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Esprits-rebelles
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22 mars 2016

Vor einer Kerze - Paul Celan

 

J’ai façonné d’or repoussé, comme
tu me l’avais, mère, expressément ordonné,
le chandelier d’où
elle me submerge peu à peu d’obscur au milleu
d’heures qui se brisent en miettes :
la fille de ton
être-morte.

 Svelte, élancée,
ombre mince aux yeux amandes,
la bouche et le sexe
pris dans la danse d’une faune de sommeil,
elle se dégage légère de l’or béant,
monte vers le sommet
du crâne du Maintenant.

Par mes lèvres tendues
de nuit
je prononce la bénédiction :  

      Au nom des trois
      qui se combattent jusqu’à
      ce que le ciel plonge dans le tombeau des sentiments,
      au nom des trois dont les anneaux
      me brillent au doigt chaque fois
      que dans le gouffre je dénoue les chevelures des arbres,
      pour qu’un flux généreux fasse retentir l’abîme –,
      au nom du premier des trois,
      qui poussa un cri
      quand il s’agit de vivre là où sa parole déjà, avant lui, avait été,
      au nom du deuxième, qui regarda et pleura,
      au nom du troisième qui met des pierres
      blanches en tas au millieu –
      je te dégage
      de l’amen qui nous stupéfie,
      de la lumière de glace qui le borde
      là où il entre haut comme une tour dans la mer
      là où la grise, la colombe
      picore les noms
      en deçà et au-delà du mourir :
      tu restes, tu restes, tu restes
      l’enfant d’une morte,
      consacré au Non de ma désirance,
      marié à une crevasse du temps
      devant laquelle m’a conduit le mot-mère,
      afin qu’une fois une seule
      tremble soudain la main
      qui ne cesse de m’étreindre le cœur !

 

 

Aus getriebenem Golde, so
wie du’s mir anbefahlst, Mutter,
formt ich den Leuchter, daraus
sie empor mir dunkelt inmitten
splitternder Stunden :
deines
Totseins Tochter.

Schlank von Gestalt,
ein schmaler, mandeläugiger Schatten,
Mund und Geschlecht
umtanzt von Schlummergetier,
entschwebt sie dem klaffenden Golde,
steigt sie hinan
zum Scheitel des Jetzt.

Mit nachtverhangnen
Lippen
sprech ich den Segen :

Im Namen der Drei,
die einander befehden, bis
der Himmel hinabtaucht ins Grab der Gefühle,
im Namen der Drei, deren Ringe
am Finger mir glänzen, sooft
ich den Bäumen im Abgrund das Haar lös,
auf daß die Tiefe durchrauscht sei von reicherer Flut –,
im Namen des ersten der Drei,
der aufschrie,
als es zu leben galt dort, wo vor ihm sein Wort schon gewesen,
im Namen des zweiten, der zusah und weinte,
im Namen des dritten, der weiße
Steine häuft in der Mitte, –
sprech ich dich frei
vom Amen, das uns übertäubt,
vom eisigen Licht, das es säumt,
da, wo es turmhoch ins Meer tritt,
da, wo die graue, die Taube
aufpickt die Namen
diesseits und jenseits des Sterbens :
Du bleibst, du bleibst, du bleibst
einer Toten Kind,
geweiht dem Nein meiner Sehnsucht,
vermählt einer Schrunde der Zeit,
vor die mich das Mutterwort führte,
auf daß ein einziges Mal
erzittre die Hand,
die je und je mir ans Herz greift !

 

 

Eclat de vie
Eclat de vie - Bleu Ebouriffé

 

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Commentaires
A
Oui... Façonner le chandelier de la prière afin qu'une fois, juste une fois peut-être, ces mains qui étreignent nos cœurs suspendent leur geste.<br /> <br /> <br /> <br /> J'aime beaucoup ce que fait Bleu.<br /> <br /> Que la journée te soit belle, Eric
Répondre
E
Mystérieux ce poème, quelque chose d'ésotérique ou mystique...<br /> <br /> <br /> <br /> Joli le tableau de Bleu Ebouriffé !<br /> <br /> <br /> <br /> Bon soir Auria, et tous
Répondre
Esprits Rebelles

La poésie est un chant et une parole.
C'est une parole qui parle à la parole de l'homme et qui permet, si elle est entendue, la part miraculeuse de l'existence - Gabriel Mwènè Okoundji -



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