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Esprits-rebelles

Esprits-rebelles
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18 septembre 2015

Le cimetière marin - Paul Valéry

Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux !

Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d'imperceptible écume,
Et quelle paix semble se concevoir !
Quand sur l'abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d'une éternelle cause,
Le temps scintille et le songe est savoir.

Stable trésor, temple simple à Minerve,
Masse de calme, et visible réserve,
Eau sourcilleuse, Oeil qui gardes en toi
Tant de sommeil sous une voile de flamme,
O mon silence! . . . Édifice dans l'âme,
Mais comble d'or aux mille tuiles, Toit !

Temple du Temps, qu'un seul soupir résume,
À ce point pur je monte et m'accoutume,
Tout entouré de mon regard marin ;
Et comme aux dieux mon offrande suprême,
La scintillation sereine sème
Sur l'altitude un dédain souverain.

Comme le fruit se fond en jouissance,
Comme en délice il change son absence
Dans une bouche où sa forme se meurt,
Je hume ici ma future fumée,
Et le ciel chante à l'âme consumée
Le changement des rives en rumeur.

Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change !
Après tant d'orgueil, après tant d'étrange
Oisiveté, mais pleine de pouvoir,
Je m'abandonne à ce brillant espace,
Sur les maisons des morts mon ombre passe
Qui m'apprivoise à son frêle mouvoir.

L'âme exposée aux torches du solstice,
Je te soutiens, admirable justice
De la lumière aux armes sans pitié !
Je te tends pure à ta place première,
Regarde-toi ! . . . Mais rendre la lumière
Suppose d'ombre une morne moitié.

O pour moi seul, à moi seul, en moi-même,
Auprès d'un coeur, aux sources du poème,
Entre le vide et l'événement pur,
J'attends l'écho de ma grandeur interne,
Amère, sombre, et sonore citerne,
Sonnant dans l'âme un creux toujours futur !

Sais-tu, fausse captive des feuillages,
Golfe mangeur de ces maigres grillages,
Sur mes yeux clos, secrets éblouissants,
Quel corps me traîne à sa fin paresseuse,
Quel front l'attire à cette terre osseuse ?
Une étincelle y pense à mes absents.

Fermé, sacré, plein d'un feu sans matière,
Fragment terrestre offert à la lumière,
Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux,
Composé d'or, de pierre et d'arbres sombres,
Où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombres ;
La mer fidèle y dort sur mes tombeaux !

Chienne splendide, écarte l'idolâtre !
Quand solitaire au sourire de pâtre,
Je pais longtemps, moutons mystérieux,
Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes,
Éloignes-en les prudentes colombes,
Les songes vains, les anges curieux !

Ici venu, l'avenir est paresse.
L'insecte net gratte la sécheresse ;
Tout est brûlé, défait, reçu dans l'air
A je ne sais quelle sévère essence . . .
La vie est vaste, étant ivre d'absence,
Et l'amertume est douce, et l'esprit clair.

Les morts cachés sont bien dans cette terre
Qui les réchauffe et sèche leur mystère.
Midi là-haut, Midi sans mouvement
En soi se pense et convient à soi-même
Tête complète et parfait diadème,
Je suis en toi le secret changement.

Tu n'as que moi pour contenir tes craintes !
Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes
Sont le défaut de ton grand diamant ! . . .
Mais dans leur nuit toute lourde de marbres,
Un peuple vague aux racines des arbres
A pris déjà ton parti lentement.

Ils ont fondu dans une absence épaisse,
L'argile rouge a bu la blanche espèce,
Le don de vivre a passé dans les fleurs !
Où sont des morts les phrases familières,
L'art personnel, les âmes singulières ?
La larve file où se formaient les pleurs.

Les cris aigus des filles chatouillées,
Les yeux, les dents, les paupières mouillées,
Le sein charmant qui joue avec le feu,
Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent,
Les derniers dons, les doigts qui les défendent,
Tout va sous terre et rentre dans le jeu !

Et vous, grande âme, espérez-vous un songe
Qui n'aura plus ces couleurs de mensonge
Qu'aux yeux de chair l'onde et l'or font ici ?
Chanterez-vous quand serez vaporeuse ?
Allez ! Tout fuit ! Ma présence est poreuse,
La sainte impatience meurt aussi !

Maigre immortalité noire et dorée,
Consolatrice affreusement laurée,
Qui de la mort fais un sein maternel,
Le beau mensonge et la pieuse ruse !
Qui ne connaît, et qui ne les refuse,
Ce crâne vide et ce rire éternel !

Pères profonds, têtes inhabitées,
Qui sous le poids de tant de pelletées,
Êtes la terre et confondez nos pas,
Le vrai rongeur, le ver irréfutable
N'est point pour vous qui dormez sous la table,
Il vit de vie, il ne me quitte pas !

Amour, peut-être, ou de moi-même haine ?
Sa dent secrète est de moi si prochaine
Que tous les noms lui peuvent convenir !
Qu'importe ! Il voit, il veut, il songe, il touche !
Ma chair lui plaît, et jusque sur ma couche,
À ce vivant je vis d'appartenir !

Zénon ! Cruel Zénon ! Zénon d'Êlée !
M'as-tu percé de cette flèche ailée
Qui vibre, vole, et qui ne vole pas !
Le son m'enfante et la flèche me tue !
Ah ! le soleil . . . Quelle ombre de tortue
Pour l'âme, Achille immobile à grands pas!

