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Esprits-rebelles
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11 mai 2014

L'Amant sans amant - Mário de Sá-Carneiro

Je me suis perdu en moi
Parce que j’étais labyrinthe,
Et aujourd’hui, de moi,
Je ne sens plus que les nostalgies.

J’ai traversé ma vie,
Astre fou qui rêvait.
Dans la fièvre du dépassement,
Je n’ai pris garde à ma vie…

C’est toujours hier pour moi,
Je suis sans aujourd’hui ni lendemain :
Le temps qui déserte les autres,
Devenant hier, s’abat sur moi.

 

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José de Almada Negreiro

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18 avril 2014

Moi, J'attends - Maurice Maeterlinck

Moi, j'attends un peu de réveil,
Moi, j'attends que le sommeil passe,
Moi, j'attends un peu de soleil
Sur mes mains que la lune glace.

 

 

16 avril 2014

Un sourire - Paul Eluard

La nuit n'est jamais complète.
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l'affirme
Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée.
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler ou à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue
une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie, la vie à se partager.

 

 

14 avril 2014

Je marcherai - Jean Debruyne

Je marcherai sous le soleil trop lourd
Sous la pluie à verse
Et dans la tourmente
En marchant
Le soleil réchauffera mon cœur de pierre
La pluie fera de mes déserts un jardin
A force d’user mes chaussures
J’userai mes habitudes
Je marcherai,
Et ma marche sera démarche
J’étais môns au bout de la route
Qu’au bout de moi-même
Je serai pèlerin
Je ne partirai pas seulement en voyage
Je deviendrai moi même un voyage,
Un pèlerinage

 

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24 mars 2014

Comme un voilier - William Blake

Je suis debout au bord de la plage
Un voilier passe dans la brise du matin et part vers l'océan.
Il est la beauté, il est la vie.
Je le regarde jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'horizon.

Quelqu'un à mon côté dit :
"Il est parti !"
Parti ? Vers où ?
Parti de mon regard. C'est tout...

Son mât est toujours aussi haut,
Sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue est en moi,
Pas en lui.

Et juste au moment où quelqu'un près de moi dit :
"il est parti !"
Il en est d'autres qui, le voyant poindre à l'horizon et venir vers eux,
S'exclament avec joie :
"Le voilà !"...

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10 mars 2014

Bernard Tirtiaux - Les 7 couleurs du vents

Bernard Tirtiaux est un maître verrier. Un maître qui a su apprivoiser la lumière ; celle où chaque couleur dit une parcelle de l'Etre. Après avoir capté son essence à travers des vitraux, il l'a insufflée dans des romans où les mots ont une teinte, un son, un parfum. L'ensemble forme une poésie symphonique qui enchante le lecteur pour peu que celui-ci soit sensible à la musique du vent, aux murmures d'un ruisseau ou aux rugissements de l'océan, ou bien encore aux bruissements de la terre.

"Les sept couleurs du vent" est son deuxième roman, après "Passeur de Lumière". Il y confirme son talent d'écrivain, sa maîtrise de l'art de capter la lumière pour restituer sa beauté de telle manière qu'elle touche le cœur du lecteur.

"Une nuit, il lui vient comme une musique dans la tête, une mélopée étrange qui s'épaissit. Le charpentier traverse une forêt peuplée d'immenses flûtes d'étain. A chaque tuyère qu'il touche, un son jaillit. Sauvages, les notes s'échappent, entrecroisent leurs chemins, explorent des espaces vides, s'insinuent dans les ravins où se terre l'écho, envahissent des vaisseaux de cathédrales à la recherche de la voix qui manque à leur chant, un timbre de femme. La belle porte le rêve et l'attente d'un charpentier au cœur pur. Elle offre ses doigts d'élégance aux claviers des orgues d'une ville du Nord ou du Sud. Ses bras sont nus, tout comme ses pieds souples, qui dansent sur un pédalier de bois. Elle chaloupe. Le vent des notes délivre ses cheveux, s'infiltre sous le voile qui la couvre. Il la caresse, fait frissonner sont ventre, ses seins, ses épaules. Elle est brune. Elle est blonde. Elle est noire. Elle a les yeux bleus et marron et verts. Elle est la destinée."

