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Esprits-rebelles
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25 octobre 2013

Questions

D'or et de brun revêtu, le marronier danse. Murmure de Toi. L'aurore enflamme le ciel, brûlant les espoirs et les rêves ; Evaporant les larmes emportées par les nuages qui glissent sur l'azur.

Je me souviens de la quiétude de l'après-midi d'hier.  Couchée dans l'herbe, j'avais cherché de la main les larmes du matin. Le soleil les avait séchées. Je sentais sur moi la chaleur de la lumière, la douceur de la terre sous mes doigts. J'entendais le vent chanter dans les arbres, bruissements doux, murmures qui effeuillait le temps. Les yeux clos je m'étais laissée porter par chaque frémissement de vie.

Les chevaux intrigués étaient venus m'interroger du bout de leur naseaux. Etaient-ils inquiets ? L'un deux m'avait mordillée, comme pour vérifier que j'étais bien en vie, que je resterais là. Lorsque je relevai la tête, ils semblèrent rassurés mais se demandaient encore pourquoi je demeurais allongée ainsi. Ils ne comprenaient pas ce besoin que j'avais de me blottir dans le sein de la terre.
Elle me bercait, me réconfortait.

Mais ce jour d'hui, la porte s'est refermée. La lumière ne suffit plus à cacher l'innocence perdue, mutilée, déchirée. Partout le sang coule et inonde le monde. J'entends les cris jusqu'aux tréfonds de mon cœur. Ich schaff'es nicht mein Geliebte. Warum darf ich nicht schlaffen ? Je voudrais respirer les parfums des aconits ; marcher jusqu'aux plus hauts sommets ; finir la traversée ; faire se lever les astres et contempler la Voie Lactée.

Un vol d'étourneaux emporte mes mots. Les maux, eux, restent à terre éparpillés de tous côtés. Ils rougissent les herbes et brûlent les arbres qui meurent un à un. D'eux ne restent que leurs bras décharnés, squelettiques, tendus vers le ciel comme pour offrir leurs rêves, comme pour donner leur vie. Mais ils n'ont rien donné. Elle a été violée, trahie. Partout on étouffe les cris. Même l'hiver s'enfuit laissant la terre démunie tremblant de froid, se désséchant au vent de l'indifférence et de la violence.

"Ich schaff'es nicht mein Geliebte". Il me faut choisir : mourir ou aimer. Loin de Toi, je ne peux faire ni l'un, ni l'autre.  Le silence flamboyant d'un crépuscule d'hiver n'est plus qu'un souvenir et tes mains sur ma peau un chant oublié.

Existe-t-il encore une main pour tenir l'archer et caresser les notes du matin ? Existe-t-il encore des lèvres pour murmurer aux hommes la musique du vent ?

 

 

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17 octobre 2013

Chaîne de haine

Cœur corrompu par tant d’acide amertume. Regrets.
L’âme se recroqueville loin des épines.
Souffrance et révolte. Que dire ? Que faire ?
L’Être se cherche au milieu de ce monde hostile et s’englue dans le bitume noir de la haine d’un amour qui s’échappe, se dérobe aux attentes refusant d’être mis en cage.

Un cri.
Mots jetés en pâture comme on jetterait des charpies pourrissantes recouvrant les chairs purulentes. Les maux, eux, restent. Pustules nauséabondes, gangrène noire sur un cœur qui tremble de fièvre, enrage, vocifère en se débattant dans ses fers sans pouvoir rien y faire.

Ici, ailleurs, les mêmes rejets, la même souffrance.
Absurdité de l’absurde : « Je t’aime mais si tu ne m’aimes pas, prends garde à toi. »

Partout on consomme les biens, on consomme l’amour, on consume la vie et l’être se perd dans l’avoir. Il crie « pitié » vers un ciel saturé de satellites qui se délite ; Dieu s’est perdu dans les livres, loin des étoiles.

Sélène montre les chaînes, mais la rage se pend au cou de la haine qui n’a pas le courage d’affronter la lumière de l’obscurité de la nuit de l’âme. Elle exhale la rancœur des siècles passés. Brume sulfureuse étreignant des spectres malades et instillant la folie dans les esprits qui renient la mort et la vie.

