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Esprits-rebelles
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4 février 2014

Pardon - Yaacov Ben Denoun

 

Mehila
A ceux que j'ai mal aimés, ou insuffisamment, ou sans allant.
A ceux que j'ai mécontentés, et qui peuvent m'en vouloir,
Qui se sont sentis touchés par mes paroles, mes postures, mes faiblesses.
Mehila
Aux malades que je n'ai pas visités, aux parents qui m'attendaient,
A ceux à qui j'ai refusé un geste de justice, un don ou une offrande,
A ceux que j'ai laissés seuls, sans secours, sans affection.
Mehila
Aux amis que j'ai déçus, à ceux qui espéraient de moi plus qu'une consolation,
A ceux qui cherchaient ma présence, à ceux qui me guettaient du regard,
A ceux qui dans le silence découvraient l'absence et la prière insatisfaite.
Mehila
Aux intentions louables, à mes actes manqués, à l'apparente indifférence,
Aux illusions perdues, aux rêves imparfaits, aux appels à la chance,
Aux ambitions ultimes, aux horizons ouverts, aux regrets de l'enfance.
Mehila
A ceux qui me sont proches, qui me frôlent le coeur,
Aux fleuves qui descendent, aux ruisseaux qui remontent,
A la chère incandescence dans des yeux si peu croisés.
Mehila
De n'être qu'un souffle, qu'une exaspération,
De n'être pas sensible aux tiédeurs de la patience,
A ces incertitudes que souvent j'affectionne.
Mehila
De n'être pas intime avec la perfection,
De ne vouloir les cimes que par ma prétention,
Et d'oublier la vie qui palpite et s'enflamme.
Mehila
De vouloir, d'essayer, souhait certainement futile,
De ne pas arriver à embrasser ce monde,
A irriguer ma vie de sèves de contentement.
Mehila
Pour mes errances, pour mes pensées inquiètes,
Pour l'appel à la danse, pour mon pas qui s'arrête,
Pour n'être pas à l'heure, à votre rendez‐vous.
Mehila
Pour avoir interrompu votre quiétude, pour la colère rentrée,
Pour le sort qui nous est fait, pour ces hivers si rudes,
Pour ne pas être souvent le héraut de la cause qui vous est chère.
Mehila
Pour ce temps que nous partageons, qui ne vous honore pas,
Pour ces murmures fébriles, ces embrassades furtives,
Pour ces mots de vermeille qui n'ont pas pris l'envol.
Mehila
De ne pas saisir le bonheur de vivre dans votre sillage,
De chercher toujours ailleurs les liens de l'arrimage,
De regarder vers l'Est des passions de mon âge.
Mehila
De ne pas avoir la ressource de vous aimer plus fort,
Mes amis, mes soleils, mes compagnons du jour,
De vous porter ombrage en désespérant encore.
Mehila
Aux bras délaissés, aux mains qui s’entrouvraient,
A ce destin fébrile qui préparait mes pas,
A ces déconvenues précédant le départ.
Mehila
Pour ces chemins qui parfois nous invitent,
Pour ces désirs torrentiels qui irriguent nos jours,
Pour l’appel de la route, le rêve d’un ciel plus bleu.
Mehila
Pour ces regrets que j’ai pu mettre au monde,
Pour mes paroles sevrées de l’amour qui est dû,
Pour ces brisures du temps devenus des parcours.
Mehila
Pour ces étoiles qui brillaient dans mon ciel,
Pour l’éclat des prières, pour l’or des espérances,
Pour ces envies d’azur aussi fragiles qu’un jour.
Mehila
Pour mes égarements, pour les roses fanées,
Pour les herbes jaunies et les tiges tremblantes,
Pour l’étincelle de vie, pour la sève dormante.
Mehila
Pour les écueils, les rochers aiguisés,
Pour la proue des navires qui venaient s’y figer,
Pour mon coeur insensible à vos peines intimes.
Mehila
Pour ces liens distendus, pour ces maillons épars,
Pour cette âme de passeur, pour l’envie de donner,
Pour n’avoir pas transmis ce qui lors pouvait l’être.
Mehila
Pour ces colères, pour ces coups de tonnerre,
Pour ces vagues venues d’océans rugissants,
Pour ces tumultes inutiles, ces rumeurs aux bruits creux.
Mehila
Pour ces plaintes, pour ces lamentations,
Pour les murmures du vent, les sifflements sonores,
Pour cette conscience de soi complaisante à l’excès.
Mehila
Mehila
Je reviens sur mes pas,
Pour changer d’horizon.
Mehila
Mehila
Que votre regard me pardonne
Avant que les portes se referment.
Mehila
Pour ces chants qui ne sont plus, pour le passé des passions,
Pour tous ces rires diffus, pour ces traces d'émotion.
Je vais encore vous dire, le plus tendrement du monde,
Ce mot de l'affliction qui deviendra la joie.
Mehila, à tous, Mehila.

