Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Esprits-rebelles
Esprits-rebelles
Archives
2 septembre 2013

Parfum d'océan

Assise sur un rocher, je contemple le soleil couchant qui allume la nuit. Déjà quelques étoiles piquent un azur plus vraiment clair et invitent à un voyage n’ayant rien d’imaginaire.

A mes pieds, les embruns s’échouent sur mes sens pourtant je sens la fragrance de la mer. Le vent, porteur de senteurs lointaines, joue dans les herbes sèches accrochées dans le sable, frêle chevelure retenant la vie dans des entrelacs sans fin. J’inspire doucement. Je tente de saisir ces parfums, de les retenir un instant, mais ils s’échappent sans cesse.

A la chaleur diurne succède une fraîcheur océane dont la douceur me parle d’un lieu où tu es. Le cri d’une mouette répond au hululement d’une chouette dans cet ailleurs où le bleu du ciel est déjà plus profond. Celle-ci se pose avec le jour, celle-là s’envole sur les ailes de la nuit. L’obscurité grandit. Sur l’horizon, une ligne opaline empêche encore le ciel de sombrer dans la mer, ciel étoilé de milliers de serments prononcés par des milliers d’amants et dont chaque astre est comme une fleur de cerisier chargée de promesses d’un lendemain fruité dont on ignore encore le goût. Ainsi en est-il de ceux qui sont passés et sont devenus des hiers. Leur saveur ramène dans le cœur un sentiment sucré.

Je me souviens d’une plage, un après-midi de septembre. Le sable buvait nos pas, ne gardant nulles traces de notre passage. Pourtant le temps a conservé cet instant quelque part dans une mémoire embaumant chaque soir et chaque matin de la vie. Je me souviens de cette chaude après-midi. Un vent léger ridait la surface si tranquille de l’eau, qu’on aurait pu se croire au bord d’un lac sans la ligne d’horizon sur laquelle la voûte céleste s’abîmait dans l’océan. Tu m’avais prise dans tes bras et les mouettes au-dessus s’étaient moquées de nous.

Au loin, le phare s’est allumé, de même que les réverbères de la ville à l’autre bout de l’anse. Mes pensées s’échappent et s’envolent vers un lointain pays. Je me suis éloignée de toi et pourtant en mon cœur tu demeures. La lune paraît, semant la lumière sur l’encre de l’eau, elle brode d’écume la surface dansante venue clapoter sur mes pieds, presque avec tendresse.
J’inspire à pleins poumons le noir du firmament, le sel et les embruns, l’humidité du sable et cette paix qui se répand.
Sur l’horizon, le ciel a épousé la mer.

Publicité
24 octobre 2013

Partage

Je prends ses mots
comme un cadeau
offert au ciel,
offert à la fleur de l'aurore.
Sa soif est ma soif
son désir est mon désir
chemins qui s'entrecroisent
calligraphies à l'encre de nos cœurs
ardeurs sur le voile de la nuit.

Ami,
regarde comme l'aube rougit.
Regarde en toi
l'affleurement de l'émoi,
l'effleurement de soie
de l'Âme qui t'attend.
Je me réjouis de ce partage.
L'Aube est belle ce matin.
La Déesse est restée
dans les bras de l'Aimé.

24 septembre 2014

Lumière de l’âme


Özçimi Trio 

 

L’âme est légère,
telle un souffle, elle traverse les corps,
L’âme est lumière… 

Je suis en chemin, seul,
sous le ciel d’un crépuscule automnal,
je t’en prie, prends ma main et guide moi. 

Les pierres sur le sentier me parlent de toi,
les brindilles que le vent balaie me parlent de toi, 
le vent siffle ton nom,
le rossignol se souvient de ton passage,
et moi, je cherche tes traces en ce monde… 

L’âme est légère,
telle un souffle, elle traverse les corps,
L’âme est lumière…

Quand l’orage a éclaté dans le ciel, 
j’y ai vu un signe de ton amour. 
Quand la pluie a inondé le jardin de mon coeur, 
j’y ai vu un signe de ton amour.
Quand le feu a brûlé mon âme si fragile,
j’y ai vu un signe de ton amour.
Quand le monde a oublié jusqu’à mon nom,
j’y ai vu un signe de ton amour…

L’âme est légère, 
telle un souffle, elle traverse les corps,
L’âme est lumière. »

Can Nuru / Lumière de l’âme - Texte de Thierry Robin, extrait de "Les Rives"

 

17 décembre 2014

Villanelle for our time - Leonard Cohen

 

poème de Frank Scott
Traduction de Polyphrène :

Villanelle pour notre Temps

Par l’âpre introspection du cœur
Pressé par douleur et passion
Du bonheur soyons les auteurs

Voici le cœur de nos valeurs :
Le bien commun pour ambition
Par l’âpre introspection du cœur

Nous voulions tout vite, sans labeur
Allons : pensons et agissons
Du bonheur soyons les auteurs

Libérons-nous des liens mineurs
Qu’il n’y ait ni race ni religion
Par l’âpre introspection du cœur

Quittons la voie des prédateurs
Dont le profit est l’obsession
Du bonheur soyons les auteurs

Réformons arts et lois menteurs
Aux symboles des morts par millions
Par l’âpre introspection du cœur
Du bonheur soyons les auteurs

 

6 juillet 2015

Tanz

Ich sehe die Flamme tanzen.
Mit wem tanzt sie ?
Ich sehe wie sie zittert, 
als sie der Schatten streift .

Est-ce ton ombre qui l'effleure ?
Pourquoi ne me caresse-t-elle plus ?
Est-ce parce que je ne danse plus ?
Est-ce parce que je ne frissonne plus ?

Oh, how cold is the fire !
How far thy tenderness,
lost in my memory,
lost in the dawn.