Je Suis n’est plus. Seuls demeurent je, tu, il.
Tuer cet Autre et sa violence, sa rancœur et sa haine. La haine est haïssable, la violence impardonnable. Tuer le tu pour retrouver le je, l’Autre ne peut Être puisque je suis, puisque je sais et que la vérité marche à mes côtés.
Chaînes de haine sans fin.

Pitié, Mère. Pitié pour mes frères, pour mes sœurs et pour nos enfants. Pitié pour moi, car de mon Bien Aimé, je ne peux me détourner mais je manque de bravoure pour me dresser contre les mots qui vomissent l’Amour.

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ecouter

 

Ecouter vivre - Roberto Matta

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17 octobre 2013

Matin d'automne

Il y a dans le ciel la nostalgie d’un hiver à venir. Ici et là, le gris des nuages se pare en bleu-safran pour conter la blanche douceur d’un souvenir.

 Une tasse de thé à la main, je regarde la terre de sienne qui parsème le vert sombre du feuillage des bosquets sur la colline. Bientôt il sera d’ocre et de rouge. Sur l’herbe, des perles de lumière, laissées par la pluie de la nuit, embaument l’air des parfums de l’automne. Au loin tinte la cloche d’une vache nouvellement arrivée dans les pâturages voisins et dont le son, fréquent sur les alpages, est inhabituel ici. J’aime ce tintement qui me conte comme une histoire, musique de la terre des hommes dans le silence de la campagne.

La douceur de l’air ce matin, tranche avec la froidure d’hier. Je ressens, dans l’atmosphère, comme une attente. Paisible. La mienne. Celle des autres qui ne cessent de me solliciter pour que je reprenne une activité que j’avais délaissée. Mais on ne revient pas en arrière. Je me souviens de tes paroles : « Peut-être est-il temps pour toi de tourner la page. » « Tu n’es déjà plus là. »

J’ai tourné les pages de mes écrits pour trouver un indice et j’ai trouvé ces mots dans la langue de Goethe. « Mach die Tür auf.» Ouvrir la porte ne suffit pas. Encore faut-il avoir le courage d’avancer sur le chemin d’un avenir qui reste dans la brume. Peut-être ma foi n’est-elle pas assez grande pour te suivre aveuglément.

Je ne cesse de prier la Déesse pour qu’elle me révèle le chemin. Mais tout comme toi, elle se dérobe, me montrant l’aube à minuit, dévoilant le passé, mais jamais l’avenir car il est incertain, toujours en devenir. Comment saurais-je alors ce qui doit advenir ? Comment reconnaîtrais-je la trace de tes pas s’ils me demeurent voilés ?

Les songes, sans relâche, frappent à la porte de mes rêves. La mort qu’ils me montrent m’effraie et la douleur, sans cesse, marchant à leurs côtés déchire les chairs d’un corps qui aspire à ta lumière, à vivre la douceur loin de l’obscurité des ténèbres d’autrefois.

Autour de la tasse, mes mains se resserrent pour mieux sentir sa chaleur mais c’est tout contre celle de ton cœur que je voudrais me serrer, c’est celle de ton souffle que je voudrais étreindre. Un long soupir m’échappe. Expir d’un désir qui m’emmène dans un ailleurs où tu n’es plus.

« Mach die Tür auf, laß den Schmerz heraus. » J’ai ouvert la porte, pourtant la douleur qui s’était invitée refuse de me quitter. Sûrement a-t-elle encore des choses à me dire. Tous ces silences murmurés lorsque j’étais à tes côtés mais que je n’ai pas écoutés ou pas voulu entendre.

J’ai beau vouloir me détourner de toi, je ne peux t’oublier.

J’ai grandi avec toi. Auprès de toi je suis en paix, tant que je me garde du désir de découvrir l’après.

Lorsque tu liras ces mots, l’instant ne sera plus. La Déesse sera pleine des parfums de la terre et les étoiles continueront de taire tous ses secrets. Demain nous nous verrons sans doute. Me diras-tu les tiens ?

