisant "Avant le Grand Silence", je retrouve l'influence catholique dans laquelle il a été élevé, mais aussi les traces du carcan de la bourgeoisie de cette époque et dont il me semble qu'il a essayé de se libérer. A-t-il réussi ?

Poète, philosophe et essayiste, il a exploré l'univers de la pensée et de l'âme de maintes façons. "Ma vie est tout simplement l'histoire d'un homme avec une plume et du papier" dira-t-il de lui-même. Sa plume m'a enrichie par sa finesse, tout autant que par sa justesse.

 

« Mourir c'est cesser de vivre, vivre c'est cesser de mourir »

Souvent nous nous croyons en vie, mais nous ne vivons pas et certains morts demeurent plus vivant que les vivants.

Biographie de Maeterlinck

 

17 octobre 2013

Matin d'automne

Il y a dans le ciel la nostalgie d’un hiver à venir. Ici et là, le gris des nuages se pare en bleu-safran pour conter la blanche douceur d’un souvenir.

 Une tasse de thé à la main, je regarde la terre de sienne qui parsème le vert sombre du feuillage des bosquets sur la colline. Bientôt il sera d’ocre et de rouge. Sur l’herbe, des perles de lumière, laissées par la pluie de la nuit, embaument l’air des parfums de l’automne. Au loin tinte la cloche d’une vache nouvellement arrivée dans les pâturages voisins et dont le son, fréquent sur les alpages, est inhabituel ici. J’aime ce tintement qui me conte comme une histoire, musique de la terre des hommes dans le silence de la campagne.

La douceur de l’air ce matin, tranche avec la froidure d’hier. Je ressens, dans l’atmosphère, comme une attente. Paisible. La mienne. Celle des autres qui ne cessent de me solliciter pour que je reprenne une activité que j’avais délaissée. Mais on ne revient pas en arrière. Je me souviens de tes paroles : « Peut-être est-il temps pour toi de tourner la page. » « Tu n’es déjà plus là. »

J’ai tourné les pages de mes écrits pour trouver un indice et j’ai trouvé ces mots dans la langue de Goethe. « Mach die Tür auf.» Ouvrir la porte ne suffit pas. Encore faut-il avoir le courage d’avancer sur le chemin d’un avenir qui reste dans la brume. Peut-être ma foi n’est-elle pas assez grande pour te suivre aveuglément.

Je ne cesse de prier la Déesse pour qu’elle me révèle le chemin. Mais tout comme toi, elle se dérobe, me montrant l’aube à minuit, dévoilant le passé, mais jamais l’avenir car il est incertain, toujours en devenir. Comment saurais-je alors ce qui doit advenir ? Comment reconnaîtrais-je la trace de tes pas s’ils me demeurent voilés ?

Les songes, sans relâche, frappent à la porte de mes rêves. La mort qu’ils me montrent m’effraie et la douleur, sans cesse, marchant à leurs côtés déchire les chairs d’un corps qui aspire à ta lumière, à vivre la douceur loin de l’obscurité des ténèbres d’autrefois.

Autour de la tasse, mes mains se resserrent pour mieux sentir sa chaleur mais c’est tout contre celle de ton cœur que je voudrais me serrer, c’est celle de ton souffle que je voudrais étreindre. Un long soupir m’échappe. Expir d’un désir qui m’emmène dans un ailleurs où tu n’es plus.

« Mach die Tür auf, laß den Schmerz heraus. » J’ai ouvert la porte, pourtant la douleur qui s’était invitée refuse de me quitter. Sûrement a-t-elle encore des choses à me dire. Tous ces silences murmurés lorsque j’étais à tes côtés mais que je n’ai pas écoutés ou pas voulu entendre.

J’ai beau vouloir me détourner de toi, je ne peux t’oublier.

J’ai grandi avec toi. Auprès de toi je suis en paix, tant que je me garde du désir de découvrir l’après.

Lorsque tu liras ces mots, l’instant ne sera plus. La Déesse sera pleine des parfums de la terre et les étoiles continueront de taire tous ses secrets. Demain nous nous verrons sans doute. Me diras-tu les tiens ?