Al amanecer de la noche,
las estrellas
cantaban.
Eramos como bailaores
valsando apasionados colores

Mais le flamenco ne résonne plus,
sa musique ne brûle plus la nuit
et la flamme solitaire 
vacille dans le vent.

 

 

 

Publicité
14 mars 2016

Neige

Le souffle de février gèle les pensées
et pétrifie les jonquilles fleuries trop tôt.
Persévérant, l'hiver tire un voile glacé
Sans parvenir à déployer son blanc manteau.
Emplissant le ciel, quelques floches s'échappent
et couvrent la verdure d'une blanche nappe.

Dans le pré les chevaux à la source frappent
la surface gelée pour briser le miroir
scellant le trou d'eau d'une glaciale chappe,
verroterie fragile qui les prive de boire.
La robe rousse toute de neige poudrée,
indifférents au froid, ils remontent l'adret.

Mais le soleil boudeur a fui l'heure consacrée.
La colline au sommet, grise et terne demeure
sans un rayon pour l'enchanter ou l'éclairer.

Un paysan parait, marchant vers son labeur.
Aux premiers jours de mars, le froid saisi les êtres
dans un levant de plus gardant février maître.

Suivant le marcheur, mon esprit par la fenêtre
s'élance pour franchir les buissons et les haies,
le ruisseau qui chantonne et monter jusqu'au hêtre
où je sais te trouver caché dans la futaie.
Et je souris déjà de te savoir là-bas,
pauvre et triste sourire car je n'y serai pas.

Tourbillonnant, les flocons blanchissent les toits ;
le cœur s'égare en cette folle farandole
orchestrée par le ciel dans le silence froid.
Me revient en mémoire un chant sous la coupole.
Brillante d'étoiles, elle abritait nos frissons
quand au pays des songes nous nous retrouvions.

Les floches éparpillent les rêves et la nuit
s'égare dans l'oubli du matin qui la suit.

 

 

13 septembre 2013

Le vent de l'âme - Poésie Soufie

Je sens sur ma peau le vent de l'âme, semblable au vent doux et frais de la fenêtre donnant sur les monts. Il m'entoure et me parfume, il emplit ma sensibilité comme un vase. Il est présence dans moi mais aussi présence autour de moi, comme si j'étais à la fois le contenant et le contenu.
Je sens sur mes tempes le vent de l'âme. Ce vent m'est cher, car il est l'amour. Il est là, il est merveilleusement là, immobile, mais il bouge aussi comme les branches du mimosa, touffes jaunes agitées dans une mer invisible. Il est l'amour de l'amour, l'amour derrière l'amour. Derrière ce vent de lumière, rien que lui.
Je sens sur mon visage le doux vent de l'âme et ses fraîcheurs. Ami, que ne partages-tu cette douce sensation ? Tu es là, insensible aux volutes nacrées, aux arabesques invisibles, aux parfums enroulés dans les passages du vent. Parfois, on voit le vent sans le sentir, parfois on le sent sans le voir. Parfois aussi, on ne le voit pas ni ne le sent, mais il est là, frémissant doucement dans un pli de lumière.
Je sens sur ma bouche le baiser du vent de l'âme, le baiser sans bouche, le parfum nuancé du monde qui m'entoure. Qu'il est doux de bruisser sous ce vent, qu'il est doux d'être un arbre dans ton monde, qu'il est merveilleux de sentir ton souffle vivifiant et créateur !

 

Arif al-Zeituni..........................................

Caverne des 1001 nuits - Poésie soufie

29 septembre 2016

Page de lumière

 

Voilà longtemps qu"elle ne s'est pas assise à cette petite table sous la fenêtre. La dernière fois, c'était à la tombée du jour, avant de devenir pierre puis poussière. Il y avait alors à ses côté, fumant d'une saveur amère, une tasse d'un breuvage sombre.

Aujourd'hui, elle peut entendre le chœur des moniales du couvent voisin chanter Tierce, l'heure où le jour s'est imposé, où la nuit n'est plus qu'un souvenir et l'ombre du semeur, la plus élancée sur le cadran de pierre. Devant elle un encrier, une feuille, une plume et le temps. Par le carré de lumière, elle peut saisir d'un regard le soleil et la lune. Si proches l'un de l'autre et pourtant si loin de se retrouver. Les quelques nuages qui passent égrènent les lettres des mots qui germent dans le terreau du cœur et prennent leur essor sur la liturgie des heures. Il leur faut le silence pour grandir et advenir à l'esprit qui les cueillera d'une plume assurée pour les poser sur la feuille. Il leur faut la musique du ciel ciselant les murs de prières pour fleurir et embaumer chaque pensée.

Le matin s'étire comme un chat. Langoureusement. L'esprit rêveur n'a encore tracé nulle esquisse bien que la moisson soit mûre et prête pour la récolte. Qui sait ce qui le retient ? Un scrupule, sans doute, à laisser s'envoler la fragrance de l'âme, le voluptueux parfum d'une sensualité dans laquelle il se perd parfois.

Souvent en parlant de sensualité, on entend les sens du corps qui ressent par la vue,  le toucher, l'odorat, le goût et l'ouïe le monde dans lequel il évolue. L'érotisme est alors jubilation de tous ces sens et la sexualité en est l'incarnation et l'accomplissement. Mais il est certain qu'il existe une sensualité de l'âme avec des sens propres au monde invisible qui est le sien. L'érotisme qui les exalte ne peut s'incarner. Pourtant, il participe d'un accouchement, comme lorsque deux êtres s'épousent et engendrent un nouvel être, à la différence que deux âmes n'en mettent pas au monde une nouvelle, mais s'enfantent mutuellement.

