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Esprits-rebelles
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9 avril 2016

Histoire d’Elle’s

On ne peut pas toujours regarder devant soi
Il est des fois où dans les détours je m’enlise
Où je perds mon chemin dans le miroir du temps
Je voudrais revoir une dernière fois au coin du bois
Ses cheveux au vent, son sourire au loin, sa main tendue
Et quand je cours, tomber lentement dans ses bras
Car je sais qu’elle me rattrapera, que jamais
Au grand jamais elle ne me laissera choir
Une dernière fois entendre sa voix me murmurer à l’oreille
Qu’il ne faut pas pleurer, que les larmes ce sont des océans de sel
Qui figent les mots dans la pierre de granite qui pèse, mais qui pèse
Pouvoir lui demander quel est le sens de ce drôle de monde
Où les gens marchent sur la tête pendant que d’autres
Ont les cheveux dans les yeux pour ne pas voir
Mais la réponse à ces questions je la connais déjà
Car il y a dans ma tête une dame aux allures de demoiselle
J’en suis resté amoureux, et toujours un peu jaloux
Une dame qui me regarde, qui écoute mes douleurs
Qui sait quand je mens, qui lit dans mes paroles
Les aléas de
mes pensées, les rêves oubliés
Ceux que font les tous petits quand ils sont ébahis
Par ce regard dans lequel ils se perdent avec joie
Elle est tellement présente qu’il me faut parfois fermer les yeux
Pour que disparaissent les siens et que je puisse te voir
Amie de toujours renaître à la vie, et partager avec toi
Ce souvenir maudit qui grignote ma cervelle
Quand je m’allonge à côté d’elle dans ce suaire exigu
où il n’y a de place que pour un seul
On ne peut pas toujours regarder devant soi
Il est des fois où je m’enlise dans les détours
Où je perds mon chemin dans des miroirs de boue

                                                   Olivier Issaurat

 

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22 mars 2016

Vor einer Kerze - Paul Celan

 

J’ai façonné d’or repoussé, comme
tu me l’avais, mère, expressément ordonné,
le chandelier d’où
elle me submerge peu à peu d’obscur au milleu
d’heures qui se brisent en miettes :
la fille de ton
être-morte.

 Svelte, élancée,
ombre mince aux yeux amandes,
la bouche et le sexe
pris dans la danse d’une faune de sommeil,
elle se dégage légère de l’or béant,
monte vers le sommet
du crâne du Maintenant.

Par mes lèvres tendues
de nuit
je prononce la bénédiction :  

      Au nom des trois
      qui se combattent jusqu’à
      ce que le ciel plonge dans le tombeau des sentiments,
      au nom des trois dont les anneaux
      me brillent au doigt chaque fois
      que dans le gouffre je dénoue les chevelures des arbres,
      pour qu’un flux généreux fasse retentir l’abîme –,
      au nom du premier des trois,
      qui poussa un cri
      quand il s’agit de vivre là où sa parole déjà, avant lui, avait été,
      au nom du deuxième, qui regarda et pleura,
      au nom du troisième qui met des pierres
      blanches en tas au millieu –
      je te dégage
      de l’amen qui nous stupéfie,
      de la lumière de glace qui le borde
      là où il entre haut comme une tour dans la mer
      là où la grise, la colombe
      picore les noms
      en deçà et au-delà du mourir :
      tu restes, tu restes, tu restes
      l’enfant d’une morte,
      consacré au Non de ma désirance,
      marié à une crevasse du temps
      devant laquelle m’a conduit le mot-mère,
      afin qu’une fois une seule
      tremble soudain la main
      qui ne cesse de m’étreindre le cœur !

 

 

Aus getriebenem Golde, so
wie du’s mir anbefahlst, Mutter,
formt ich den Leuchter, daraus
sie empor mir dunkelt inmitten
splitternder Stunden :
deines
Totseins Tochter.

Schlank von Gestalt,
ein schmaler, mandeläugiger Schatten,
Mund und Geschlecht
umtanzt von Schlummergetier,
entschwebt sie dem klaffenden Golde,
steigt sie hinan
zum Scheitel des Jetzt.

