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Esprits-rebelles
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12 décembre 2016

Aîtres

De notre humanité que faisons-nous ?
Une aurore pour construire un matin de poussière.
Au crépuscule l'ombre
et nous marchons loin de nos aîtres.

Dans les décombres du jour un parfum,
une fleur, un enfant.
L'innocence grandit,  trace une voix
et des pas que je suis.
Ils ne s'effaceront plus
puisque ton regard, ton sourire
me construit au matin.

Au soir, les ruines résonnent
de cris de joie, de détresse,
d'une main qui se tend,
d'un baiser qui se donne,
d'un corps outragé,
d'un cœur qui rayonne,
d'une mère qui pleure
et d'un père qui chante
pour semer des étoiles, des rêves,
peindre la nuit et une aube
si rouge de notre humanité.

 Des canons tonnent au loin,
un homme ordonne.
Mais il rayonne toujours le cœur,
il résonne encore le jour.

Il résonne du chant du père
et du baiser donné ;
des larmes de la mère
et de la main tendue
 de leur humanité,
du parfum de ta voix.
C'est peut-être cela être humain, être Toi.

De mon humanité, je n'ai rien fait.
Seulement aimer, même le tyran.
Seulement t'aimer, sans conditions.
Sur les ruines de nos aîtres,
l'ombre construit le matin.

 

C012-copieok
Abbaye de Boschaud

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4 février 2013

Rires

 

Dans le rire des nuages,
j'ai retrouvé mes rires d'enfant
lorsque j'allais confiante
au devant de l'instant
Où Tu étais déjà

Je te voyais
sur la parure des arbres,
dans la nuit chatoyante.
Je t'entendais
dans le chant des ruisseaux.

Ces rires, mon Bien Aimé
ont chevauché les ailes du temps
et m'ont menée à Toi.
Sur Tes lèvres entrouvertes je dépose mon âme
pour entendre la Tienne
lorsqu'elle rit aux éclats

 

 

 

.

5 février 2013

Vanité

Il y a des jours où tout paraît vain
des jours sans lendemain
où rien n'advient

hormis ce train
que l'on prend à la fin
et qui séparent les mains

Me diras-tu mon Ami
si je suis
dans ce train qui s'enfuit ?

Qui reste et qui s'en va ?
Si je suis là
où est là-bas ?

Pourquoi les adieux
font-ils couler les yeux
font-ils pleurer les cieux ?

Il y a des jours où tout est vain
des jours sans lendemain
sans partage du pain

http://www.mabellephoto.com/photo-art-voie-ferree-lieux-104ce1.htm

7 novembre 2013

Prière

Mère,
enseigne-moi l’humilité de la terre
et la grandeur du ciel.
Apprends-moi le souffle du vent
et les nuages qui courent sur l’azur.
Donne-moi le courage de la fleur qui s’épanouit,
offre son cœur et meurt.
Donne-moi l’humilité du chêne
qui croit en force et en majesté
abritant de son ombre le roi et le mendiant.
Donne-moi la force du roseau
qui ploie sous le vent et la pluie
et se redresse sans cesse, tendu vers le ciel.

Mère,
enseigne-moi la majesté de la terre
et l’humilité du ciel
que je puisse, à l’instar des saisons,
demeurer et passer,
offrir et garder,
sans jamais demander, ni même remercier.
Apprends-moi à prier
car dans la prière sont contenues
toutes les demandes,
toutes les offrandes et toutes les grâces.

 

Femme enfant

 

 

19 décembre 2012

La mie de l'âme

Noir corbeau qui s’élève.
Au ciel hautain
la nuit déploie ses ailes.
Elle emporte avec elle
le rouge amant d’un coeur épris
et délicatement dépose un voile
sur la tableau lumière
d’un peintre
amoureux d’un reflet.
Rayon de lune
d’un oiseau rubis
emportant sur sa plume
les mots d’amour,
les mots folie
d’un poète qui se tait et dessine
sur la toile du temps
le parfum d’étoile qui luit
à la chevelure d’argent
d’un reflet de lune :
La mie de l’âme

 

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9 avril 2013

Naître

« Il nous faut naître deux fois pour vivre un peu, ne serait-ce qu'un peu. Il nous faut naître par la chair et ensuite par l'âme. Les deux naissances sont comme un arrachement. La première jette le corps dans le monde, la seconde balance l'âme au ciel.»
- La Plus que Vive.- Christian Bobin

Certaines femmes ont cette faculté de s'accoucher elles-même. D'autres, pour qui la naissance ne se présente pas très bien, ont besoin d'aide. Je n'ai pas eu de sage-femme à mes côtés. J'ai eu bien plus. Tu étais là, mon Ami et tu m'as accouchée de moi-même. S'il faut naître deux fois pour vivre un peu, je dirais qu'il faut mourir deux fois pour vivre vraiment. La première mort donne naissance à la chair, la seconde enfante l'âme. Parfois, l'enfant est là. Il est bien vivant dans le sein de sa mère, mais parce qu'il ne veut pas mourir, il ne peut naître. J'ai bien failli ne jamais naître. Bien avant que je n'advienne, je t'avais prénommé "le Passeur d'Âmes". Peut-être savais-je déjà, alors que je n'en étais encore qu'à mes premiers balbutiements, que tu me mettrais au monde.