Non, non ! . . . Debout ! Dans l'ère successive !
Brisez, mon corps, cette forme pensive !
Buvez, mon sein, la naissance du vent !
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme . . . O puissance salée !
Courons à l'onde en rejaillir vivant.

Oui ! grande mer de délires douée,
Peau de panthère et chlamyde trouée,
De mille et mille idoles du soleil,
Hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
Qui te remords l'étincelante queue
Dans un tumulte au silence pareil

Le vent se lève ! . . . il faut tenter de vivre !
L'air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs !
Envolez-vous, pages tout éblouies !
Rompez, vagues ! Rompez d'eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs !

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17 septembre 2015

Orage violents,Les chevaux courbent le dos,Les

Orage violents,
Les chevaux courbent le dos,
Les humains tempêtent.
Grise la fin d'été où les arbres sont agités.

16 septembre 2015

Qu’est-ce que c’est, un adulte. C’est quelqu’un

Qu’est-ce que c’est, un adulte. C’est quelqu’un qui est absent de sa parole comme de sa vie - et qui le cache. C’est quelqu’un qui ment. Il ment non sur telle ou telle chose, mais sur ce qu’il est. Un enfant devient adulte quand il est capable d’un tel mensonge profond, essentiel.

Chistian Bobin, Éloge du rien

Etre désespérement adulte, c'est comprendre que l'on n'a pas la force de marcher sa parole et manquer de courage pour le dire.

 

 

10 septembre 2015

Claire-voix

À travers les claires-voies
s'entendent des voix
clair de lune.
Ici et là, elles murmurent tout bas,
chuchotent le levant, écrivent la nuit.
De l'une à l'autre je louvoie,
parcourant la voie de mots tracée.
Froissée de vent et de pluie,
je suis l'écho de Ta voix
pour marcher jusqu'à l'aube
et déplier les étoiles
qui largueront la grande voile.
Le fleuve de lait brille
dans les regards chantant
le firmament couleur saphir.
Claires voix de satin mussées
dans la brume au matin,
perles de rosée déposées
sur le velour de roses lie-de-vin.
Derrière les persiennes,
je voie les antiennes des chœurs,
assemblages de mots,
de regards cousus d'ardeur.
Les yeux douloureux, je détourne le mien,
afin de masquer la fougue du fleuve de sang 
s'écoulant de ma plume.

9 septembre 2015

Cendres d'azur

Continuer à descendre
jusqu'au niveau des cendres,
redevenir poussière de chair
et cueillir la lumière
sur tes paupières où se taisaient
tous les baisers oubliés,

sous les rêves ensablés de nuit
où r
ien jamais ne fini !

De cendres en cendres,
décembre vient hors des tanières.
Un, deux, trois à travers les enfers,
pour un baiser de Toi,
jusqu'au ciel ira et puis sur la terre
jusque dans les chaumières,

au milieu des cendres d'azur
où rien ne perdure.

Garde les volets clos
et le cœur grand ouvert,
au saut-du loup le voleur de vers
emportera tout,
arrimera les liens tombés de la lune,
au milieu des runes d'hier,

sur les marches des rêves
où rien ne s'achève.

T'ai-je jamais dit ce qui ronge mes songes ?
Ce qui hante le bois de l'huis
ouvrant sur l'envers de la vie ?
Septembre rougit le vert des vallons,
alors chevauchons le centaure
jusqu'aux ruines du temps,

jusqu'aux aîtres où les cendres
rougeoient de t'attendre.

 

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7 septembre 2015

Flamme-fleur


Tulipe
Aquarelle Tulipe - Soniare

La fleur s'enflamme
sous un ciel de velour,
pourpre promesse
d'un matin déployant ses pétales. 
L'orient s'embrase sous les prières.

Une aube safranée
cisèle le ciel d'or,
dentelle couvrant la terre de cuivre,
parant d'ambre les mers
et les forêts de topazes.

Les ténèbres, à l'occident,
n'arrêtent pas la lumière,
ne l'altèrent pas
mais en éclats de saphir  la réfractent.
À l'infini.

À l'infini,
l'horizon se déchire d'incarnat,
incarnation du feu 
fleurissant nos cœurs balafrés,
affligés et désunis.

Dans le temple,
la fleur se déshabille,
se vêt de crêpe grenat
pour s'ouvrir au levant,
à l'astre rayonnant de Toi.

 

 

4 septembre 2015

Les Pas - Paul Valery

Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.

Personne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !

Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l'apaiser,
À l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,

Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon cœur n'était que vos pas.

 

 

3 septembre 2015

Pink Water - Indochine / Brian Molko

2 septembre 2015

Parution Recueil Labyrinthe

Vient de paraître le recueil de poésie "A Toi" sous le titre de " Labyrinthe " aux éditions Edilivre.

 

 

Labyrinthe

 

 

Disponible en version papier ou numérique sur le site Edilivre

 

1 septembre 2015

Halo

Halo d'espérance.
Sur le ciel la lune sourit,
mon cœur, happé par l'instant saute un pas.
Le souffle court, je manque un inspir
et trébuche sur le parfum d'une pensée.

 

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Esprits Rebelles

La poésie est un chant et une parole.
C'est une parole qui parle à la parole de l'homme et qui permet, si elle est entendue, la part miraculeuse de l'existence - Gabriel Mwènè Okoundji -



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