La tasse est froide sous mes doigts mais le breuvage à réchauffé mon corps et la douceur est restée dans mon cœur. Je sens mon âme sourire comme si elle connaissait la splendeur cachée du jour, la beauté de la nuit et le rire des étoiles sur la toile de nos rêves.

6 octobre 2013

Retrouve-moi

Est-il nuit plus obscure que celle qui navre mon cœur ? Est-il froidure plus grande que celle qui mord mon âme, tandis que j'erre sur une terre étrangère ?

J’ai traversé l’abîme des Enfers et parcouru les bois sombres d’un autre âge pour mettre fin à mon exil, pour me trouver et être auprès de Toi.  J’ai effleuré la brume au petit jour, respiré l’aconit et le parfum de l'asphodèle, mais je me suis brûlé les ailes. Je ne ressens plus la caresse du vent qui faisait frémir la ramure du chêne et murmurait mes serments. Je n’entends plus l’effraie au crépuscule et les étoiles dans le ciel ne me disent plus Tes pas, ne me content plus la voie qui mène vers l'aurore ; mes yeux demeurent aveugles à Ta lumière. 

Ô Mère, tu t’es retirée de ce monde. Sans toi, qui me dira mon Bien-Aimé, qui me montrera la lumière de son Amour ?

Nue, je marche dans la nuit.
J’ai retiré un à un les voiles qui me dissimulaient.
Mon âme tremble de froid, frissonne du désir ardent de se lover contre son Bien-Aimé. Mais, seule dans les ténèbres glacées, je me perds.
Dans ce désert, aucune lumière ne luit.

Pourtant je sais que Tu es là. Nous avons partagé la Nuit. Il fut une aube où nous étions ensembles, où j'étais Tienne. Je me souviens de tes lèvres au coin de mon sourire lorsque nous embrassions le jour, je me souviens de tes caresses sur ma peau quand les dunes chantaient, de mon expir dans l'inspir de Ton souffle qui faisait naître la Vie.

Bien-Aimé, retrouve-Moi.
Sans Toi, Je ne suis pas.

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14 septembre 2013

Fall

J’ai si froid. Je suis si seule dans cette nuit noire. Qu’importe qui partage ma couche, le vent ou le silence, il ne peut partager ma nuit. Même toi, mon Ami, ne peux la partager. Elle est trop froide et bien trop obscure. Aucune ombre ne l’éclaire, aucune lumière n’abrite son cœur.

Ô dis-moi les étoiles et la Voie lactée. Je les ai oubliés. Chante-moi le printemps et l’automne. Les moissons de l’été  qui nourriront l’hiver. Les cris d’une huppe espiègle, le chant d’un rossignol, je ne m’en souviens plus.  Mon cœur s’est enfermé dans celui de la nuit. Me reste la folie et la froideur de l’oubli qui étrangle mes cris. Les hurlements sont étouffés, les pleurs sont bâillonnés. Je voudrais inspirer, l’expir suffoque.

Sous le feuillage tendre les couleurs ont brûlé, les rires ne résonnent plus et les matins n’accueillent  plus les jours.
J’ai connu Ton absence, elle était pleine du désir de Ta présence.
Que dire de cette brume opaque qui enserre mon cœur. Il n’y a plus ni jour, ni nuit, ni absence, ni présence. Je me souviens de Toi, mais j’ai perdu la joie qu’il y avait dans ce « Toi ». Qui es-Tu ? Pourquoi m’appelles-Tu ? Car j’entends Ton appel.
Marcher à Ta rencontre me semblait important, hier ; aujourd’hui je ne sais pas pourquoi je le ferai. Que se passera-t-il après ?

La vie sera toujours la vie. Il faudra bien qu’un jour la mort me prenne. Serait-elle différente si je me trouvais auprès de Toi ? Me tiendrais-Tu dans tes bras ? Saurais-Tu faire fuir le froid ?

 


Ennio Morricone - The Falls

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7 septembre 2013

Attente

A mes oreilles parvient le bruit des pas perdus de ces milliers de vie qui hantent cette gare, la traversent courant après un train, après un rendez-vous, le temps de n’être pas. Je les observe, sourire crispé, les poings serrés, le pas pressé et au milieu de tout ce brouhaha : lui. Voilà que tout d’un coup tout disparaît, je n’entends plus que son silence, je ne vois plus que son attente. Sourire béat. Il est comme en dehors, hors l’agitation de ces milliers de fourmis qui vont et viennent.

