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Esprits-rebelles
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19 décembre 2016

The clock of man - Eric Lomax

Au commencement du temps,
une heure sur le cadran.
Une goutte de rosée
et deux heures ont sonné.
De la rosée un arbre était né
et trois heures étaient passées
L'arbre devint une porte
et quatre heures étaient mortes.
Puis l'homme se mit debout
et l'horloge frappa cinq coups
Ne rien gâcher de ce temps,
chaque tic-tac sur le cadran.
Je me tiens à la porte et frappe un coup.

 

 

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16 décembre 2016

L'arbre de rien

L'arbre de rien, ce n'est pas grand-chose si l'on y réfléchit bien. Il est tête en l'air et tourné sur lui-même. Mais en même temps s'il n'existait pas, il n'y aurait pas l'ombre d'un arbre.

                                             David Dumortier - Ces gens qui sont des arbres -

 

 

 

27 octobre 2016

Pour peindre un oiseau - J. Prévert

Peindre d’abord une cage
Avec une porte ouverte
Peindre ensuite
Quelque chose de joli
Quelque chose de simple
Quelque chose de beau
Quelque chose d’utile
Pour l’oiseau
Placer ensuite la toile contre un arbre
Dans un jardin
Dans un bois
Ou dans une forêt
Se cacher derrière l’arbre
Sans rien dire
Sans bouger…

Parfois l’oiseau arrive vite
Mais il pourrait aussi mettre de longues années
Avant de se décider
Ne pas se décourager
Attendre
Attendre s’il le faut pendant des années
La vitesse ou la lenteur de l’arrivée de l’oiseau
N’ayant aucun rapport
Avec la réussite du tableau

Quand l’oiseau arrive
S’il arrive
Observer le plus profond silence
Attendre que l’oiseau entre dans la cage
Et quand il est entré
Fermer doucement la porte avec un pinceau
Puis effacer un à un tous les barreaux
En ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l’oiseau

Faire ensuite le portrait de l’arbre
En choisissant la plus belle de ses branches
Pour l’oiseau
Peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
La poussière du soleil
Et les bruits des bêtes de l’herbe dans la chaleur de l’été
Et puis attendre que l’oiseau se décide à chanter
Si l’oiseau ne chante pas
C’est mauvais signe
Signe que le tableau est mauvais
Mais s’il chante c’est bon signe
Signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
Une des plumes de l’oiseau
Et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.

 

 

 

26 octobre 2016

Simplement le ressac et puis l’écume

Peut-être un grain de silice glissé entre les orteils
La délicatesse du sable si fin et si soyeux
Le vent tombé, le macareux arrêté en plein ciel
Un phare perché dans le lointain, jusqu’à l’infini de la grève
Inutile, dressé face à l’océan, planté sur la rocaille
Le mouvement lent de l’horizon glissant sur l’eau
Un bleu si bleu qu’il ne sert à rien de le décrire
Il remplit le décor, il avale tout sur son passage
Puis l’écoulement de la fraicheur autour de la cheville
Comme une pluie couchée sur le dos qui déferle sous la peau
Arasement de l’air qui remplit d’éclats salins
Les paupières qui se referment
Mais ce voilier, si lointain, si blanc
Dérivant entre les brisants
Qu’emporte-t-il à son bord ?
Peut-être ton âme vagabonde
Ton visage et ton sourire
Ta délicatesse et l'amour et la vie
Tout ce qui vide ce tableau ridicule
Qui se peint péniblement
Sur ce bout de papier inutile
Qu’au moins il s’envole
Pour rendre à l’aile
Son envergure
Et sa beauté

Le Voyageur Internautique

 

P9210628

18 octobre 2016

La citadelle de silence - Pierre Bordage

Capturez la citadelle de silence,
En elle, nul n’attaque,
Nul ne peut vaincre l’infini,
Source de toute chose.

Capturez la citadelle de silence,
Où toute maladie trouve guérison,
Où toute guerre trouve paix,
Où toute mort reprend vie.

Capturez la citadelle de silence,
L’amour sera votre bouclier,
La lumière sera votre pain,
Le son votre gardien.

Capturez la citadelle de silence,
Elle est la demeure de Dieu.

Source : Souffle de songe

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12 octobre 2016

Une amitié - Charles Vildrac



Il y a […] chez toi et chez moi
Comme chez tous, des choses qui manquent,
C’est telle variété de plante
Que je n’ai pas dans mon jardin,
C’est telle arme pour ma lutte
Que je ne sens pas sous ta main ;

Qu’il advient toujours, pour notre bonheur,
Que moi je dispose de cette arme,
Que tu es tout fleuri de ces fleurs
Et que nous entrons sans façon l’un chez l’autre
Pour prendre ce dont nous avons besoin

Tu connais bien mes indigences
Et la façon de mes faiblesses ;
Elles vont à toi sans pudeur
Tu les accueilles et les aimes ;
Et aussi bien j’aime les tiennes
Qui font partie de ta valeur
Et sont la rançon de tes forces.