Comme mue par elle-même, ou par le battement d'aile d'un ange, la main s'est emparée de la plume et s'est mise à danser sur la page vierge, ébauchant tout d'abord un chant pour se ressouvenir de ce visage qui n'a cessé de la guider à travers les âges. Elle trace ensuite les signes qui se feront lettre qui sera portée jusqu'à son regard. Vie après vie, elle persiste à lui écrire, à l'interroger, à le supplier parfois. Vie après vie, lorsque l'errance se fait trop lourde, elle trouve une table, un encrier, une plume et un carré de lumière pour mettre au monde les notes entre les silences.

Mon Ami,

Il y a longtemps que je n'ai pas pris le temps d'écrire ainsi. J'ai espéré, rêvé, rejeté tout espoir, appréhender le désir et, en fin de compte à cette heure, il semble que plus rien ne demeure en moi hormis ce qui est Vie. Même les doutes s'estompent. Ne reste que toi, once d'espérance faisant battre mon cœur, palpiter l'âme. Quand tu m'as tendu la main, la première fois, je me suis comme éveillée d'un songe sans couleur, d'une mort sans douleur. Malgré cela, je me suis détournée de toi plus d'une fois pour revenir immanquablement.

Car sans toi, je n'aurais pas eu le courage de m'aventurer sur les landes brumeuses de l'esprit et, bien que je cherche encore un endroit où m'égarer pour fuir une nouvelle fois, je connais à présent chaque touffe de bruyère, chaque tourbière, chaque marécage. Je ne peux plus me perdre. J'ai beau faire, chaque pierre ou racine m'est devenue familière à tel point que si je trébuche, je ne peux tomber. Je suis de nouveau piégée sans l'être avec dans le cœur un sentiment qui me grandit et que je voudrais circonscrire ; avec une claire vision que je refuse mais qui éclaire mes ténèbres.

Ainsi, je n'ai plus besoin de tes yeux pour voir désormais, ni de ton cœur pour entendre. Mais nos promenades me manquent. Lorsque, à la saison des feuilles brunes, nous partions et que la brume n'était pas encore levée, tu t'éloignais de moi juste assez pour être soustrait à ma vue, t'amusant de ma frayeur à me retrouver seule. Tu m'étreignais avec tant d'Amour ensuite que tout brouillard s'en trouvait dissipé. J'apprivoisais la peur, me familiarisais avec l'Amour. Auprès de toi, j'ai appris à me défaire de l'une, à me vêtir de l'autre.

Aimer, ce n'est pas s'attacher ni enchaîner ; ce n'est pas seulement avoir un désir, une soif ou une faim que seul l'autre peut combler.
Aimer, c'est avoir dans le cœur un chant, comme une prière qui nous rend réceptif, attentif au monde, à l'autre et nous met dans un état d'accueil. En étant attentif au monde, la conscience s'élargit. Esprit et âme se rejoignent et le corps est en paix. L'être se libère. Mais que signifie être libre ? Il y a peu, je pensais que cela voulait dire ne dépendre de personne. Mais être vraiment libre c'est surtout être responsable et en accord avec soi-même. C'est renoncer à toute justification, renoncer à avoir tort ou raison, renoncer à combattre pour ou contre. Il n'y a pas de justice dans l'Amour, mais une justesse qui guide et éveille.

Aimer, c'est faire le choix de la liberté. Pour soi avant tout, mais aussi pour l'autre puisqu'il est un autre soi. Car on enferme pas l'Amour, même dans le cœur. Aussi grand soit ce dernier, il sera toujours trop étroit. L'Amour est le jour de l'âme. Sa lumière et son ombre tout à la fois. Cela aussi, c'est auprès de toi que je l'ai appris. Tu ne m'as rien enseigné, rien inculqué, aucun savoir. Mais tu m'as montré, tu m'as instruite. Par ce que tu es, la connaissance de l'Être féconde le vivant alentour.

Je me débats encore contre cette connaissance qui s'instille en moi, contre cette nature vibrante. J'ai tenté de m'en défaire en t'aimant à en perdre la vie. Et j'aurais presque réussi si cette brume un peu grise et terne n'était apparue dans ton regard. Alors j'ai vu que ce que je suis imprègne aussi le vivant alentour et que mon âme, lorsqu'elle est corrompue, peut corrompre à son tour.

Rassurée par la chaleur de ton cœur, par la douceur de ton regard, je me suis confiée à toi sans fard. J'ai ôté tous les voiles, un à un, jusqu'à en être nue. Comment aurais-je pu augurer de cette pudeur inattendue, de cette brume s'interposant à la vue ?

Si la nudité de mon âme doit devenir source de trouble, alors je la vêtirai de soie, mon Ami. Je la masquerai afin de ne plus troubler la tienne. J'acquerrai la maîtrise de cet incendie qui consumme l'être, je lui bâtirai un âtre pour maintenir flammes et braises et garder vivant ce feu qui réchauffe l'esprit, gourd d'avoir errer sur les terres froides.

Je ne peux te promettre  d'accepter pleinement ce qui frémit, grandit et s'agite en mon âme. Mais tu es l'unique prière que je connaisse et marcher en solitaire sur la lande est bien trop triste. J'espère avoir encore la joie de partager avec toi quelques morceaux de ciel, quelques poussières d'étoile et de pouvoir feuilleter encore une fois certains ouvrages en parchemin dont les enluminures disent l'invisible de l'âme quand les mots ne le peuvent.

Je ne sais quand cette lettre te parviendra, un courant d'air soudain en a déjà emporté une partie, mais je sais que, d'une manière ou d'une autre, l'indicible trouvera un chemin jusqu'à ton cœur.

Ta dévouée et insoumise amie.