L'âme en naissant est éclaboussée de lumière. La mienne fut ointe de ton Amour. Je me suis vu mourir et il n'y avait personne pour me donner l'extrême onction. Pour me dire l'espoir au plus noir de la nuit. Toi, tu étais là pour me donner l'onction de Vie.

13 février 2013

Mercredi de cendres

Aujourd’hui c’est mercredi
Il neige sur le monde
Une grisaille floconneuse
qui obstrue chaque pore de nos vies
Asphyxie le silence
Il hurle et s’époumone
L’horizon n’est plus
Le gris de la terre et le gris de l’espoir
Se confondent
Ici et là
Une main se tend
Je voudrais la saisir mais déjà elle retombe
Ici et là
Des traces invisibles que je suis
Qui s’effacent derrière moi
Aujourd’hui c’est mercredi
Des cendres recouvrent le désespoir
Partout les volcans se réveillent
et crachent leur bave de haine
Partout la cendre éteint les regards
 
Même les oiseaux se battent

 Rallumer le feu
Durant quarante jours le laisser consumer
notre cœur infécond
jusqu’à ce qu’il ne soit plus que cendres
et renaître
peut-être

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29 septembre 2013

Le Shakuhachi

Parmi les flutes dont le son porte l'âme : le shakuhachi.
Cette flute japonaise faite de bambou chante l'aspiration à trouver la quiétude. Elle apaise le cœur et incite à la contemplation du silence de l'âme. Au  XIIIème siècle, elle n'était d'ailleurs pas considérée comme un instrument de musique, mais comme un instrument religieux, support de  méditation. Elle était utilisée par des moines guerriers itinérants, appelés Komusô.

 

 

On retrouve dans la poésie japonaise la sobriété de cette flute, même dans de longs poèmes, dont la mode des haïkus nous a éloigné.

bushi_flute

«  Celle qui de la montagne en automne
Avait les belles couleurs
L’enfant dont comme un jeune bambou
La taille était flexible,
De quelle façon
Peut-elle penser ?
Longue comme une corde de fibre
Promettait d’être sa vie.
Elle fut la rosée
Qui, déposée le matin,
Au soir
A disparu.
Elle fut le brouillard
Qui, s’élevant le soir,
Au matin
S’est dissipé.
Même moi, qui appris cette nouvelle
Brusque comme le son d’un arc de catalpa,
De l’avoir si peu vue
J’ai des regrets…
Alors son époux,
Jeune comme une herbe nouvelle,
Qui dormait allongé à son coté
Comme un sabre plaqué au corps
Et l’entourait de son bras
Pour lui faire un oreiller,
Ne se sent-il pas désolé
De dormir en rêvant à elle ?
Ne la regrette-t-il pas,
Pensant à elle avec nostalgie ?
La fille a passé
Avant son temps,
Comme la rosée du matin,
Comme le brouillard du soir.»
Kakinomoto no Hitomaro...................................
samourais-et-ikebana.com................................
26 novembre 2013

Will you let me go ?

This is a trick,
only a feint to make me believe
To make me live.
But I don't believe anymore, Goddess.

I just want to leave.
Will you let me go ?

This a  trick,
only a feint to make me believe
that dreams are true
Real and blue.

But I just want to leave.
Will you let me go ?

As I only see blood, underneath your feet
Goddess
As I only see woods, burning the sky
prevent me to fly.

I just want to leave.
Will you let me go ?

I see the trick,
the silver leaves hiding the sword
I see the feint, the lying words
that strew the path

I don't believe anymore, Goddess
Life is a lie, lying beneath the dream
I just want to die
I just want to live.

Please, will you let me leave ?
I just want to go.

 

 

91837133_o

 

 

 

 

20 novembre 2013

Deux mots

 L’enfant gît sur le sol. Elle expire en sanglots, sanglée dans l’absence et le silence tendus sur le ciel de la nuit. Elle inspire dans le cri de deux mots étouffés par le bruit de la roue qui a broyé ses os et déchiré la chair de l’enfance. 