La tasse est froide sous mes doigts mais le breuvage à réchauffé mon corps et la douceur est restée dans mon cœur. Je sens mon âme sourire comme si elle connaissait la splendeur cachée du jour, la beauté de la nuit et le rire des étoiles sur la toile de nos rêves.

27 octobre 2013

L'Art de la Paix

« L’Art de la Paix peut être résumé ainsi :
la vraie victoire est la victoire sur soi : laissons ce jour arriver rapidement ! 
" Vraie victoire " signifie courage inflexible ;
" victoire sur soi " symbolise un effort continu ;
et " laissons ce jour arriver rapidement"  représente le glorieux moment de triomphe ici et maintenant. »

Morihei Ueshiba..........................................

23 septembre 2013

Une fois de plus, j'ai cotoyé une vérité que je

Une fois de plus, j'ai cotoyé une vérité que je n'ai pas comprise. Je me suis cru perdu, j'ai cru toucher le fond du désespoir et, une fois le renoncement accepté, j'ai connu la paix. Il semble à ces heures-là que l'on se découvre soi-même et que l'on devienne son propre ami.

Les Hommes - Antoine de Saint Exupéry

24 septembre 2013

La beauté est partout. Même sur le sol le plus

La beauté est partout. Même sur le sol le plus dur, le plus rebelle. La beauté est partout,  au détour d'une rue, dans les yeux, sur les lèvres d'un inconnu, dans les lieux les plus vides où l'espoir n'a pas de place, où seule la mort invite le coeur. 
La beauté est là, elle émerge, incompréhensible, inexplicable, elle surgit unique et nue - à nous d'apprendre à l'accueillir en nous.

Limites et marges - Kenneth White

26 septembre 2013

Les hommes se cherchent des retraites, chaumières


Les hommes se cherchent des retraites, chaumières rustiques, rivages des mers, montagnes : toi aussi, tu te livres d'habitude à un vif désir de pareils biens. Or, c'est là le fait d'un homme ignorant et peu habile, puisqu'il t'est permis, à l'heure que tu veux, de te retirer dans toi-même. Nulle part l'homme n'a de retraite plus tranquille, moins troublée par les affaires, que celle qu'il trouve dans son âme, particulièrement si l'on a en soi-même de ces choses dont la contemplation suffit pour nous faire jouir à l'instant du calme parfait, lequel n'est pas autre, à mon sens, qu'une parfaite ordonnance de notre âme. Donne-toi donc sans cesse cette retraite, et, là, redeviens toi-même. Trouve-toi de ces maximes courtes, fondamentales, qui, au premier abord, suffiront à rendre la sérénité à ton âme et à te renvoyer en état de supporter avec résignation tout ce monde où tu feras retour.

Marc Aurèle..................................................

6 octobre 2013

Retrouve-moi

Est-il nuit plus obscure que celle qui navre mon cœur ? Est-il froidure plus grande que celle qui mord mon âme, tandis que j'erre sur une terre étrangère ?

J’ai traversé l’abîme des Enfers et parcouru les bois sombres d’un autre âge pour mettre fin à mon exil, pour me trouver et être auprès de Toi.  J’ai effleuré la brume au petit jour, respiré l’aconit et le parfum de l'asphodèle, mais je me suis brûlé les ailes. Je ne ressens plus la caresse du vent qui faisait frémir la ramure du chêne et murmurait mes serments. Je n’entends plus l’effraie au crépuscule et les étoiles dans le ciel ne me disent plus Tes pas, ne me content plus la voie qui mène vers l'aurore ; mes yeux demeurent aveugles à Ta lumière. 

Ô Mère, tu t’es retirée de ce monde. Sans toi, qui me dira mon Bien-Aimé, qui me montrera la lumière de son Amour ?

Nue, je marche dans la nuit.
J’ai retiré un à un les voiles qui me dissimulaient.
Mon âme tremble de froid, frissonne du désir ardent de se lover contre son Bien-Aimé. Mais, seule dans les ténèbres glacées, je me perds.
Dans ce désert, aucune lumière ne luit.

Pourtant je sais que Tu es là. Nous avons partagé la Nuit. Il fut une aube où nous étions ensembles, où j'étais Tienne. Je me souviens de tes lèvres au coin de mon sourire lorsque nous embrassions le jour, je me souviens de tes caresses sur ma peau quand les dunes chantaient, de mon expir dans l'inspir de Ton souffle qui faisait naître la Vie.