 

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Sculpture de verre - Bernard Tirtiaux

 

6 mars 2014

Une nuit se leva le Soleil de Celui que j'aimeIl

Une nuit se leva
le Soleil de Celui que j'aime
Il resplendit et ne connu pas de couchant
car le Soleil du jour se lève la nuit
et le Soleil du cœur ne s'absente pas.

Hussayn  Mansûr Al Hallâj .....................

 

27 février 2014

La Loreley - Guillaume Appollinaire

 

                                            
À Bacharach il y avait une sorcière blonde
Qui laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde

Devant son tribunal l'évêque la fit citer
D'avance il l'absolvit à cause de sa beauté

Ô belle Loreley aux yeux pleins de pierreries
De quel magicien tiens-tu ta sorcellerie

Je suis lasse de vivre et mes yeux sont maudits
Ceux qui m'ont regardée évêque en ont péri

Mes yeux ce sont des flammes et non des pierreries
Jetez jetez aux flammes cette sorcellerie

Je flambe dans ces flammes ô belle Loreley
Qu'un autre te condamne tu m'as ensorcelé

Evêque vous riez Priez plutôt pour moi la Vierge
Faites-moi donc mourir et que Dieu vous protège

Mon amant est parti pour un pays lointain
Faites-moi donc mourir puisque je n'aime rien

Mon cœur me fait si mal il faut bien que je meure
Si je me regardais il faudrait que j'en meure

Mon cœur me fait si mal depuis qu'il n'est plus là
Mon cœur me fit si mal du jour où il s'en alla

L'évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lances
Menez jusqu'au couvent cette femme en démence

Va-t-en Lore en folie va Lore aux yeux tremblant
Tu seras une nonne vêtue de noir et blanc

Puis ils s'en allèrent sur la route tous les quatre
La Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres

Chevaliers laissez-moi monter sur ce rocher si haut
Pour voir une fois encore mon beau château

Pour me mirer une fois encore dans le fleuve
Puis j'irai au couvent des vierges et des veuves

Là haut le vent tordait ses cheveux déroulés
Les chevaliers criaient Loreley Loreley

Tout là bas sur le Rhin s'en vient une nacelle
Et mon amant s'y tient il m'a vue il m'appelle

Mon cœur devient si doux c'est mon amant qui vient
Elle se penche alors et tombe dans le Rhin

Pour avoir vu dans l'eau la belle Loreley
Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

 

C_B_1

Peinture Braun Ernest

25 février 2014

Matière de Bretagne - Paul Celan

    

Lumière de genêt, jaune, les pentes
suppurent vers le ciel, l'épine
courtise la plaie, cela
sonne là-dedans, c'est le soir, le néant
roule ses mers à la prière,
la voile de sang fait route vers toi.

Sec, envasé,
le lit derrière toi, enjonque
son heure, en haut,
près de l'étoile, les ruisselets
laiteux babillent dans la boue, datte de pierre
en contrebas, buissonnante, bée dans le bleu,
un arbrisseau d'éphémère, superbe,
salue ta mémoire.

(Me connaissiez-vous,
mains ? J'allai
le chemin fourchu que vous marquiez, ma
bouche crachait ses galets, j'allai,
mon temps, surplomb neigeux en marche,
jetait son ombre – me connaissez-vous ?)

Mains, la plaie
courtisée par l'épine, cela sonne,
mains, le néant, ses mers,
mains, dans la lumière de genêt, la
voile de sang
fait route vers toi.