 

 

 

10 octobre 2012

La poésie ne sert à rien ? La poésie ! Vous

La poésie ne sert à rien ?
                                                 La poésie ! Vous plaisantez j'espère ? 
                                                 A quoi ça sert la poésie à notre moderne époque, 
                                                 la poésie ne sert à rien !
La poésie ne sert à rien, soit, mais elle est un plaisir 
Le plaisir ne sert à rien, sauf à se faire plaisir
Et avoir du plaisir, c'est simplement se sentir vivant
                                                La poésie, la bonne poésie  donne la chair de poule, 
                                                un bonheur, une émotion, les larmes aux yeux...
La poésie est une chose fantastique ! 
Et si l'émotion procurée par la poésie était un remède à nos maux

                                               Sylviane Le Menn  http://www.abadennou.fr/

 

 

26 février 2014

Concerto d'Aranjuez - John Williams

Vuelvo aquí
por la magia de tu música.
Tus cuerdas son caminos 
que me traen el ayer,
vuelve la vida a mis paisajes, 
al oírte, guitarra.
Justo aquí, 
a la orilla de un atardecer,
fue como un vendaval
mezcla de miedo y de calor, amor,
por primera vez yo fui mujer, 
sentí nacer la belleza.
Tus manos fueron mis manos
y tu mirar mi mirada.
Junto a ti
hasta el río se llenó de amor
y un nuevo resplandor 
como un torrente me cegó,
después el tiempo lo apagó
y hoy es sólo un acorde.
Tus manos fueron mis manos
y tu mirar mi mirada.
Siempre unidos para siempre.
Vuelvo aquí
por la magia de tu música.
Tus cuerdas son caminos
que me traen el ayer, 
vuelve la vida a mis paisajes
al oírte, guitarra. 
Y aunque no estás aquí
todo me sabe a ti, en Aranjuez.  

Je reviens ici
par la magie de ta musique.
Tes cordes sont des chemins
qui me mènent vers hier,
mes paysages reprennent vie,
en t’entendant, guitare.
Juste ici,
à l’orée d’un soir
ce fut comme un vent de tempête
mélange de peur et de chaleur, amour,
pour la première fois je fus femme,
je sentis naître la beauté.
Tes mains étaient mes mains
et ton regard mon regard.
Á tes côté
même la rivière s’est empli d’amour
et un nouvel éclat
comme un torrent m’a aveuglée,
puis avec le temps il s’est éteint
et aujourd’hui il n’est plus qu’un accord.
Tes mains étaient mes mains
et ton regard mon regard.
Unis pour toujours et à jamais.
Je reviens ici
par la magie de ta musique
Tes cordes sont des chemins
qui me mènent vers hier,
mes paysages reprennent vie,
en t’entendant, guitare.
Et bien que tu ne sois pas là
Tout me parle de toi, dans Aranjuez

Paloma San Basilio - Concierto de Aranjuez

30 octobre 2018

Automne - Albert Samain

Le vent tourbillonnant, qui rabat les volets,
Là-bas tord la forêt comme une chevelure.
Des troncs entrechoqués monte un puissant murmure
Pareil au bruit des mers, rouleuses de galets.

L'Automne qui descend les collines voilées
Fait, sous ses pas profonds, tressaillir notre cœur ;
Et voici que s'afflige avec plus de ferveur
Le tendre désespoir des roses envolées.

Le vol des guêpes d'or qui vibrait sans repos
S'est tu ; le pêne grince à la grille rouillée ;
La tonnelle grelotte et la terre est mouillée,
Et le linge blanc claque, éperdu, dans l'enclos.

Le jardin nu sourit comme une face aimée
Qui vous dit longuement adieu, quand la mort vient ;
Seul, le son d'une enclume ou l'aboiement d'un chien
Monte, mélancolique, à la vitre fermée.

Suscitant des pensers d'immortelle et de buis,
La cloche sonne, grave, au cœur de la paroisse ;
Et la lumière, avec un long frisson d'angoisse,
Ecoute au fond du ciel venir des longues nuits...

Les longues nuits demain remplaceront, lugubres,
Les limpides matins, les matins frais et fous,
Pleins de papillons blancs chavirant dans les choux
Et de voix sonnant clair dans les brises salubres.

Qu'importe, la maison, sans se plaindre de toi,
T'accueille avec son lierre et ses nids d'hirondelle,
Et, fêtant le retour du prodigue près d'elle,
Fait sortir la fumée à longs flots bleus du toit.

Lorsque la vie éclate et ruisselle et flamboie,
Ivre du vin trop fort de la terre, et laissant
Pendre ses cheveux lourds sur la coupe du sang,
L'âme impure est pareille à la fille de joie.

Mais les corbeaux au ciel s'assemblent par milliers,
Et déjà, reniant sa folie orageuse,
L'âme pousse un soupir joyeux de voyageuse
Qui retrouve, en rentrant, ses meubles familiers.

L'étendard de l'été pend noirci sur sa hampe.
Remonte dans ta chambre, accroche ton manteau ;
Et que ton rêve, ainsi qu'une rose dans l'eau,
S'entr'ouvre au doux soleil intime de la lampe.

Dans l'horloge pensive, au timbre avertisseur,
Mystérieusement bat le cœur du Silence.
La Solitude au seuil étend sa vigilance,
Et baise, en se penchant, ton front comme une soeur.

C'est le refuge élu, c'est la bonne demeure,
La cellule aux murs chauds, l'âtre au subtil loisir,
Où s'élabore, ainsi qu'un très rare élixir,
L'essence fine de la vie intérieure.

Là, tu peux déposer le masque et les fardeaux,
Loin de la foule et libre, enfin, des simagrées,
Afin que le parfum des choses préférées
Flotte, seul, pour ton coeur dans les plis des rideaux.

C'est la bonne saison, entre toutes féconde,
D'adorer tes vrais dieux, sans honte, à ta façon,
Et de descendre en toi jusqu'au divin frisson
De te découvrir jeune et vierge comme un monde !