Elle est si jeune encore, mais l’innocence des sens a si peu de poids face à la grandeur, à l’horreur d’une foi proférée par la voix de ceux qui versent le premier sang de la vierge maculée de leur maux.
Ils viennent, ces hommes, ces fils, ces frères. Ils viennent labourer le ventre de leur mère, de leur sœur, de leur fille. Ils reviennent encore après avoir prié, supplié le Fils, le Père de les guider sur la Voie d’une justice qui n’est pas de ce monde. Le ciel s’ouvre sous leurs pieds et ils jettent l’enfance dans les bras de la nuit, convaincus de s’élever dans la lumière trompeuse d’une ténèbre sans fond.
Effondrée dans un coin de cellule, la jeune fille n’a plus de larmes pour laver son âme, ni prière pour faire luire la lumière et éteindre la flamme de leur haine. Elle est belle. Sa beauté est blasphème. Elle est pure, sa pureté est offense à leur sens qui incendient le sacré. Alors pour échapper au four de l’enfer, ils construisent un bûcher et brûlent leur désir sans honte mais avec regrets. 

Recroquevillée dans le noir, la jeune femme pleure. Une main sur ses lèvres meurtries pour étouffer le cri de terreur, désespoir dérisoire pour oublier l’horreur de ces nuits et son corps meurtri par les coups et les rires de ceux qui ont déchiré son hymen. Beauté provocante, jeunesse désirable, rebelle enchaînée, insoumise sous le voile. Ils viennent soumettre l’origine du monde. Ils viennent après avoir prié, supplié pour que cessent leurs maux, pour que cesse l’enfer. Ils reviennent encore et consument la chair de leur désir. Sans honte, ni regrets. Ils élèvent un empire pour atteindre au sommet d’un jardin vide de mots. Plus de cris, plus de larmes, mais des chiffres et des armes. Plus de bûcher mais un marché, une place aux enchères, quelques marches de plus vers les feux scintillants d’un éden sans arbre ni fruits mais empli de trônes d'or et de rubis. 

Roulée en boule dans le cœur de la nuit, la femme gémit, secouée de sanglots, hoquetant sur un ciel oublié. Les bras serrés autour de l’enfant bafouée qui gît sur la terre profanée, elle hurle le voile déchiré, les chairs calcinées exsangues de larmes. Elle expire dans l’absence et le silence, dans le cri de deux mots : « aide-moi.  »

 

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31 octobre 2014

Danse

 

 

feuJe veux vivre d’autres lieux,
Danse, Danse,
Je veux rêver ma vie
Danse, Danse,
Sous la pleine lune,
la chaleur des corps nus dégage d’épaisses fumées,
Danse, Danse,
Au rythme des tambours et des chants.
Le feu t’éclaire et nourrit ton Rêve,
Danse, Danse,
Tes pieds nus sur notre Terre mère,
Au rythme des tambours,
Danse, Danse,
Le chant des guerrières t’accompagne.
Hommes et femmes enfin réunis,
Yin et  Yang entrelacés,
Le serpent  originel retrouve sa place dans ton  corps,
Danse, Danse,
Emmène ton Double avec toi, et …. 

Danse, Danse
Ça y est, ton corps guérit….
Danse, Danse Danse, Danse,
Ecoute le vent,
Ecoute le chant de ta liberté,
Ecoute avec ton corps,
Ecoute avec ta peau

Et….

Danse, Danse
Le vent est ton ami,
Serre le, enlace le, tourbillonne avec lui,
Laisse toi aller enfin…
Danse, Danse,
Et entre sous la tente.
Ton corps nu ressent la chaleur des pierres,
Danse, Danse  à l’intérieur de toi,
Les chants et la musique tournent à l’extérieur,
Les guerriers unissent leur force et leur esprit,
Danse,
Danse tout dedans.
Découvre ce nouveau monde,
Découvre ces nouvelles perceptions,
Laisse toi aller ,
Danse, Danse dans les vapeurs de sauge,
Danse , Danse à l’intérieur de toi.
Des couches se brisent,
Continue, Danse, Danse,
Et  accède au plus profond de toi.
Les tambours tournoient,
Ton corps se renforce, se renforce….
Tu es Loup, Ours, Cerf, Aigle …
Tu es Toi

Et …

Tu Danses sans t’en apercevoir.
Tu es en train de Rêver ton monde,
Enfin ….
Danse, Danse ,
Rêve, Rêve, au son des tambours,
Tu crées ton monde,
calme et douceur…….
La détente absolue est là.
Tu es enfin chez toi……..
Le loup est là  et  il  t’accompagne

Texte publié sur le site Esprit Chamanique

 

10 mars 2014

Bernard Tirtiaux - Les 7 couleurs du vents

Bernard Tirtiaux est un maître verrier. Un maître qui a su apprivoiser la lumière ; celle où chaque couleur dit une parcelle de l'Etre. Après avoir capté son essence à travers des vitraux, il l'a insufflée dans des romans où les mots ont une teinte, un son, un parfum. L'ensemble forme une poésie symphonique qui enchante le lecteur pour peu que celui-ci soit sensible à la musique du vent, aux murmures d'un ruisseau ou aux rugissements de l'océan, ou bien encore aux bruissements de la terre.