21 février 2014

Beautiful maladies - Leonard Ancuta

il n’y a aucun mot dans cette langue pour pouvoir dire
ce que je ressens.

sur les bords de la route un champ immense de tournesol
aux tiges asséchées, aux capitules tombées, toutes alignées dans la même direction
comme une immense démonstration faite par des aïeules décrépites, mourant de faim,
malades, comme une histoire de la douleur de l’origine au futur
qui englobe chacun de nous.

ensuite, une chienne écrasée par un poids-lourd, placardée sur l’asphalte comme une affiche
et un chiot qui attend aux yeux humides et patients d’animal,
qui guette le moment où des profondeurs de la chaussée montera à la surface
cette chose qui donne du volume aux corps, cette chose qui gonfle la peau, le thorax,
et qui nous fait respirer, nous bobine l’émotion dans une boule autobloquante
— le chiot attendait,
le corps écrabouillé sur l’asphalte ne se remplissait pas ni ne s’élevait.

j’ai traversé une seconde aussi longue qu’une vie, durant laquelle j’ai eu l’impression
que le temps n’existait pas et que j’étais malade
de la maladie la plus attirante de l’univers.

toutes les molécules de carbone de mon corps se décollent une à une
dans des fragments infimes de solitude et d’impuissance
et l’oxygène se libère tout seul comme les chevaux d’une machine à rêver des chevaux,
tous les animaux me paraissent petits
cette année.

Dans ma tête le nombre de choses dont je me souviens devient
inférieur au nombre de celles que j’oublie.
depuis quelque temps j’enterre
toujours plus de moi-même.

il n’y a pas de mots dans cette langue pour dire la même chose
que mon œil gauche dit à mon œil droit quand ils se ferment
dans la même seconde,
et en moi un immense excavateur déplace des pièces de mon corps
du passé
vers demain.

le méthane s’élève d’une tache sur la route qui était autrefois un chien,
de moi jaillit un arbre
où personne ne peut grimper.

Traduit du roumain par BogdanȚopan

 

mondrian_arbre_gris
Piet Mondrian

nu există nici un cuvînt în această limbă care să spună ce simt.

pe marginea drumului un cîmp imens de floarea soarelui
cu vrejurile uscate, cu pălăriile în pămînt, toate aliniate în aceeași direcție
ca o imensă demonstrație a unor băbuțe decrepite, moarte de foame
bolnave, ca o istorie a durerii de la origini și pînă în viitor
care ne cuprinde pe toți.

apoi o cățea călcată de un camion greu, întinsă pe asfalt asemenea unui poster
și un cățeluș care așteaptă cu ochi umezi și răbdători de animal
pîndește momentul în care din străfundul șoselei va ieși la suprafață
lucrul ce dă volum trupurilor, acel ceva care umple pielea, toracele
și care ne face să respirăm, să ne strînge emoția într-un ghem autoblocant,
cățelul aștepta,
trupul făcut una cu asfaltul nu se umplea, nu se ridica.

am traversat o secundă lungă cît o viață în care am avut impresia
că timpul nu există și că sunt bolnav
de cea mai atrăgătoare boală din univers.

toate moleculele de carbon din trupul meu se dezlipesc una
cîte una în fragmente infime de singurătate și neputință
iar oxigenul se eliberează singur asemenea cailor dintr-o mașină de visat cai
toate animalele îmi par mai mici
anul acesta.

în mintea mea numărul lucrurilor pe care mi le aduc aminte a început
să fie mai mic decît al celor uitate.
de la o vreme îngrop
tot mai mult din mine.

nu există cuvinte în limba aceasta care să spună același lucru
pe care îl spune ochiul stîng celui drept atunci cînd se închid
în aceeași secundă
și în mine e un excavator imens, mută bucăți din trupul meu
din trecut
înspre mîine.

gazul metan se ridică de pe șosea dintr-o pată care cîndva a fost cîine
din mine răsare un copac
în care nu se poate urca nimeni.

Leonard Ancuta
 

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La poésie est un chant et une parole.
C'est une parole qui parle à la parole de l'homme et qui permet, si elle est entendue, la part miraculeuse de l'existence - Gabriel Mwènè Okoundji -



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