Bien-Aimé, retrouve-Moi.
Sans Toi, Je ne suis pas.

.

.

12 octobre 2013

Tu es ma quête

Je patientais, mon cœur
  ..........................sera-t-il plus patient à l'égard de mon cœur
Ton âme s'est mêlée à mon âme
  .........................dans mon approchement et mon éloignement
Je suis Toi comme Tu es moi
................................et Tu es ma quête

Dîwân - Hussayn  Mansûr Al Hallâj .....................

 

12 octobre 2013

Husayn Mansur al-Hallaj

"Quelle terre est vide de Toi pour qu'on s'élance à Te chercher au ciel ? Tu les vois qui Te regardent au grand jour mais aveugles ils ne Te voient pas"

حسين إبن منصور ألحلاج  Husayn Ibn Mansûr Al-Hallâj, est né dans le sud de l’Iran vers 858. Mis à mort le 26 mars 922 à Bagdad car il mettait en avant la relation d'amour avec Dieu, plutôt que la soumission. Tout comme de nombreux mystique, Al-Hallaj, s'est appliqué à vivre la relation avec Dieu, plutôt que de suivre la loi religieuse et en cela, sa vie même, semble avoir été comme un reproche vivant fait aux religieux.

Il disait : « Ô gens, quand la Vérité s’est emparé d’un cœur, Elle vide tout ce qui n’est pas Elle. Quand Dieu s’attache à l’homme, Il tue en lui tout ce qui n’est pas Lui. » (Al-Hallâj (858 – 922) : Sa vie, ses œuvres)

Dîwân est un recueil de poème d'Al-Hallaj. Il rassemble la pensée de ce mystique soufi pour qui il n'y a rien entre l'homme et Dieu. Pour moi cette pensée n'est pas toujours aisée à saisir, comme celle de Maître Eckhart dont elle se rapproche.  D'ailleurs, elle ne peut l'être. Elle ne peut être entendue que dans la profondeur du silence du cœur.

 Dîwân ne se lit pas comme n'importe quel recueil. Souvent, je l'ouvre à une page et je laisse les mots me parler.

« Tu t'es caché et Tu ne t'es pas caché de ma conscience, mêlant ma tristesse et ma joie.
Notre rencontre s'est accomplie par une séparation et dans mon absence s'est fait ma présence.
Tu es dans le secret caché de mon souci plus discret dans ma conscience que l'illusion.
Me réjouissant le jour véridiquement étant la nuit mon compagnon de veille. »

 

 

 

14 novembre 2013

Être poète suppose une capacité de sympathie,

 

Être poète suppose une capacité de sympathie, d'empathie, grâce à laquelle on est sensible à ce qu'apporte chaque chose singulière et qu'elle est seule à apporter.

 Pour le poète et le philosophe cependant, contempler, c'est refuser d'intervenir dans la vie du monde ; c'est laisser libre ce qui est au monde ; c'est se perdre dans l'admiration de ce monde, riche, au-delà du monde humain, de mondes innombrables.

Marcel Conche.................................

17 novembre 2013

Voix

Un nouveau jour se lève
Un chant s'égrène
Les voix des chênes et des frênes
s'élèvent au vent
 
Ouragan soufflant,
hurlant, tourbillonnant
et arrachant les pages
des cahiers de nos vies
 
Les feuilles s'envolent
emportant avec elles
mille et un murmures
et une voix
 
Vois ces cris
surgissant de l'oubli
Entends ces voix
au travers de la nuit
 
Un nouveau jour éclot
où le silence assourdissant
de nos rêves d'enfant
déborde de nos mots
 
Et les maux sur la page
s'éparpillent sur l'azur
loin des paysages
des Hauts de Hurlevent
 
Juste quelques paroles
quelques grains de pensées
constellation sur l'aurore
semences de demain
15 novembre 2013

Espérance en partage

L'écrit laisse une trace qu'il est bon de retrouver pour rallumer la lumière.
Poésie anonyme qui est parfois plus proche de nos cœurs que celle des grands poètes.