"Les sept couleurs du vent" est son deuxième roman, après "Passeur de Lumière". Il y confirme son talent d'écrivain, sa maîtrise de l'art de capter la lumière pour restituer sa beauté de telle manière qu'elle touche le cœur du lecteur.

"Une nuit, il lui vient comme une musique dans la tête, une mélopée étrange qui s'épaissit. Le charpentier traverse une forêt peuplée d'immenses flûtes d'étain. A chaque tuyère qu'il touche, un son jaillit. Sauvages, les notes s'échappent, entrecroisent leurs chemins, explorent des espaces vides, s'insinuent dans les ravins où se terre l'écho, envahissent des vaisseaux de cathédrales à la recherche de la voix qui manque à leur chant, un timbre de femme. La belle porte le rêve et l'attente d'un charpentier au cœur pur. Elle offre ses doigts d'élégance aux claviers des orgues d'une ville du Nord ou du Sud. Ses bras sont nus, tout comme ses pieds souples, qui dansent sur un pédalier de bois. Elle chaloupe. Le vent des notes délivre ses cheveux, s'infiltre sous le voile qui la couvre. Il la caresse, fait frissonner sont ventre, ses seins, ses épaules. Elle est brune. Elle est blonde. Elle est noire. Elle a les yeux bleus et marron et verts. Elle est la destinée."

 

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Sculpture de verre - Bernard Tirtiaux

 

14 avril 2014

Je marcherai - Jean Debruyne

Je marcherai sous le soleil trop lourd
Sous la pluie à verse
Et dans la tourmente
En marchant
Le soleil réchauffera mon cœur de pierre
La pluie fera de mes déserts un jardin
A force d’user mes chaussures
J’userai mes habitudes
Je marcherai,
Et ma marche sera démarche
J’étais môns au bout de la route
Qu’au bout de moi-même
Je serai pèlerin
Je ne partirai pas seulement en voyage
Je deviendrai moi même un voyage,
Un pèlerinage

 

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3 juillet 2014

Rêverie de vieille chaise

Allongée sur une vieille chaise longue en osier, qui a connu des jours meilleurs et des jours pires aussi, remisée puis oubliée un temps parmi d’autres vieilleries, je me dis qu’il est des rencontres que l’on attendait pas et qui sont source de réconfort par le simple fait d’être là, quand d’autres interrogent ou dérangent.

Ainsi cette vieille chaise. Combien d’hommes et de femmes, d’enfants, a-t-elle accueilli entre ses bras ? Combien de rêves, combien d’histoires dessinées sur l’azur par des nimbus d’argent ou des barbes-à-papa ? Percée en maints endroits, elle n’en continue pas moins d’offrir le repos.

Les yeux mi-clos, je laisse mes pensées vagabonder sur les ailes d’un papillon, s’envoler sur le dos d’une tourterelle et dériver au gré de la brise jouant dans les feuilles d’un chêne. Quelques fourmis effrontées viennent me visiter, faisant naître un sourire en même temps qu’une question : quelle conscience aurais-je de ces fourmis si je ne les voyais pas ? Savent-elles les sensations que leurs mouvements, leurs déambulations provoquent ? Que savons-nous de l’autre ? Que sait-il de nous ? Peut-on éviter que la joie d’un émoi ne s’envole en laissant la place à d'amers regrets ?

La vieille dame gémit et craque sous mes mots. Souviens-toi, semble-t-elle me dire. Souviens-toi de ce pèlerin, venu de Birmingham, de l’émotion de cette rencontre un soir d’été, de ses rires éclaboussant vos vies, de sa foi éclairant votre nuit. Émoi éphémère glissant entre les doigts du temps dont il ne reste qu’une image, fleur de jasmin embaumant la mémoire.

Je sais, grand-mère, mais tu me connais, maintenant. J’ai suffisamment écrit et rêvé au creux de tes bras pour que tu saches mes craintes, mes songes déchirés, mes souvenirs blessés ! Parfois le cœur est si assoiffé qu’il prend le souffle du vent pour la voix de l’être aimé et entend les réponses à ses questions dans les craquements d’une vieille chaise. Un mot le touche ? Il n’est que pour lui, il oublie le monde autour, oublie les milliers d’autres qui écoutent. Une image l’émeut ? Elle n’est pour personne d’autre que lui, elle ne parle qu’à lui et le regard se fourvoie qui interprète les augures pour étancher une soif d’enfant, un désir adolescent.