Tout est calme ; le vent pleure au fond du couloir ;
Ton esprit a rompu ses chaînes imbéciles,
Et, nu, penché sur l'eau des heures immobiles,
Se mire au pur cristal de son propre miroir :

Et, près du feu qui meurt, ce sont des Grâces nues,
Des départs de vaisseaux haut voilés dans l'air vif,
L'âpre suc d'un baiser sensuel et pensif,
Et des soleils couchants sur des eaux inconnues.

16 avril 2014

Un sourire - Paul Eluard

La nuit n'est jamais complète.
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l'affirme
Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée.
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler ou à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue
une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie, la vie à se partager.

 

 

19 janvier 2014

Assertions

 

Assertions 

 

C’est le Mensonge qui sonne. Écoute le glas. Qui sonne… Sonne… Glace-moi. Et sonne, sonne, encore. Dans une nuit d’écume, tu marches. Emporte le baiser de Dieu et apparais-nous, enfin. Trace une ellipse rougeoyante sur le front du grand menteur.

Le grec !

 Profonde et sanglante, l’ellipse.

 Écrire la marche à fuir et s’en tenir, là.

 C’est la parole et le Verbe qui écrivent la langue des abyssales vendanges, celles de notre spiritualité… Abyssales. C’est Mensonge et oubli. J’ai perdu le fil, amerrissage et tendresse. Terre perdue. Tu sombres.

 Une folie.

 C’est le mensonge qui sonne. Trouve cette musique, une véracité, pulsatile et féconde, amorphes gymnopédies des soubassements du monde.

 Enfouis le sens et perce à jour ce mensonge, Ô vile Parjure. Dans l’ombre du soleil, tu frises les aurores, boréales. Doucereuse ellipse. La quadrature du cercle, des enfers. Un texte. Assieds-toi. Essaye-toi. Prends cette plume et chiffonne-moi un bouquet de verbes, de noms, d’adjectifs numéraux et cardinaux, ordonnés et capiteux !

 J’ai creusé un sillon de paroles vaines et vides, de Mensonges, ceux d’une tombe. Et tu as pris le sens à bras le corps. C’est toi qui irradies la sève de cette vérité. Une terre enfouie. Le socle de ton esprit s’inscrit en fuligineuses aspirations, Toi, le Parjure. J’ai perdu la foi. C’est l’homme qui s’est noyé dans ces vastes champs inondés et abscons. Menteur ! C’est lui le mensonge fait chair et livré pour nous.

 Qui sonne ?

Qui sonne, le mensonge qui sonne, encore, porté par le fil des siècles et des siècles. Aire nouvelle, Ère malsaine. R et air, rhapsodie et

rancœur tristement bafoués… Tu sonnes.

 

 

Incandescence d’un soleil couchant, Ninive est sous le feu et la cendre. Ashes to ashes. Portons le fer dans la plaie. Ô Dieu, nul ne pardonnera que le mensonge sonne encore et encore… Sonne… et sonne…

 Entends le souffle…

 Abats sur la ville de Younes le cataclysme. C’est Sodome, c’est Gomorrhe. C’est la mort et la colère. Petit relâchement, récolte d’un divin pervers. Le pardon est enfoui sous des pages manuscrites, Deutéronome, Pentateuque et Genesis. Lisons à la recherche d’une humanité perdue et espérons encore la mort et le silence. Brassons l’air empli de funérailles… Une ellipse, orbe, clepsydre et suffocation. Mensonge. Mensonge. Assène les coups sur ces fronts inclinés. Sonne le glas et la voix du Divin. Ezéchiel, David, Jacob, Esaü, enfantez cette merde et levez les mains au ciel.

 

Je veux avoir à sentir ce mensonge. Dans ma chair. L’odorat, le toucher. Dans le vent. Les paroles s’envolent et les mots s’espèrent. Des tonnes et des montagnes de maux. Son Fils tirera la portée de ce méfait, mais ici, le temps s’enfouit dans les eaux noires et profondes du mensonge. C’est le Grec. C’est le Grec qui a fourbi le mensonge. Tristesse. Sonnerie lugubre déchirant la nuit et l’enfer. Une hécatombe sous un ciel morveux.

 Éros pose une fesse au coin du monde et chie sur nos têtes. Amertume de l’éphémère, tu noies le sens et emportes le mensonge. La terre n’est plus. Seuls restent le rêve, et le Verbe. Sonne, sonne dans la tanière du temps. Aux siècles et des siècles, c’est la folie qui reste et marque au fer le front de l’idiot, béat. Le remords suintant du coin d’un œil oublié au fond d’une tombe. Ne me regarde pas, Caïn !

 Agonisant mensonge.

 Plus personne n’habite le chemin du mensonge, sinon la mer énorme. Et sonne… Une corne dans la brume. Elle porte une voix singulière et triste. Venez écouter ce glas. Sonne, sonne… Le timbre du mensonge, illusion, fausseté, tromperie… Assénés à grands coups de masse sur les oreilles des fidélités… la terre au fil des eaux et la houle comme catafalque. Un caveau de sel et d’écume. Profondeur d’une mer d’aphasie. Le Grec et le Verbe.

 Nous sommes seuls ici-bas.

 Seul… Sonne… Seul… Le bourdon ou le glas… Triste choix. Rythmique Assomption du déjà dit, Catharsis entendu, Pâques espérée, voulue ou crue… Et puis, il y a toi.

 

©Atlantide - Alcibiade...........................................

 

 

29 mai 2014

Ascension d'un rêve

Au fond du gouffre, il y a un océan de douleur, couleurs ternies par des limons trop vieux, sédiments d'une autre ère que rien n'éclaire plus. Dans cette obscurité, je me suis échouée. Lorelei était là ! Je croyais Te trouver. Les hauteurs me portaient. Elles m'ont jetée, larguée dans les abysses, profondeurs ténébreuses où Tu n'es pas.