 

Porter  ta voix,
en partager la lumière
dans les racines
et dans le parfum des fleurs

La brume des souvenirs
féconde demain
dans le silence de l’obscurité,
pour nous libérer du connu

 La lumière des étoiles
libère le souffle de lune
Verdandi mêle sa voix
A celles d’Urd et de Skuld

Dans la communion des racines, des fleurs et de la lumière

Alcyan...........................

17 novembre 2013

Dessins

Au jour naissant
une frange de bleu caresse la colline
et dénude les ombres.
D'orange et de cannelle,
elle peint des couleurs aux senteurs de fougères.
elle ébauche un saule
et dessine un chêne ;
un genêt apparait et balaie le ciel
en soulevant des nuages d'argent.
Poussières de rêves
Poussières de Toi
éparpillées par le vent qui rhabille la nuit.

L'azur disparaît emporté par les grues

25 novembre 2013

Une mare

La vallée s'étend entre les contreforts de montagnes aux sommets enneigés à cette époque de l'année. C'était autrefois une vallée verdoyante et paisible où mûrissaient les fruits d'une vigne charnue d'où l'on tirait un vin aussi rouge que les joues d'une jeune fille à son premier rendez-vous, aussi capiteux que ses lèvres. Des ânes parcouraient les chemins suivis par des hordes de bambins bruyants, lorsque s'achevait l'après-midi. Le vent faisait ondoyer des lignes de linge, comme des drapeaux de prières, aux couleurs chatoyantes. Aujourd'hui, la main de l'homme a scarifié ces paysages, labourant toujours plus profondément la terre,  fertile il y a peu de mois encore.

Mes pas me mènent vers un jardin en surplomb. De là, le regard s'étend au loin et on peut deviner les splendeurs passées d'une nature outragée. Le lieu est encore vert, de cette tendre couleur qui fait penser au printemps. Préservé, comme hors du temps, il offre encore un refuge où il fait bon venir se poser à l'ombre de grands arbres plusieurs fois centenaires.

Dans une mare se reflètent les nuages qui défilent en emportant le temps, en emportant le gris du ciel. L'après-midi touche à sa fin. La brise d'automne fait frémir le feuillage des saules et des bouleaux. Leur parure se meurt et tombe en une pluie d'ocre et d'argent. Tout près, un cyprès s'agite comme pour retenir un instant les secondes s'enfuyant sur l'herbe jaunie par les pleurs des bouleaux.

Il y a dans l'air comme un regret, une sorte d'au revoir. Un jeune homme est étendu sur la pelouse de ce jardin où le temps semble s'être arrêté. Son regard se perd dans l'azur de la fin du jour, s'éteint sur  un horizon lointain. A quoi rêve-t-il ? Au loin le tonnerre gronde dans la vallée, pourtant il reste là. Une larme a coulé de ses yeux et roulé sur sa joue. Est-ce la tristesse ou la joie qui les faisait briller ? Le regard fixé sur les nues, il suit le vol d'un oiseau solitaire dont l'ombre des ailes plane un bref moment sur la mare.

S'envole-t-il avec elles loin de la mare, loin des souvenirs et des regrets ?
Qui peut savoir son histoire et toutes les autres qui se sont déroulées dans cette vallée, dans ce jardin ?
Saurai-je jamais d'où vient cette mare qui auréole son visage et pourquoi elle s'obscurcit ainsi bien avant que vienne la nuit ?
Pourquoi le rouge joyeux qui vibrait, il y a peu, devient-il si sombre ?
Pourquoi la lumière qui brillait dans ses yeux s'éteint-elle avant que ne disparaisse le soleil ?

 Dans la vallée, le tonnerre gronde toujours tandis que le silence règne à présent dans le jardin. Plus aucun bruit ne l'anime. Même la brise s'est tue. D'un sourire je cherche son regard, mais il ne répond pas.
La vie, un instant suspendue, se retire.
Alors, seulement, je comprends.