Mit nachtverhangnen
Lippen
sprech ich den Segen :

Im Namen der Drei,
die einander befehden, bis
der Himmel hinabtaucht ins Grab der Gefühle,
im Namen der Drei, deren Ringe
am Finger mir glänzen, sooft
ich den Bäumen im Abgrund das Haar lös,
auf daß die Tiefe durchrauscht sei von reicherer Flut –,
im Namen des ersten der Drei,
der aufschrie,
als es zu leben galt dort, wo vor ihm sein Wort schon gewesen,
im Namen des zweiten, der zusah und weinte,
im Namen des dritten, der weiße
Steine häuft in der Mitte, –
sprech ich dich frei
vom Amen, das uns übertäubt,
vom eisigen Licht, das es säumt,
da, wo es turmhoch ins Meer tritt,
da, wo die graue, die Taube
aufpickt die Namen
diesseits und jenseits des Sterbens :
Du bleibst, du bleibst, du bleibst
einer Toten Kind,
geweiht dem Nein meiner Sehnsucht,
vermählt einer Schrunde der Zeit,
vor die mich das Mutterwort führte,
auf daß ein einziges Mal
erzittre die Hand,
die je und je mir ans Herz greift !

 

 

Eclat de vie
Eclat de vie - Bleu Ebouriffé

 

21 février 2016

Promenades dans les rochers (IV)



Dieu ! que les monts sont beaux avec ces taches d'ombre !
Que la mer a de grâce et le ciel de clarté !
De mes jours passagers que m'importe le nombre !
Je touche l'infini, je vois l'éternité.

Orages ! passions ! taisez-vous dans mon âme !
Jamais si près de Dieu mon cœur n'a pénétré.
Le couchant me regarde avec ses yeux de flamme,
La vaste mer me parle, et je me sens sacré.

Béni soit qui me hait et béni soit qui m'aime !
A l'amour, à l'esprit donnons tous nos instants.
Fou qui poursuit la gloire ou qui creuse un problème !
Moi, je ne veux qu'aimer, car j'ai si peu de temps !

L'étoile sort des flots où le soleil se noie ;
Le nid chante ; la vague à mes pieds retentit ;
Dans toute sa splendeur le soleil se déploie.
Mon Dieu, que l'âme est grande et que l'homme est petit !

Tous les objets créés, feu qui luit, mer qui tremble,
Ne savent qu'à demi le grand nom du Très-Haut.
Ils jettent vaguement des sons que seul j'assemble ;
Chacun dit sa syllabe, et moi je dis le mot.

Ma voix s'élève aux cieux, comme la tienne, abîme !
Mer, je rêve avec toi ! monts, je prie avec vous !
La nature est l'encens, pur, éternel, sublime ;
Moi je suis l'encensoir intelligent et doux.

                                    Victor Hugo

15 février 2016

Mélancolie

Le soleil plie l'éventail de ses rayons,
Jésus sur son âne retourne à Jérusalem.
Le voyageur s'étant acheté une lanterne,
    va son chemin vers le lointain village.

Le Sage médite
    au bord de la brume crépusculaire.
L'escargot rentre dans sa coquille.
Noyé de pluie se dresse le beffroi
    (frappé par l'ombre de la croix la cloche sonne).
Une voix transparente
T'appelle par ton nom,
Toi, pourtant éveillé, tu seras l'hôte du rêve.

Ceci est un conte de fées.

La nuit est bien avancée,
Donne-moi une allumette

                                 Lu Yuan

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Chaine du Zhangye Danxia - Rebecca Mock

29 janvier 2016

Lumière

Même faibles comme une bougie,
il nous faut brûler jusqu'à la dernière larme ;
Même ténus comme une allumette,
il nous faut provoquer l'étincelle au moment utile ;
Réduits en cadavres pourris,
transformons-nous encore en feux follets
pour hanter la plaine sauvage.

                                       Ai Tsing

 

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Luis Royo - Femme Chinoise

 

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2 janvier 2016

Voleur

Nous ne partageons pas le même monde.
Tu es un avaleur de rêves.
Ta vie de mangeur d’âmes
prend forme
quand vient le soir
et que la brume l’endeuille
Alors ombre de la mort
tu te glisses en notre peau.
Tu t’immisces en nous.
Tu jettes des yeux
qui tombent en pluie mauvaise
dans nos cerveaux
pour à l’intérieur nous deviner
nous dépecer
enlever d’un coup
nos joies et nos espoirs.
C’est ainsi que loin de toi
nous découvrons le trou
sans air et sans lumière
que tu as laissé dans nos pensées.
Une tristesse sans espoir
noie ma rage et mon chagrin
quand je pense à toi.
Car je voie sous mes yeux
celui que tu as crucifié.
Il n’est plus que misère et rancœur.
Ce n’est pas l’or que tu lui as pris,
c’est son humanité.
Il était joyeux
et gaie comme un pinson.
Le voilà ennemi du monde
et du peuple.
Tu fabriques dans ta besace
la misère qui sert ton destin.