Au fond du gouffre, il y a un océan né de ces rêves d'enfant où les princesses deviennent reines. Le vent emmêle et ensorcèle la brume, tresse d'écume la chevelure de la nuit. Voilée, la voix de l'Amant devient mirage qui m'attire dans le noir et me rend otage d'un espoir, d’une plume versatile redessinant le ciel de songes oubliés. Est-il un dieu au fond de l’abîme pour raconter les histoires d’autrefois ? Si Dieu est Logos, le Verbe, et si le verbe crée le monde, que vais-je créer en écrivant ces mots ?

J'ai parlé d'Amour et je n'ai vu que haine. J'ai parlé de paix et je n'ai vu que guerre.
Combien de bûchers encore pour cette humanité déchue, avant la rédemption de la Mort ? Quel est donc ce mystère qui voit les hommes chanter l'Amour et sa Lumière mais semer la guerre et la misère, prendre les armes et n'engendrer que larmes plutôt que de manier la houe pour scarifier leur âme et accueillir le grain des sagesses d'autrefois ?

Où sont passés tous les rêveurs ? Platon, Sénèque et Spinoza ? Marc Aurèle, Voltaire, Victor Hugo ? Nirmalâ Sundari Devî, Rabiah al-Adawiyah  et Marie de Magdala ?
Et toi ? Toi l’anonyme, toi qui t’arrête un instant sur ces mots, toi qui a fait ce rêve aussi, que deviens-tu ? Dans quel abîme es-tu tombé ? Dans quel oubli du ciel et de la terre ? Je me souviens d’un rêve  – c’était il y a longtemps, c’était demain, je n’étais pas encore née et pourtant je vivais déjà – mais il s’est déversé dans un torrent de larmes aussi rouge qu’un soleil agonisant. Est-il encore un crépuscule pour annoncer l’incandescence de l’aube ?

Au fond des gouffres, les océans s’abreuvent du sang des hommes et leurs rêves s’y noient. Des vagues de leurs âmes s’élèvent un chant, écume blanche qui se pose sur le sable au matin. Quelle ascension des cœurs pour les porter jusqu’à nos lèvres, pour que résonne encore le souvenir d’un espoir ? Est-il encore un rêve d’enfant au fond de nous pour s’envoler hors de l’abîme, telles les aigrettes des pissenlits, et nous porter jusqu’aux racines du ciel ?

 

 

 

21 novembre 2015

Ecume d'opium

Comment aurais-je pu savoir que cette passion me rendrait fou,
qu'elle ferait de mon cœur un brasier et de mes deux yeux un torrent.
Comment aurais-je pu savoir qu'une crue soudaine m'emporterait
et dans la mer rouge de sang comme un navire me jetterait ;
qu'une vague heurterait le navire qui planche par planche se fenderait
en tourbillons variés chaque planche tomberait.
Puis une baleine lèverait la tête et boirait l'eau de cette mer.
Une telle mer sans fin  deviendrait sèche comme un désert
et ce désert à son tour fendrait la baleine buveuse d'océan,
par le courroux dans l'abîme l'entrainerait.
Après ces métamorphoses, il ne restera plus ni mer ni désert
Que sais-je de ce qui fut ensuite ?
Le pourquoi dans le sans-pourquoi s'est noyé.
Il y a de nombreux que sais-je.
Mais ce que je sais c'est que dans cette mer
j'ai goûté une écume d'opium par une main qui ferme les lèvres. 

Djalāl ad-Dīn Rūmī

 

30 janvier 2016

Du bonheur

"Celui qui est à la recherche du bonheur, doit d'abord savoir accepter :
      - accepter la réalité, c'est-à-dire que la vie n'est pas faite que de joies.
      - accepter les échecs qui exercent la volonté et la fortifient, qui rendent humbles parfois, et conscients du réel.
      - accepter les épreuves et les souffrances, qui ne sont pas dénudées de sens. Léon Denis a écrit: "Les mystères et surtout les inégalités de destin choquent la raison : mais la parcelle de Divin qui habite notre conscience proclame hautement que l'infinie justice réserve à chacun, au-delà de cette vie, une égalité absolue de devenir."
      - accepter sa condition terrestre, ce qui engendre humilité, tranquillité, purification de l'égo.
      - accepter, c'est aussi supporter les injustices.
Démocrite nous conseille à ce sujet un sage comportement : "S'il te faut supporter des injustices, console-toi ; la véritable tristesse est de commettre des injustices."

Cette réflexion exige un certain courage dans la vie de tous les jours. Le courage dans le travail ou au milieu des épreuves, est une force, une force intérieure toujours nécessaire sur le chemin du bonheur.
Il ne faut pas attendre le bonheur comme la venue de quelque chose d'extérieur à soi. Car " le bonheur est un effet de la sagesse, plutôt qu'un présent de la destinée", selon l'affirmation de Louis Veuillot. Le bonheur n'est pas davantage l'effet de la chance. C'est un choix, en ce sens qu'il s'agit d'un mode de penser, d'une manière de réagir.

C'est pourquoi, il convient que nous agissions comme si nous étions heureux, que nous pensions comme si nous étions heureux, que nous réagissions comme si nous étions heureux. On acquiert ainsi l'habitude d'être heureux. Tout notre vie n'est qu'habitude, même de bonheur.

La troisième clé qui ouvre la porte de bonheur, c'est le fait de vivre le moment présent, sans rien attendre, ni du passé, ni de l'avenir. Il faut apprendre à être heureux dans l'instant présent, et grâce à l'instant présent. Si le bonheur est une habitude, il est conditionné par notre imagination, par nos pensées, par nos émotions présentes. Il faut être heureux dans l'instant, et non pas à cause de ceci ou à cause de cela.
Le moment présent est le plus important de notre existence ; c'est l'unique moment que nous possédons véritablement"

Les voies de l'espérance et la spiritualité retrouvée - Gisèle et Alain Guiot

Je crois que le bonheur sait aussi se taire pour attendre la bonne heure... Ce prime ou bien tardif instant où nous reprenons possession de nos aîtres et décidons qu'être heureux, après tout, cela ne fait pas de mal !