A quelques pas de la chaise, une huppe s’est posée, déposant mes pensées. La plume en suspend, je savoure un moment le silence de l’esprit et écoute le babil constant du petit peuple du jardin. Aucunes questions, ni doutes, ni certitudes dans leurs bavardages. Durant un instant, j’oublie ce que j’ai semé par mes mots souvent inconsidérés. J’ignore les graines qu’ils contiennent. Fleurs ou chardons, belles pérennes ou aconit ? Par une étrange alchimie du cœur, certaines semences donnent ici des fruits sucrés, là des fruits amers, ici un germe de vérité et là une pousse d’illusion.

L’autre est un jardin dont il faut prendre soin, mais il faut se garder de croire que l’on en est le jardinier. Si la vieille chaise pouvait vraiment parler, peut-être me dirait-elle d'être attentive à ce qui est écrasé sous mes pieds, à ce qui est libéré par mes pas. Peut-être me dirait-elle que c'est pour cela qu'elle est chaise, parce qu'immobile, elle offre une assise et, les bras toujours tendus et ouverts, elle accueille tout ce qui advient.
Oui, mais moi, j'ai une plume au bout de mes doigts ! Alors
avant de souffler sur les mots, avant qu'ils ne prennent leur envol, j'écoute encore l'osier me dire les histoires contées par le vent.

  

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28 juillet 2015

Corps à corps

Corps accords des cœurs
à l'heure où s'éteignent les lampions de la nuit.
Les lèvres murmurent dans le vent
les papillons de vie qui viendront se poser
sur les seins tendus d'amour,
béants de chavirer dans la nudité.

Corps à corps aimants.
L'ombre tout contre la lumière
épouse les cœurs essoufflés de s'aimer.
Les mains dessinent le jour,
touché ardent sur la harpe de l'être,
encore vibrant d'une brune à la chevelure d'argent.

En ré mineur, la toile se tisse
et s'emperle d'eau vive,
de sève jaillissant des entrailles de l'âme.
Peau contre peau, je m'accorde à ton corps,
chair contre chair, je me dépouille et te révèle.
Tu me dénudes de ton feu.

Corps à cœur vivant.
De l'impudeur des amants
émane la source première surgie du premier âge.
Je t'embrasse et t'enlace, tu te dresses et m'élèves.
Je me cabre et me tends, tu me combles et m'apaises.
Tu m'accordes à l'aurore qui déshabille le ciel.

 

 

Canicule Patricia Hourcq
Mosaïque - Patricia Hourcq

  

 

15 décembre 2015

Tout est paradoxe

- Mieux que la vie, l’amour. Mieux que l’amour, la mort. Mieux que la mort, la vie.
Où est mon cœur ? Perdu dans sa toilette ?  

L’Ego, cette outre avide pleine de cris et d’insolence
                               coule à flot dans le jour poreux
               comme l’eau dans son silence transparent.
Comme l’instant liquide de l’aveu inaudible.
              Quelqu’un en moi déchire l’illusoire battement de la lumière. 

 Sais-tu comment dans l’aube d’un désir criard,
            comment se répare le corps
            lorsqu’il fronce comme une page froissée ?  

Et, cette odeur de gésine brièvement alliée à la parole,
                          L’entends-tu s’enraciner dans le dire ?  

Demain, aujourd’hui à paraître.
                                 La fumure d’exils amoncelés, la chute après le souffle.
                                 Le ferment dans la poitrine s’efface
                                 à la bouche de la hyène mordante du désir,
                                 sur l’onde courte et l’aveugle citerne de la voix. 

 Mon chant est un hurlement, mon corps une inscription.
                Je suis passeur dans la clarté mûrie.
                Je suis cascade au fond de mon bois tari.
                Je suis le déplacement où frémit le rinçage,
                et la cendre tremblante de mon levain. 

                                                                     © Bruno Odile

  

Sans titre
Image internet

 

14 juin 2016

Ce qui me fait mal - Fernando Pessoa

A ceux qui s'endorment le cœur lourd de rêves inachevés, qui goûtent les couleurs de ce monde sans pouvoir en savourer la douceur.

 

O que me dói não é
O que há no coração
Mas essas coisas lindas
Que nunca existirão...

São as formas sem forma
Que passam sem que a dor
As possa conhecer
Ou as sonhar o amor.

São como se a tristeza
Fosse árvore e, uma a uma,
Caíssem suas folhas
Entre o vestígio e a bruma.