Prier-par-dessus-les-maisons
Prier par dessus les maisons

 

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11 janvier 2014

Cœur tendu

Les oiseaux savent
que les frontières n'existent pas
ni les nuages, ni l'eau de la rivière
qui sait rejoindre sa mer


les fleurs marqueront elles
ton passage pour dire
que tu es passée, nue,
le cœur tendu comme un arc ?


Clair obscur des sentiments
naissant l'un de l'autre,
et s'exaltant de leur contraste,
mouvements du cœur.


En quête du bien et du mal de la vie,
et non d'un livre auréolé de son histoire,
en quête d'un Toi par delà les frontières.

Alcyan .............................................

4 janvier 2014

The pity of Love - William Butler Yeats

A pity beyond all telling
Is hid in the heart of love :
The folk who are buying and selling,
The clouds on their journey above,
The cold wet winds ever blowing,
And the shadowy hazel grove
Where moves-grey waters are flowing,
Threaten the head that I love.

 

Une douleur au-delà des mots
      Se cache dans le coeur d’amour :
      Les peuples qui vendent et achètent
      Les nuages de leurs voyages passés,
      Les vents froids et humides qui toujours ont soufflé,
      Et l’ombrageuse coudraie
      Où s’écoulent les eaux opaques,
    Ils  menacent l’être que j’aime.

 

 

 

30 novembre 2013

The Cloths of Heaven - William Butler Yeats

HAD I the heavens' embroidered cloths,
Enwrought with the golden and silver light,
The blue and the dim and the dark cloths
Of night and light and half-light,
I would spread the cloths under your feet
But I, being poor, have only my dreams;
I have spread my dreams beneath your feet;
Tread softly because you tread on my dreams...

 William Butler Yeats.................................................

 

Eussé-je les voiles brodés du ciel
Ouvrés finement de  la lumière d’or et d’argent,
Les voiles bleus et sombres et noirs
de la nuit et de l’aube et du crépuscule,
je déploierais ces voiles sous tes pas ;
Mais, étant pauvre, je n’ai que mes rêves ;
J’ai déployé mes rêves sous tes pas ;
Marche doucement, car tu marches sur mes rêves…

Traduction personnelle............................................

30 novembre 2013

Hiératique

Hiératique, 

L’homme debout en barque
Le visage en écrin secret
traversait le lac souterrain,
face à une destination
que lui seul connaissait.
Une faible lumière pastel
émanait de sa personne.

Nul n’aurait pu lui dire un âge
Et la voûte de cette crypte
S’écartait pour laisser
Cet étrange voyageur
L’onde obscure, étale,
Semblait aussi muselée
Par les mots de l’invisible. 

La barque avançait seule
Comme quand les choses
doivent s’ accomplir
et que les pensées, inutiles,
retombent ; victimes
de leur seule pesanteur,
évanescentes.

Terre et ciel portaient  par lui
L’écho  temporel
de leur parenté secrète
Loin du bruit rouge des vivants
loin de l’Abîme abandonné,
Le Cœur Unique tisse
La toile de la Réalité

Alcyan..................................

