Brouillard
Le brouillard a éteint le matin
et blanchit le noir d'un ciel pleurant des miroirs
sur les toits,
sur les routes ne menant nulle part.
Les arbres nus tremblent de froid,
les cheminées silencieuses des maisons désertées
ne sèchent plus leurs rêves.
Ils ruissellent et s'égouttent sur la ligne du temps,
claquant au vent d'hiver,
comme autrefois les draps de nos grand-mères
en linges mortuaires d'une innocence envolée.
Est-il un chemin vers hier pour Te trouver ?
Dans les brumes froides et ternes
l'aube se recroqueville,
se replie dans un coin de terre oubliée.
Je n'ai plus de soleil pour tracer les sillons de lune.
Les semailles de la nuit se sont éparpillées
aux vents amers éperdus de Ton souffle,
aux gouttes sans pluie, ni rosée
tombant des branches sèches d'arbustes mortifiés.
Dans les rêts du brouillard,
les âmes errantes entrelacent leurs peines,
la mienne délie le chagrin de nos pères,
l'amertume de nos mères,
tandis que le Tienne relie les étoiles d'une voix
chantant dans la grisaille
d'un matin de décembre.