 

Ce qui me fait mal
Ce n'est pas ce qu'il y a dans le cœur
Mais ces choses si belles
Qu'elles n'existeront jamais

Ce sont les formes sans forme
qui viennent sans que la douleur
puisse les connaître
ni l'amour les rêver

Elles sont comme si la tristesse
Etait un arbre dont, une a une,
 les feuilles tombaient
entre le souvenir et la brume

Traduction personnelle

 

 

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Image internet

 

28 mars 2017

Lune brune

La lune noire éclaire la nuit
allumant mille feux sur la voûte saphir.
Un rêve glisse sur l'herbe toute perlée d'étoiles,
nostalgie d'un émoi englouti,
d'une plume sur le bout de mes doigts
dessinant le frémissement d'un parfum.

Il y avait le chant du ruisseau
et ton souffle sur la rondeur de mon sein ;
La tourterelle dans le cyprès
et le printemps qui ruisselait dans ton regard
brûlant la courbure de mes hanches.

L'herbe mouillée est froide sous mes pieds.
Le dome étoilé se tait.
Sous la lune noire, terne est le rythme du cœur,
sans couleur la plume et les mots.
Les bleus s'en sont allés.
Comme tout est silencieux !

Au sol, la lune luit de cette absence
laissée par un voleur inattentif.
Sous la fenêtre ronde, un petit grain a posé
juste assez de douceur dans la poussière.
Le rêve prend son envol.

 

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Image internet

 

26 octobre 2016

Simplement le ressac et puis l’écume

Peut-être un grain de silice glissé entre les orteils
La délicatesse du sable si fin et si soyeux
Le vent tombé, le macareux arrêté en plein ciel
Un phare perché dans le lointain, jusqu’à l’infini de la grève
Inutile, dressé face à l’océan, planté sur la rocaille
Le mouvement lent de l’horizon glissant sur l’eau
Un bleu si bleu qu’il ne sert à rien de le décrire
Il remplit le décor, il avale tout sur son passage
Puis l’écoulement de la fraicheur autour de la cheville
Comme une pluie couchée sur le dos qui déferle sous la peau
Arasement de l’air qui remplit d’éclats salins
Les paupières qui se referment
Mais ce voilier, si lointain, si blanc
Dérivant entre les brisants
Qu’emporte-t-il à son bord ?
Peut-être ton âme vagabonde
Ton visage et ton sourire
Ta délicatesse et l'amour et la vie
Tout ce qui vide ce tableau ridicule
Qui se peint péniblement
Sur ce bout de papier inutile
Qu’au moins il s’envole
Pour rendre à l’aile
Son envergure
Et sa beauté

Le Voyageur Internautique

 

P9210628

19 mars 2017

Esprits rebelles

Nous ne sommes plus une terre de paix,
nous ne sommes plus une terre d'accueil.
Qu'avons-nous fait de notre cœur ?

C'était il y a longtemps, la mémoire s'en souvient.
La terre était fertile, c'était une terre d'asile
où dans les chants se propageaient les liens.
Caïn avait tué Abel, oui je me le rappelle.
Mais depuis les grandes eaux,
de Victor Hugo à Lorca, en passant par Celan,
Khalil Gibran et Ben Jelloun,
les cœurs rebelles ont fructifié.

Que sommes-nous devenus ?
Nous ne sommes plus une terre de paix,
nous ne sommes plus une terre d'accueil.

Il y eut pourtant tant de semeurs.
En ce temps là les cœurs étaient féconds
ensemencés par Saint Exupéry, Apollinaire et Giono,
et nous pensions les guerres bien loin
car nous savions, à l'autre, tendre la main.
Les portes étaient ouvertes et les batteuses en juillet
fêtaient le grain dans les grenier garnis.
Nous partagions le pain et n'étions pas avares de joie.

Que s'est-il passé aujourd'hui ?
Nous ne sommes plus une terre de paix,
nous ne sommes plus une terre d'accueil.

Les épines ont poussé, si noires malgré leurs fleurs.
Nos cœurs sont des ronciers portant des mûres si sures.
Nous ne sommes plus une terre fertile,
nous en avons banni Camus
et nos âmes sont débiles, Dostoïevsky est loin.
Le cœur s'étiole en jardin clos, mais tout comme le roseau,
si on lui donne un nay, il chante.
De proche en proche, sa voix s'entend,
de proche en proche, elle enfle et se répand.

Qu'avons-nous fait de notre souffle,
que faisons-nous de notre voix ?
Nous ne sommes plus une terre de paix,
nous ne sommes plus une terre d'accueil.

Qu'avons-nous fait de notre terre,
que faisons-nous de notre cœur ?
Nous ne sommes plus une terre de paix,
nous ne sommes plus une terre d'accueil.