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21 novembre 2013

Tahar ben Jelloun

J'ai découvert Tahar Ben Jelloun avec ce livre, "L'enfant de sable".
J'ai apprécié sa manière de décrire l'intimité des pensées, l'absurdité et le poids des traditions qui ont amené un père à "falsifier" la vie de sa dernière fille afin de prétendre avoir eu un fils. 

Il y a dans ses écrits une sensibilité qui dévoile une réalité demeurant dans l'ombre la plupart du temps.
Tahar Ben Jelloun ne se contente pas de dénoncer, dans ses ouvrages il enseigne un autre regard.

" Être femme est une infirmité naturelle dont tout le monde s'accommode. Être un homme est une illusion et une violence que tout justifie et privilégie. Être tout simplement est un défi. Je suis las et lasse. S'il n'y avait ce corps à raccommoder, cette étoffe usée à rapiécer, cette voix déjà grave et enrouée, cette poitrine éteinte et ce regard blessé, s'il n'y avait ces âmes bornées, ce livre sacré, cette parole dite dans la grotte et cette araignée qui fait barrage et protège, s'il n'y avait l’asthme qui fatigue le cœur et ce kif qui m'éloigne de cette pièce, s'il n'y avait cette tristesse profonde qui me poursuit ... J'ouvrirais ces fenêtres et escaladerais les murailles les plus hautes pour atteindre les cimes de la solitude, ma seule demeure, mon refuge, mon miroir et le chemin de mes songes."

L'enfant de sable.           ...........

15 novembre 2013

Espérance en partage

L'écrit laisse une trace qu'il est bon de retrouver pour rallumer la lumière.
Poésie anonyme qui est parfois plus proche de nos cœurs que celle des grands poètes.

 

Porter  ta voix,
en partager la lumière
dans les racines
et dans le parfum des fleurs

La brume des souvenirs
féconde demain
dans le silence de l’obscurité,
pour nous libérer du connu

 La lumière des étoiles
libère le souffle de lune
Verdandi mêle sa voix
A celles d’Urd et de Skuld

Dans la communion des racines, des fleurs et de la lumière

Alcyan...........................

6 novembre 2013

Pénélope

Chaque nuit Pénélope efface
Le contrainte des jours
Pour retrouver l’innocence
Du matin de la Création 

Elle dénoue fil à fil
Le désir des hommes
Pour une page vierge,
Où son amour pourra renaître

Le soleil cueille les étoiles,
mais sa besace
ne peut contenir
que le parfum du jour.

La nuit étoilée sourit,
Laissant derrière elle
l’Abîme impuissant
Et un soleil fanfaron

Alcyan....................

17 octobre 2013

Paul Celan

DAS WORT VOM ZUR-TIEFE-GEHN
Das wir gelesen haben.
Die Jahre, die Worte seither.
Wir sind es noch immer. 

Weißt du, der Raum ist unendlich
weißt du, du brauchst nicht zu fliegen,
weißt du, was sich in dein Aug schrieb,
vertieft uns die Tiefe.

LE MOT D’ALLER-À-LA –PROFONDEUR
lu par nous.
Les années, les mots depuis.
C’est toujours ce que nous sommes

Souviens-toi, l’espace est infini,
souviens-toi, tu ne dois pas voler,
souviens-toi, ce qui s’est inscrit dans ton œil
approfondi pour nous la profondeur.

14 octobre 2013

Chemin vers l'orient

" Quel élan nous fera oublier ce que nous ne sommes pas, et pourtant nous résignons à être ?
C’est la beauté qui pourra nous détourner de nous-mêmes, pour que notre âme puisse grandir et cheminer vers son orient.
Qui nous dira la beauté, sinon ceux qui ont délaissé le cocon de leur certitudes, désireux de s’habiller leur cœur transi par la carence d’être ?
Grâces soient rendues à tous ceux qui osent souffrir pour le beau, âmes bien-veillantes et attentionnées en quête de l’or d’un regard, et de la plénitude d’un silence partagé. "
.......................................................Alcyan
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La poésie est un chant et une parole.
C'est une parole qui parle à la parole de l'homme et qui permet, si elle est entendue, la part miraculeuse de l'existence - Gabriel Mwènè Okoundji -



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