Le bonheur, ça ne fait pas plus de bruit que la
Le bonheur, ça ne fait pas plus de bruit que la lumière d'une bougie.
Le bonheur, ça ne fait pas plus de bruit que la lumière d'une bougie.
Même faibles comme une bougie,
il nous faut brûler jusqu'à la dernière larme ;
Même ténus comme une allumette,
il nous faut provoquer l'étincelle au moment utile ;
Réduits en cadavres pourris,
transformons-nous encore en feux follets
pour hanter la plaine sauvage.
Ai Tsing
Un rouge gorge
s'est posé un bref instant
sur la pensée frêle
Encore ébouriffé de nuit, un rêve traîne
Peut-on finir par pleurer de rire à force de rire à en pleurer ?
Au couchant de la nuit s'élève le jour
et les étoiles s'éteignent.
Le bleu profond retourne au néant,
emmenant avec lui le chant sidéral.
L'appel, qui avait éveillé le désir,
devient infinitude inachevée,
noyée dans l'azur clair d'un petit matin froid.
Des trilles inattendues éveillent le cyprès,
éparpillent l'ombre sur l'herbe bleuie par le givre.
Le rire ne peut déranger que ceux qui se prennent au sérieux.
Au couchant de la nuit,
la lune s'offre au jour.
Le marronnier pleure.
Le feu des songes s'éteint laissant une aube de braise.
Un froid acéré
étreint l'esprit au levant.
La lune est dorée.
Son halo indigo s'attarde dans le marronnier.
Au petit matin un vent âpre fait ployer
l'encolure des grands arbres sous le ciel gris
et s'égoutter en une pluie froide et glacée
les nuages sombres qui retiennent la nuit.
La fumée danse au-dessus des toits des maisons.
S'éveillant au jour, on rallume les tisons.
L'automne s'étend au-delà de la saison
et l'hiver écarté garde son blanc manteau.
La campagne restée nue en perd la raison.
Les bourgeons ont froid d'être sortis aussi tôt.
Les cris des oies perdues résonnent dans le ciel,
ne sachant plus le temps, il s'enfuit à tire-d'ailes
emprisonnant les rêves dans la citadelle
aux épais murs de pierres vêtus de silence.
Dans la tourmente grise un pèlerin chancelle,
luttant pour s'envoler où la pluie prend naissance,
contrant les éléments qui malmènent son vol.
Mais on dirait qu'il joue, esprit libre du sol.
Ruisselants de larmes les carreaux se gondolent.
Derrière il n'y a plus ni arbres, ni colline
pour ancrer le regard et la pensée s'étiole.
Tourbillonnant sans bruit, elle en devient mutine,
se débattant contre le noir qui l'envahit
et l'humide froidure du jour drapé de gris.
Le faucon virevolte en mille acrobaties
Tournoyant dans le vent, il défie sa fureur,
dansant avec aisance il rattrappe l'esprit
perdu dans cette symphonie d'accords majeurs
qui s'engouffre dans les cheminées des chaumières
et fait mugir les flammes gardées prisonnières.
Le vent cingle l'hiver, les arbres sont trempés.
Par l'averse froide les pensées sont mouillées.