En bruit de fond, un train est annoncé. Interrogeant la foule anonyme qui se divise sur lui, il cherche son cadeau. Brillant d’une joie enfantine, ses yeux défont les ombres des silhouettes, fouillent, déballent fiévreusement les visages. Aucun n’est celui qu’il espère. Je m’attends à voir la déception éteindre son regard. Il n’en est rien. La joie est toujours là. Joie du cœur tendu par delà l’espace et qui étreint déjà l’être aimé.

Je me surprends à attendre avec lui, à guetter moi aussi, à chaque déferlement de voyageurs, celui ou celle qui a fait naître cette lueur. Plus rien n’existe. La gare, la foule, le bruit, tout s’enfuit ! Ne reste que ce sourire et cette attente.

Mes yeux s’attachent à lui tant je crains de voir chaque marée humaine le dérober à ma vue. Parfois nos regards se croisent. Je me détourne avec pudeur, gênée de pénétrer l’intimité de cet instant.

Des trains arrivent et repartent, crachant et avalant leur ration de passagers errants, celui tant attendu demeure dans un ailleurs sur les rails du temps qui s’étire sans fin. Une ombre d’inquiétude passe sur son visage, le sourire s’éteint ; il se détourne et se laisse engloutir par la marée suivante. Je ferme mon cœur à la déception et conserve son sourire et le bonheur qui était peint sur son visage.

Allées et venues, flux et reflux au gré des retards, des changements annoncés par la voix métallique d’une hôtesse invisible. Je l’écoute d’une oreille distraite pour savoir si je dois suivre le prochain courant afin de continuer mon voyage.

Sans grand espoir, je cherche, presque malgré moi, le jeune homme. L’attente devient morne, la gare bruyante. Une impatience me gagne, je me surprends à regarder fréquemment et nerveusement la pendule du hall et les panneaux où s’affichent les trains au départ.

Absurdité. L’heure arrive toujours lorsque le moment est venu. Ni avant, ni après. Les aiguilles du grand cadran de l’horloge ne changent pas le temps. Mon cœur continue de se tendre, ici et là, dans une espérance illusoire. Un flot de voyageurs plus important que les précédents déferle des quais au-dessus de nous et inonde la gare, noyée en quelques minutes par une marée humaine multicolore, de tous âges. Soudain, je les vois : deux amis,  deux frères, deux cœurs qui se retrouvent, s’embrassent, s’étreignent ; rayon de bonheur trouant un instant la nuée houleuse qui se referme déjà sur eux.

Au-dessus, les tableaux mis à jour  m’annoncent que l’heure est venue.

4 septembre 2013

De l'ombre à la lumière

Sur les ronciers, les fruits sont gorgés de lumière.
Vois, mon Âme, la douceur sucrée du soleil et la saveur acidulée de l'ombre au milieu des épines. Celles qui t'ont autrefois blessée, t'offrent aujourd'hui ce qu'elles cachaient en leur cœur. De même chaque éclat de vie par lequel tu as été meutrie recèle en lui le présent des Ténèbres offert à la Lumière

La terre la plus fertile fut fécondée par le feu. Crois-tu qu'il puisse en être autrement pour toi ?
Par les blessures, s'écoule la noirceur dont tu veux te défaire. Par elles, entre la lumière dont tu avais naguère la connaissance.

Regarde en toi. Tes épines porteront-elles des fruits ? Offriras-tu le miel de ton cœur à ce monde qui se meurt ou bien nourriras-tu de ton fiel la chair putride de la bête qui le ronge ?

Regarde en toi, mon Âme. Chacune de tes souffrances t'a menée aux Enfers. C'est là qu'est l'espérance. De la terre vers le ciel, l'arbre se dresse. Comment pourrait-il s'enraciner dans les Cieux s'il refusait de se tendre vers les profondeurs de la Terre ?