16 octobre 2016

Espérance

Je suis grosse d'une blessure se refusant à naître,
pleine d'une colère, d'une souffrance
gangrenant l'âme Humaine.
La vie afflue en mon giron,
reflue de mes veines et s'enfle
comme s'enfle un torrent subissant en amont
les tempêtes qui vident le ciel.

Le fiel se mêle à la douceur,
le miel, empoisonné, n'apaise plus
et les cœurs atrophiés deviennent rances.
Sous la surface, court la bête noire
charriant les immondices et les courants fétides.
Sous la surface, les chairs sont nécrosées.
Même les vers s'en sont allés.

Exsangue est la terre de nos filles.
Ensemencée de larmes et de désirs stériles.
Les étendues immaculées, héritées de nos mères,
d'un mince manteau de verdure se couvrent.
Mais je le vois déjà s'effilocher,
devenant loque sous les lames de la haine.
Les guerres n'en finissent pas.

Le teint blafard, les membres gourds,
pleine d'une vie dont je ne suis pas dupe,
je parcours les étoiles et le jour à l'agonie.
La lumière d'argent qui croit
trahit la blancheur de l'orient.
Les pluies acides ne la ternissent pas,
les flots de sang ne la rougissent pas.

En mon ventre, une tumeur forcit,
mais elle ne me tue pas, Mort et Vie tout à la fois,
elle m'épanche en silence et l'esprit se replie
sur ces feuilles d'automne privées d'or et de cuivre,
de ces diadèmes de givre qui brillaient au levant,
faisaient virevolter les âmes.

Le vent ne les fait plus danser.

Je suis pleine du jour, de la froideur de la nuit
de l'espérance de l'hiver habillant de candeur
l'herbe et ces rameaux frêles comme du verre ;
spiritus sanctus, elle dénude les âmes.
Si nos cœurs se rejoignent au-delà de la haine,
à la croisée des êtres, dans une attente féconde, 
alors tu me mettras au monde et je t'enfanterai.

Je suis emplie de Toi,
de cette volition, altière fidelis,
déchirant l'être d'une main amoureuse
comme le germe brise la gangue rigide
pour s'élever bien haut dans les profondeurs de la terre,
pour s'enfoncer dans l'abîme des cieux
sans jamais rien navrer, anéantissant tout.

1 novembre 2012

Parfums

Lorsque le jour sombre et décline
à l'horizon de nos vies inachevées,
que la lumière de la nuit
luit sur l'orient et allume le ciel
de mille et une morts en devenir.
Alors qu'au loin je te sais enfermé
entre des murs ruisselants d'âmes malades,

Pour toi,
je cueille le crépuscule en fleur
et les parfums enivrants des bruyères
d'une terre sorcière.
Pour toi,
je garde leur douceur,
fragrance d'aurore
d'une brise nocturne.

 

18 décembre 2012

Miroir

Au miroir de mon âme une cage
Amour naufragé d’une amère rage
Au-delà du grillage dégouline le temps
Dans les mots tués avant l’âge
Espoirs perdus dans les nuages
Noirs et rouges d’orages

Au miroir d’un amour une flamme
Flamboyant oriflamme
Flottant au vent d’aimer
Caresses du bout de l’âme
Souffle de vie, tendresse amante
Sur la gamme silence

De l’autre côté du miroir une plage
Où s’effacent les traces
Des sanglants saccages
Où naissent les pages
D’une toile de nuit
Scintillante de rubis

Au miroir de son âme un portail
Il éclipse le grillage
Et dissipe la rage
Seuil s’ouvrant au rivage
D’un amour en partance d’envie
En partage de vie

29 mars 2015

Pensées et Méditations - Khalil Gibran

La Vie nous enlève et nous emporte d'un endroit à un autre, la Destinée nous déplace d'un endroit à un autre. Et nous, pris entre les deux, nous entendons des voix effrayantes et ne voyons que ce qui se dresse comme une entrave et un obstacle sur notre chemin.

La Beauté se révèle à nous, assise sur son trône de gloire, mais nous l'approchons au nom de la Concupiscence, nous lui arrachons sa couronne de pureté et souillons sa robe par nos malfaisances.

L'Amour passe près de nous, vêtu de docilité, mais nous le fuyons, apeurés, ou bien nous nous cachons dans l'obscurité, ou encore nous le poursuivons pour commettre le mal en son nom.
Même le plus sage d'entre nous ploie sous le poids pesant de l'Amour, mais, en vérité, il est aussi léger que la brise folâtre du Liban.

La Liberté nous convie à sa table, où nous pouvons partager ses mets savoureux et son vin capiteux ; mais quand nous nous attablons, nous mangeons avec voracité et nous nous gorgeons.

La Nature vient vers nous avec des bras accueillants et nous invite à apprécier sa beauté ; mais nous redoutons son silence et nous précipitons vers les villes encombrées, pour nous entasser là comme des moutons fuyant un loup féroce.

La Vérité nous appelle, à travers le rire innocent d'un enfant ou le baiser d'un être aimé ; mais nous lui fermons au nez les portes de l'Affection et la traitons comme une ennemie.

Le cœur humain crie à l'aide, l'âme humaine implore la  délivrance ; mais nous ne prêtons pas attention à leurs cris, car nous n'entendons ni ne comprenons. Celui qui entend et comprend, nous le traitons de fou et le fuyons.
Ainsi passent les nuits, nous vivons dans l'inconscience, tandis que les jours nous saluent et nous enlacent. Mais nous vivons dans la peur constante du jour et de la nuit.