Réveillez-vous, esprits rebelles !
Les moutons sont sans cœur et les loups n'ont pas d'âme.
Réveillez-vous, semez demain.

Donne moi le nay et chante.
l'utopie est un rêve ensemencée de liens
et la terre est fertile qui est une terre de paix
et la terre est féconde qui est une terre d'accueil.

 

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26 août 2017

L'effondrement

 

Il y a d'abord l'effondrement. 

Puis l'enchevêtrement. 

L'étonnement vient avant la douleur. Peut-être. Primordiale est l'instant de soi. La renaissance à la nature. La dureté, l'âpreté. La matière brute enchevêtrée. Et le souffle. L'air qui arrache la vie à la perdition. Puis réapprendre à respirer. Pas tout de suite. Il y a d'abord le rétablissement. Reprendre pied. Le souvenir des autres que soi. A nouveau l'effondrement. L'abîme.  La descente infinie. Là, seulement là, réapprendre à respirer.  Inspirer puis inspirer encore.  Ouvrir la bouche, la suffocation.  Jusqu'à la suffocation. Souffler. Un petit rien. Un hoquettement. Ça ressemble à un haut-le-cœur. Un retournement de l'intérieur. Et tout de suite, aspirer, aspirer encore et encore. Aspirer du vital. Avaler de la peur, jusqu’à la nausée. Tout cela en une fraction d'instant, un morceau de seconde, de la brisure de temps. Puis le vide. Le regard vers le ciel. Le vert des arbres. La prairie. La maison avec la toiture en pente. Rien de tout cela.  Uniquement le gris de la poussière.  La mauvaise odeur de pourriture. Déjà. Le regard circulaire pour espérer.  Pour croire un instant. Et rien.  Seulement le vide et le rien. L'esseulement. Un inconnu vous touche l'épaule. Puis une femme. Un homme aussi, peut-être. Un être humain, c’est à peu près certain. Une très vieille femme. Mais il faut de l'enserrement, une étreinte à bras le corps. Quelque chose qui vous replie sur vous-même, qui vous compacte. Et ainsi se sentir entier. Entier mais vide. Toujours et encore vide. Il n'y aura plus jamais quoi que ce soit à la place, mais on ne le sait pas encore. Toute la vie, on essaiera de comprendre ce moment d'arrachement, ce cours instant de l'effondrement. Et l'enchevêtrement qui a suivi. Ce n'est que cela la vie. Ni plus ni moins. Essayer vainement de comprendre, de trouver un sens à ce qui n’en a pas, à l’incommensurable. 

A toi, ce petit morceau de moi qui plus j'aimais ne sera.

Pourtant, j'ai réappris le mouvement des poumons. De l'air qui rentre et qui sort. Pourtant, hé oui pourtant. 

Il faut maintenant trouver quelque chose d'utile à faire. Un début de commencent. Peut-être un pas. Oui, un pas c'est bien.

© L'effondrement - Olioweb

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16 octobre 2012

Invitation

L’INVITATION

Je ne m’intéresse pas à ta façon de gagner ta vie Je veux savoir ce que tu désires de tout ton être
Et si tu oses rêver d’aller à la rencontre de ton désir profond.
Je ne m’intéresse pas à ton âge
Je veux savoir si tu prendras le risque de te ridiculiser pour l’amour,
Pour tes rêves, pour l’aventure de la vie.
Je ne m’intéresse pas à ta quadrature lunaire
Je veux savoir si tu as sondé le fond de ton propre chagrin,
Si, trahi par la vie, tu t’es ouvert à elle,
Ou si ses trahisons t’ont desséché et enfermé dans la peur de nouvelles peines !
Je veux savoir si tu sais être habité par la douleur, la tienne et la mienne,
Sans chercher à la cacher, à la minimiser, ou à la réparer.
Je veux savoir si tu sais être habité par la joie, la mienne et la tienne,
Si tu peux danser une danse sauvage et t’abandonner à l’extase
Jusqu’aux extrémités de ton corps et de ton être, sans nous rappeler à la prudence,
A la réalité, ou aux limites de la condition humaine.
Je ne m’intéresse pas à la véracité de ton histoire,
Je veux savoir si tu peux décevoir un autre afin de rester fidèle à toi-même
Et tolérer d’être accusé de trahison sans trahir ton âme.
Je veux savoir si tu peux être fidèle et ainsi digne de confiance.
Je veux savoir si tu peux voir la beauté
Même si ce n’est pas joli tous les jours
Et si tu peux puiser ta vie dans la présence de Dieu.
Je veux savoir si tu peux vivre avec l’échec, le tien et le mien,
Et quand même te tenir debout au bord du lac
Et crier, à l’éclat argenté de la pleine lune, « Oui ! ».
Cela ne m’intéresse pas de savoir où tu habites et combien d’argent tu possèdes,
Je veux savoir si tu peux te lever après une nuit de douleur et de désespoir,
Epuisé et meurtri jusqu’à la moelle des os et faire ce qui est nécessaire pour les enfants.
Cela ne m’intéresse pas de savoir qui tu es, et comment tu es arrivé jusqu’ici.
Je veux savoir si tu te tiendras au milieu du feu avec moi sans reculer.
Cela ne m’intéresse pas de savoir où, quoi, avec qui tu as étudié.
Je veux savoir ce qui te soutient à l’intérieur quand tout le reste s’écroule.
Je veux savoir si tu peux être seul avec toi-même
Et si tu aimes vraiment la compagnie que tu fréquentes dans les moments de solitude.
 