Battez, tambours, soufflez, tempêtes pour rompre tous les silences de naguère. Affrétez toutes les voiles et les vents de la terre, la guerre n'épargne aucun jardin. Battez, tambours, soufflez, tempêtes, allez dire partout dans les chaumières qu'ici on tombe, qu'ici on meurt.
Auriez-vous honte ? Ailleurs on rit, on joue à se tuer, on extermine sur des écrans ; entre deux verres de bières, on fait gicler le sang. Ici on pleure et on enterre. Les oiseaux sur le ciel ne sont plus solitaires et l'ombre de leurs ailes creusent des étangs toujours plus rouges, toujours plus sombres.

Dans ce jardin, si loin de tout, la guerre s'est invitée un instant. Le jeune homme s'en est allé avec elle. Le jour tombe mais nulle obscurité, pour lui, ne viendra. Je reste seule. Mon esprit prend son envol tandis que la nuit siffle. Je manque un inspir. Allongée, je demeure les yeux fixés sur le ciel. Il est vide d'oiseaux, déserté par les nuages. Une larme coule sur ma joue. Je souris en sentant une mare naître autour de moi.

25 octobre 2013

Je dormais dans la proximité de ton souffle

Bien des mots éclatent comme des pétards. A la hache, à la hâte. A partir de là, un autre monde, une autre histoire, des grillons naissent sur le plancher qui se relève. Les mots sont ivres des tisanes avalées à la hâte. Les phrases sont triturées d’absence et les ponctuations marquent l’averse des disparus. C’est la fuite des saisons qui nous tenaient la main et qui nous brocardaient la langue. Nous avons tant semé la joie au cœur de cette terre ingrate qu’aujourd’hui une heure vaut mille ans. A présent, tous les souvenirs qui refluent pèsent le poids du dépassement de soi.

La mémoire ne devrait pas avoir d’autre devoir que celui de s’effacer au profit du présent. Oublier, du moins partiellement, est une urgence absolue. Le silence accompagne la vérité de mon sang, il est l’hommage permanent du juste deuil. Je te réinvente de chaque souffle en perpétuelle ébullition dans mon cœur. Tu es l’expression d’une ombre paralysée au fond de mon être. 

À présent ou à jamais, boiteux de nos parts insondables, l’avenir n’a rien de sérieux à nous proposer. Nos racines sont du ciel et de la bravoure. Nos ventres ont pris l’air. Nous sommes retournés comme des baleines échouées, comme des croque-mitaines évanescents et le visage de nos mots maladroits se meurt de l’envie qui trésaille. Tout l’air entre par les yeux et s’insère peu à peu dans tous les organes. Sous la peau, les vagues d’hier ont lacéré jusqu’aux fondations. Des murs complets se sont rompus. Des pans entiers de souvenirs se sont écroulés à mes pieds. Et il faut néanmoins marcher. Il faut toujours marcher. La lourdeur nécessite le mouvement. Tu es en moi comme le rocher de Saint-Pierre la mer où, enfants, nous ramassions des coquillages lorsque le drapeau rouge flottait sur la plage.

C’est encore dans l’arrachement des vagues que j’entends le mieux les frissons de l’eau froide qui nous éclaboussaient. 

Le chant de la nuit est creusé dans le noir. Je suis riche de mes rêves comme nous sommes riches du sommeil partagé. L’autre jour, après le repas, je me suis étendu sur le lit de ma chambre. La fenêtre entrouverte, les volets semi clos, le calme doux d’une pause, le jour était dans une trêve de lumière. Profitant de la pénombre tranquille, j’ai retrouvé ton murmure tendre des après-midi de sieste. Le même qui nous protégeait de la canicule durant les vacances d’été.Ta voix chaude pénétrait dans le creux de mon oreille et je me suis laissé bercer comme une plume soupirant au silence. Je dormais dans la proximité de ton souffle, l’esprit enroulé dans un grognement de charabias intraduisibles où l’écriture des sons parfumait nos âmes du lait des premières heures. Puis retentit la langue insensée des cœurs qui font des pirouettes. Des danses où la lumière s’incruste jusqu’à l’éblouissement. Un trou de blanc crevant la rétine. Les cils brûlés, les sourcils taillés comme effacés du visage. Tes lèvres brunes se sont dessinées sur le plafond blanc. Tu me parlais assise dans la mort du temps et je n’ai pas tout compris. La parole traverse les corps comme une pierre transperce l’air. Le lien volatile disparaît simultanément. Et je ne sais toujours pas ce que je dois retenir des leçons que tu sembles me donner.   