                  © Le Voyageur internautique

 

 

15 décembre 2015

Tout est paradoxe

- Mieux que la vie, l’amour. Mieux que l’amour, la mort. Mieux que la mort, la vie.
Où est mon cœur ? Perdu dans sa toilette ?  

L’Ego, cette outre avide pleine de cris et d’insolence
                               coule à flot dans le jour poreux
               comme l’eau dans son silence transparent.
Comme l’instant liquide de l’aveu inaudible.
              Quelqu’un en moi déchire l’illusoire battement de la lumière. 

 Sais-tu comment dans l’aube d’un désir criard,
            comment se répare le corps
            lorsqu’il fronce comme une page froissée ?  

Et, cette odeur de gésine brièvement alliée à la parole,
                          L’entends-tu s’enraciner dans le dire ?  

Demain, aujourd’hui à paraître.
                                 La fumure d’exils amoncelés, la chute après le souffle.
                                 Le ferment dans la poitrine s’efface
                                 à la bouche de la hyène mordante du désir,
                                 sur l’onde courte et l’aveugle citerne de la voix. 

 Mon chant est un hurlement, mon corps une inscription.
                Je suis passeur dans la clarté mûrie.
                Je suis cascade au fond de mon bois tari.
                Je suis le déplacement où frémit le rinçage,
                et la cendre tremblante de mon levain. 

                                                                     © Bruno Odile

  

Sans titre
Image internet

 

22 novembre 2015

Célébrer

 

Chacun de nous est finitude.
L'infini est ce qui naît d'entre nous
fait d'inattendus et d'inespérés.
Célébrer l'au-delà du désir, l'au-delà de soi.
Seule voie en vérité où nous pourrions encore
tenir l'initiale promesse.
Célébrer le fruit, plus que le fruit même
mais la saveur infinie.
Célébrer le mot, plus que le mot même
mais l'infinie résonance.
Célébrer l'aube des noms réinventés ;
Célébrer le soir des regards croisés ;
Célébrer la nuit au visage émacié ;
Des mourants qui n'espèrent plus rien
mais qui attendent tout de nous ;
En nous l'à-jamais-perdu
Que nous tentons de retourner en offrande,
Seule voie où la vie s'offrira sans fin,
paumes ouvertes

François Cheng                                                     

21 novembre 2015

Ecume d'opium

Comment aurais-je pu savoir que cette passion me rendrait fou,
qu'elle ferait de mon cœur un brasier et de mes deux yeux un torrent.
Comment aurais-je pu savoir qu'une crue soudaine m'emporterait
et dans la mer rouge de sang comme un navire me jetterait ;
qu'une vague heurterait le navire qui planche par planche se fenderait
en tourbillons variés chaque planche tomberait.
Puis une baleine lèverait la tête et boirait l'eau de cette mer.
Une telle mer sans fin  deviendrait sèche comme un désert
et ce désert à son tour fendrait la baleine buveuse d'océan,
par le courroux dans l'abîme l'entrainerait.
Après ces métamorphoses, il ne restera plus ni mer ni désert
Que sais-je de ce qui fut ensuite ?
Le pourquoi dans le sans-pourquoi s'est noyé.
Il y a de nombreux que sais-je.
Mais ce que je sais c'est que dans cette mer
j'ai goûté une écume d'opium par une main qui ferme les lèvres. 

Djalāl ad-Dīn Rūmī

 

18 octobre 2015

Voces

Aquí, en este instante
en que el pulso del mundo se detiene
Me dejo atrapar por tus pensamientos
Vacio mi mente en la tuya
Y espero
Que al abrigo del sueño
Aparezcas como cada noche
Enciendo las luces de tu mirar
Para descubrir que en tus pupilas
Se halla el fuego
Y navego entre tus mares
Ríos caudalosos tus venas
Me transportan dentro de ti
Y siento
Mi corazón como el sonido de la tierra

                                               Auteur inconnu

  

Là, en cet instant
Qui contient la pulsation du monde
Je me laisse saisir par tes pensées
Mon  esprit se déverse dans le tien
Et j’attends
Qu’à l’abri du rêve
Tu apparaisses comme chaque nuit
J’incendie les étoiles de ton regard
Pour découvrir que dans tes yeux
Se trouve le feu
Et je navigue entre tes mers
Rivières abondantes tes veines
Me transportent en toi
Et je sens
Mon cœur comme le bruit de la terre.

Traduction personnelle

 

 

 

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La poésie est un chant et une parole.
C'est une parole qui parle à la parole de l'homme et qui permet, si elle est entendue, la part miraculeuse de l'existence - Gabriel Mwènè Okoundji -



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