Oriah Mountain Dreamer, Aîné Améridien

 

 

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Sculpture Bruno Torf

 

10 octobre 2012

Malala

Ils ont tiré et fait saigner,
ce cœur d’enfant adolescent.
Pour bâillonner et mutiler
la voix du vent.

Mais le doux, le pénétrant
à raison de la force, même armée
le vent est plus puissant
qui souffle la vérité

C’est la voix d’une enfant
dont le sang a coulé
C’est la voie de Malala
qu’ils ne pourront fermer

Les voix de Zartef et Farida
chantent encore dans le vent
le doux, le pénétrant
aura raison de leur loi.

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7 septembre 2013

Abd el Malik Nounouhi

 

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Un regard, un souffle, une respiration

    et d'un geste, un trait,
    les lettres de l'alphabet
    se mettent à parler!

    à l'oeil qui écoute!
    les yeux grands ouverts!

    ces lettres de correspondances
    gravées sur des feuilles à grains!

    comme des grains de sable
    que le vent place et replace,
    lettre par lettre
    et finit par en faire des mots!

    des mots conversent,

    des mots et des phrases
    à la langue tachée d'encre.

    l'encre d'une écriture qui surgit
    et refait surface
    comme une vague profonde,

    une vague intérieure
    à la voix qui jette l'encre
    et l'encrier comme l'écume
     trouve une voie d'issue

    et entrouvre une porte
    à ces paroles non dites.

    Ces paroles, ces mots solitaires,
solidaires dans le geste du roseau,
    le "Calam" qui souffle sa flûte.
    une mélodie de mots,
     visibles et illisibles à la fois
     mais audibles peut être,
    si on les écoutait danser,
    si on les regardait parler,
    comme une musique intérieure.

Lettres d'Interieur

J'ai connu les calligraphies d'Abd el Malik Nounouhi avec la poésie d'Ibn Arabi.
Chacune d'elle dit l'Etre et la profondeur du Silence. La main trace le trait, l'Esprit guide la main et l'Âme envole l'Esprit, envole l'Expir dans l'Inspir du Divin.

 

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18 août 2015

Mach die Tür auf - Ouvre la porte

Die Tür muß auf                                                     La porte doit s'ouvrir,
Und ich muß raus.                                                 il me faut sortir.
Warum ist es so schwer ?                                    Pourquoi tant de difficulté ?
Ich kann nicht daher !                                          Je ne peux aller de l'autre côté !

Doch kannst Du es !                                              Bien sûr que tu le peux !

Mach die Tür auf                                                  Ouvre la porte,
Laß den Schmerz heraus !                                  que la souffrance sorte !
Weg ins Meer !                                                      Jette-la dans l'océan !
Es ist so langerher.                                              C'était il y a si longtemps.

Manchmal Fledermaus                                      Des oiseaux de nuit parfois
Fliegen in meinem Haus.                                   volent sous mon toit.
Gibt es keine Wiederkehr                                   Ne se peut-il que ressurgissent
Für Traüme von vorher ?                                  les rêves du temps jadis ?

Ich wollte nur schlaffen.                                     Je voulais juste me reposer
Niemals erwachen !                                            Ne plus jamais m'éveiller !

Das kann nicht sein.                                           Ne dis pas de telles absurdités
Laß die Liebe rein,                                              laisse de nouveau l'amour entrer,
Laß  die Nacht heraus                                        laisse sortir la nuit
und
die Tür auf  !                                                et puis ouvre l'huis !

 

 

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catherineboyer.theatre-contemporain.net

 

 

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Esprits Rebelles

La poésie est un chant et une parole.
C'est une parole qui parle à la parole de l'homme et qui permet, si elle est entendue, la part miraculeuse de l'existence - Gabriel Mwènè Okoundji -



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