Bruno Odile - La Colline aux Cigales ..........

6 novembre 2013

Pénélope

Chaque nuit Pénélope efface
Le contrainte des jours
Pour retrouver l’innocence
Du matin de la Création 

Elle dénoue fil à fil
Le désir des hommes
Pour une page vierge,
Où son amour pourra renaître

Le soleil cueille les étoiles,
mais sa besace
ne peut contenir
que le parfum du jour.

La nuit étoilée sourit,
Laissant derrière elle
l’Abîme impuissant
Et un soleil fanfaron

Alcyan....................

6 novembre 2013

Aimer passionnément

Ceux qui haïssent quelqu’un c’est simplement qu’ils ne savent pas comment l’aimer. On peut aimer sensuellement, on peut aimer spirituellement…et un jour on aime passionnément. La première fois que je l’ai aperçue mes yeux ont caressé son corps, frisson de l’âme effleurant l’esprit. C’est à notre insu que naît la passion...

Souffle Mots - L'ange et la princesse

13 décembre 2013

Chant 17 - Khalil Gibran

Pour le fils de la terre,
la mort est un terme,
pour le fils de l'éther,
elle est commencement et victoire.

Celui qui dans ses rêves enlace l'aurore,
survit,
qui dort toute la nuit,
s'efface,

Qui s'accroche à la terre
dès son éveil,
n'enlacera que terre
jusqu'à l'extinction des planètes.

La mort est comme la mer :
L'homme aux attaches légères la traverse,
et l'adepte des pesanteurs,
sombre.

Dans les forêts
ni mort, ni tombes,
Quand Avril s'en va,
point ne meurent avec lui les joies,

La peur de la mort est fantasme,
tapi dans les plis des poitrines,

et tel qui n'a vécu qu'un printemps
est comme celui qui a vécu des siècles.

 

Donne-moi le nay et chante !
Le chant est secret d'immortalité

Et la plainte du nay survit
à l'anéantissement de l'existence.

 

 

A toi mon ami, que la paix t'accompagne sur le chemin !

 

 

 

 

22 décembre 2013

Brouillard

Le brouillard a éteint le matin
et blanchit le noir d'un ciel pleurant des miroirs
sur les toits,
sur les routes ne menant
nulle part.
Les arbres nus tremblent de froid,
les cheminées silencieuses des maisons désertées
ne sèchent plus leurs rêves.
Ils ruissellent et s'égouttent sur la ligne du temps,
claquant au vent d'hiver,
comme autrefois les draps de nos grand-mères
en linges mortuaires d'une innocence envolée.

Est-il un chemin vers hier pour Te trouver ?
Dans les brumes froides et ternes
l'aube se recroqueville,
se replie dans un coin de terre oubliée.

Je n'ai plus de soleil pour tracer les sillons de lune.
Les semailles de la nuit se sont éparpillées
aux vents amers éperdus de Ton souffle,
aux gouttes sans pluie, ni rosée
tombant des branches sèches d'arbustes mortifiés.

Dans les rêts du brouillard,
les âmes errantes entrelacent leurs peines,
 la mienne délie le chagrin de nos pères,
l'amertume de nos mères,
tandis que le Tienne relie les étoiles d'une voix
chantant dans la grisaille
d'un matin de décembre.

30 décembre 2013

Les Rives - Thierry Robin

Musafir Ki Kismat

« Le monde écrit le destin du voyageur avec une encre amère.
 Ma vie s’épuise goutte à goutte 
loin du foyer
 Je suis un exilé qui a faim d’amour. 
A chaque poignet, sept bracelets d’or fin chantent quand tu danses. 
A ton cou ambré, le mangalsutra est une rivière dorée, des milliers de poissons y nagent.
 Nos enfants sont les étoiles de ton ciel, 
leurs chants ont le frais parfum de l’amour. 
Le monde écrit le destin du voyageur avec une encre amère.
 »

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Esprits Rebelles

La poésie est un chant et une parole.
C'est une parole qui parle à la parole de l'homme et qui permet, si elle est entendue, la part miraculeuse de l'existence - Gabriel Mwènè Okoundji -



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