Enfin chacun de nous, ô mon ami,
Marche, et peut marcher avec assurance
A cause d’une main qui, vigilante,
Au moindre péril, se lève et saisit
Le bras égaré de cet aveugle
Que je deviens et que tu deviens,
Comme tous, à certaines heures…

 

 

17 juin 2016

Du bruit dans l'espace

Ne rien dire
Laisser l'espace se remplir de bruits
Laisser la vie remplir ce qu'il reste d'espace
Ne rien vouloir d'autre que le temps qui passe
Chasser l'honneur qui s'invite au bal de la vertu
Celui dont on se fout comme de notre première verrue
Celui dont on ne sait déjà plus rien
Dont on veut ne plus rien savoir
Au bras de Gaya
Entamer doucement un pas de danse
Juste un pas
Et on avance
L'amour se fout de la mort
Et la mort n'a rien à dire
Seulement se taire
Et laisser l'espace se remplir de bruits

                                     Margimond - Carnet de dévoyage

14 juin 2016

Ce qui me fait mal - Fernando Pessoa

A ceux qui s'endorment le cœur lourd de rêves inachevés, qui goûtent les couleurs de ce monde sans pouvoir en savourer la douceur.

 

O que me dói não é
O que há no coração
Mas essas coisas lindas
Que nunca existirão...

São as formas sem forma
Que passam sem que a dor
As possa conhecer
Ou as sonhar o amor.

São como se a tristeza
Fosse árvore e, uma a uma,
Caíssem suas folhas
Entre o vestígio e a bruma.

 

Ce qui me fait mal
Ce n'est pas ce qu'il y a dans le cœur
Mais ces choses si belles
Qu'elles n'existeront jamais

Ce sont les formes sans forme
qui viennent sans que la douleur
puisse les connaître
ni l'amour les rêver

Elles sont comme si la tristesse
Etait un arbre dont, une a une,
 les feuilles tombaient
entre le souvenir et la brume

Traduction personnelle

 

 

cGtwE
Image internet

 

5 juin 2016

Les mots sans qu'on les craigne

Une main tendue, des mots offerts...
La poésie partagée est un bonheur que l'on ne peut que partager à son tour...

Les mots sans qu'on les craigne ont d'effrayants pouvoirs,
Ils sont les bâtisseurs hasardeux des pensées,
L'âme la plus puissante est parfois dépassée
Par ces rêves actifs que l'on voit se mouvoir.

— Laissons se balancer dans leur ombre décente
L'excessive tristesse et l'excessif besoin !
Confions le secret ou la hâte oppressante
Au silence sacré qui ne les livre point.

Un souvenir dormant cesse d'être coupable,
Tout ce qui n'est pas dit est innocent et vrai ;
S'il consent à garder sa face sombre et stable
Le mensonge lui-même est un noble secret.

Ô Vérité tentante et qu'il faut qu'on esquive,
Monacale pudeur, effort, renoncement,
Sainteté des torrents retenant leur eau vive,
Solitude du cœur et de la voix qui ment !

Tendresse de la main qui parcourt et qui lisse
La vie atténuée et calme des cheveux,
Tandis que le désir se prive du délice
De déchaîner l'orage éloquent des aveux

Résolution pure, auguste et difficile
De n'accaparer pas l'esprit avec le corps,
De rester étrangers, pour que le plus fragile
Ne soit pas prisonnier de l'ineffable accord !

Feintise d'être heureux en dehors de l'ivresse,
Accommodation aux paisibles instants :
Plus que les cris, les pleurs, les secours, les caresses,
Vous êtes le mérite insondable et constant !

Anna de Noailles

3 juin 2016

Les mots

Les mots ressemblent à de toutes petites briques.
Un à un, ils construisent un enfermement.
Pour ne plus revoir le visage du printemps,
Un à un, ils façonnent un mur pour la fabrique.

Entends le clavier et son tapotement fort.
Quand les doigts dansent une macabre mazurka,
Se promène le délire au fond d'un briska,
Où les verbes donnent la main aux désaccords.

Enfin ce petit monde s'occupe de vous,
De votre âme, esprit étroit au cerveau obscur.
L'horloge s'amuse de vous voir et vous emmure
En solitude que rythme le désarroi.

S'édifient des châteaux, par monts sur l'horizon.
S'installent de gigantesques paysages épais.
Tout ce monde fade et le reste à venir, pourraient,
Sans difficulté, se tenir dans un flacon.

 Faire une ridicule petite nacelle,
Qui pourrait enfermer à jamais ce scandale.
S'y accoleraient la pauvre santé mentale
Et ce maudit parfum camphré qui s'ensorcelle.

 

108203749
 Le voyageur Internautique

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La poésie est un chant et une parole.
C'est une parole qui parle à la parole de l'homme et qui permet, si elle est entendue, la part miraculeuse de l'existence - Gabriel Mwènè Okoundji -



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