2 septembre 2013

Parfum d'océan

Assise sur un rocher, je contemple le soleil couchant qui allume la nuit. Déjà quelques étoiles piquent un azur plus vraiment clair et invitent à un voyage n’ayant rien d’imaginaire.

A mes pieds, les embruns s’échouent sur mes sens pourtant je sens la fragrance de la mer. Le vent, porteur de senteurs lointaines, joue dans les herbes sèches accrochées dans le sable, frêle chevelure retenant la vie dans des entrelacs sans fin. J’inspire doucement. Je tente de saisir ces parfums, de les retenir un instant, mais ils s’échappent sans cesse.

A la chaleur diurne succède une fraîcheur océane dont la douceur me parle d’un lieu où tu es. Le cri d’une mouette répond au hululement d’une chouette dans cet ailleurs où le bleu du ciel est déjà plus profond. Celle-ci se pose avec le jour, celle-là s’envole sur les ailes de la nuit. L’obscurité grandit. Sur l’horizon, une ligne opaline empêche encore le ciel de sombrer dans la mer, ciel étoilé de milliers de serments prononcés par des milliers d’amants et dont chaque astre est comme une fleur de cerisier chargée de promesses d’un lendemain fruité dont on ignore encore le goût. Ainsi en est-il de ceux qui sont passés et sont devenus des hiers. Leur saveur ramène dans le cœur un sentiment sucré.

Je me souviens d’une plage, un après-midi de septembre. Le sable buvait nos pas, ne gardant nulles traces de notre passage. Pourtant le temps a conservé cet instant quelque part dans une mémoire embaumant chaque soir et chaque matin de la vie. Je me souviens de cette chaude après-midi. Un vent léger ridait la surface si tranquille de l’eau, qu’on aurait pu se croire au bord d’un lac sans la ligne d’horizon sur laquelle la voûte céleste s’abîmait dans l’océan. Tu m’avais prise dans tes bras et les mouettes au-dessus s’étaient moquées de nous.

Au loin, le phare s’est allumé, de même que les réverbères de la ville à l’autre bout de l’anse. Mes pensées s’échappent et s’envolent vers un lointain pays. Je me suis éloignée de toi et pourtant en mon cœur tu demeures. La lune paraît, semant la lumière sur l’encre de l’eau, elle brode d’écume la surface dansante venue clapoter sur mes pieds, presque avec tendresse.
J’inspire à pleins poumons le noir du firmament, le sel et les embruns, l’humidité du sable et cette paix qui se répand.
Sur l’horizon, le ciel a épousé la mer.

1 septembre 2013

Un ange à l'église

Au moment où le prêtre consacre les offrandes, un ange blond sort à quatre pattes d'un recoin du cœur. Sans égard pour la solennité de l'instant, il s'avance en portant sur le monde un regard curieux.
Il s'assied, face à l'autel juste derrière le prêtre, applaudit au moment où ce dernier s'incline, bat des ailes et puis s'en retourne dans l'ombre comme il était venu.

A la fin de l'office, son apparition me fait encore sourire, lorsque j'entends son rire alors que le prêtre dit avec gravité les noms des personnes décédées pour lesquelles une pensée particulière a été demandée. J'ai l'impression qu'il voit et entend ce qui reste hors de notre portée, tout absorbé que nous sommes, nous les adultes, par le sérieux de notre tristesse : cette lumière qui demeure invisible aux yeux des vivants et peut-être le rire de ceux que nous croyons morts.

Qui sait si ce n'est pas lui qui m'a invitée à venir assister à cet office, si loin de chez moi, alors que je ne vais jamais à la messe ?

13 août 2013

Les seules fois où nous avons parlé de Dieu,

Les seules fois où nous avons parlé de Dieu, j'étais en colère. Nous parlions de religion. Je défrichais la Terre et tu semais.

Aujourd'hui, nous parlons de tout, de rien, des petites choses de la vie. Dieu Est et nous n'en parlons pas.

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La poésie est un chant et une parole.
C'est une parole qui parle à la parole de l'homme et qui permet, si elle est entendue, la part miraculeuse de l'existence - Gabriel Mwènè Okoundji -



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