Nous nous accrochons à la terre, alors que la porte d'accès au cœur du Seigneur est grande ouverte. Nous piétinons le pain de la Vie, alors que la faim ronge nos cœurs. Comme la Vie est bonne pour l'Homme ! Et pourtant, comme l'Homme se tient à l'écart de la Vie !

La voie de l'éternelle Sagesse.

6 octobre 2012

Egarée

Mon Bien-Aimé
La nuit revient
Mon cœur s’épuise
À te chercher
À se trouver

Je me suis perdue
Dans la forêt des sentiments
Où l’amour se joue de l’Amour
Au pied du grand if
Mon cœur s’est endormi
Et le rêve en mon Âme
S’est éveillé

Un éclat s’est envolé
Emporté par le Souffle
Et la brise nocturne
S’il parvient jusqu’à Toi
Je me retrouverai

 

 

 

 

 

19 octobre 2012

Le Visage du Silence

Je regarde ses yeux
Sombres de se taire
J’oublie son visage
Il n’a pas d’âge
Il a tous les âges
Ses traits s’effacent
S’envolent dans ses paroles absentes
Se redessinent dans cette absence
J’écoute les mots qu’un souffle d’amour effeuille
D’une caresse tue
J’effleure cette inconscience
Regard douloureux
je saisie la folie
Les mots
les mots n'en ont pas
Qui résonnent au loin
Et couvrent le silence
Vacarme assourdissant
D’un amour fou à vouloir être vivant
D’un fou d’amour
Face voilée
Offert au regard
Offert à la plume
L’indicible d’encre de chine habillé
Confie à la feuille et au vent
La folie d’un instant
L’amour et le sourire
Sur le visage du silence

29 août 2012

Que cherches-tu ?

—–Que cherches-tu ?
Mon amour.
J’ai suivi ses traces et je me suis perdue.
—–Le vent aura effacé le chemin !
Au coeur de la folie
il n’y a plus ni nord, ni sud. Comment puis-je le trouver ?
—–Suis l’eau.
Le sable a bu toutes mes larmes
jusqu’à la dernière goutte.
—–Creuse le silence.
Mes mains ont caressé le désert tout entier
chaque grain de lumière
pour le trouver.
—–Ecoute ses murmures.
J’ai soufflé sur les dunes
pour que s’envole mon âme.
Au creux d’un souvenir j’ai trouvé son Amour.
—–Que cherches-tu, alors ?
Mon Amour.

15 octobre 2012

Son Visage

Il y a longtemps déjà que tu le connais et pourtant à chaque instant tu le découvres. Son visage t'est familié mais tu ne saurais le dessiner et lorsque vous vous rencontrez, seul le vent, peut-être, pourrait nous raconter les paroles tues et les mots déposés.

D’un murmure, un jour, il a ouvert la porte de ton cœur béant qui s'est déversé dans le sien. Sans rien dire, il a accueilli le noir et le gris de tes vers, poésie ténébreuse dont tu ne voulais plus ; Parfois, tu as tenté de clore l'huis et de garder ces mots qui dévoilaient ton âme et te laissait nue sous ses yeux. Mais l’on a beau vouloir se taire, les cris restent et la plume ne peut que se soumettre. Alors de lettres fières et élancées en confidences bredouillées, tu as calligraphié tes maux. Il lisait, cela est certain. Jamais pourtant une parole n’est venue commenter ces poèmes couleur sang nuit et il te fallait attendre de voir  le regard, le sourire, pour y entendre bruire des mots étranges, d’une autre époque. De gestes esquissés en souffle de pensées, le noir et le gris s’en étaient allés. Et c’était bien ainsi.

Pourtant tu aurais tant voulu, juste le reflet d’un mot, juste l'ombre d’une lettre en écho à cette poésie. Un temps, tu avais fait confiance à la terre, aux étoiles, pour te porter ce bruissement plus léger qu’une brise d'été. La lune d’argent avait enfanté son secret et dévoilé sa face. Mais aujourd’hui, ensablée dans cette obscurité qui te colle à la peau, tu n’entends plus rien, tu ne vois plus rien. Ses trais s’effacent. On ne retient pas ces traits-là. Ils glissent entre les doigts de la mémoire comme dans un sablier, inexorablement, ils s’écoulent et se déposent sur le cœur et seule la clarté de la nuit peut les révéler.

La lune est noire ce soir.

28 octobre 2012

Blanche ronde, rouges danses

Je regarde ce monde
comme il est sombre
Le jour éteint la nuit
car les étoiles ont fuit
Le ciel a pleuré
les couleurs de l’été
avant qu’il ne soit né
et je me suis brûlée les ailes
en touchant l’arc-en-ciel
d’un rêve

Partout le rouge et le noir
se confondent
Partout le sang des victoires
inondent
le fleuve de nos pensées
jusqu’au cœur
de notre humanité
Il fait pousser des coquelicots
qui tachent
nos corsages d’enfants

De Baudelaire ou de Rimbaud
Je ne trouve plus de traces
Mais Sade
est toujours là
peignant des aquarelles
d’où dégouline la noirceur
de la terre de nos mères
Non
Jamais aucune larme
Ne lavera la nuit

Et la ronde
de sa blancheur
prolonge le monde
en une farandole naïve
en une danse tragique
piétinant le magique
Malgré tous les poètes
malgré leur ritournelles
Gavroche gît
tout  au fond du ruisseau

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 > >>
Esprits Rebelles

La poésie est un chant et une parole.
C'est une parole qui parle à la parole de l'homme et qui permet, si elle est entendue, la part miraculeuse de l'existence - Gabriel Mwènè Okoundji -



Accueil
Pensées
Recueil de Poésie
Contact


Publicité
Derniers commentaires
Publicité