Seuls
Les lumières de la noce
se sont éteintes.
Les invités s’en sont allés.
Dans le silence
et l’immensité du désert
je reste seule
avec mon Bien Aimé.
Les lumières de la noce
se sont éteintes.
Les invités s’en sont allés.
Dans le silence
et l’immensité du désert
je reste seule
avec mon Bien Aimé.
Fou,
sais-tu la profondeur de la nuit,
combien d’étoiles faut-il pour l’éclairer,
combien de temps pour voir le jour ?
Peux-tu y plonger ton regard
sans te perdre dans le sien
et voir l’unique étoile qui brille
pour te guider ?
Fou,
connais-tu l’épaisseur du Silence,
et le nom des parfums de la nuit ?
Sais-tu comment saisir le vent ?
Peux-tu sentir comme il te porte,
respirer ses parfums sans t’enivrer ?
Peux-tu ouvrir les mains
pour caresser la nuit ?
Fou,
je crains l’immensité de son regard
bien plus profond que la nuit
et la caresse de ses mots
qui font frémir le silence.
Fou,
le jour est proche,
mon âme ne peut se dérober
Peux-tu dire oui à sa lumière
et voir la nuit mourir ?
Je ne sais pas, Fou,
je ne sais pas.
J'ai demandé aux Nornes :
- Pourquoi est-il venu ?
Urd a répondu :
- Pourquoi souhaitais-tu sa venue ?
J'ai demandé au vent :
- M'aime-t-Il ?
Verdandi a répondu :
- L'Aimes-tu ?
Alors j'ai déposé mes rêves
dans le cours chantant du ruisseau
et Skuld a dit :
- Qu'il en soit ainsi.
Le vent chante
La neige tourbillonne
et fait danser la jument baie
Bonheur d'un matin d'hiver
Dans le froid le cœur a chaud
Le vent a soufflé en tempête
A balayé tout mon être
Puis s'est heurté aux volets clos
Alors j'ai ouvert la fenêtre
Le vent avec violence
s'est engouffré et a tourbilloné
Lorsqu'il s'est calmé
Dans mon coeur, éparpillés
J'ai retrouvé des mots
Ils formaient un poème
Mais je ne sais lequel
Entre nous
des étendues lumineuses
balayées par le souffle.
Ne t’approche jamais
dit le poète.
Jamais,
comme toujours
éteint la lumière.
Entre nous
l’ardeur d’un feu
qui dissipe les ombres.
La lumière danse, joue
et se rit de nous.
Le souffle
joyeusement nous bouscule.
Nous sépare, nous rapproche.
Autour de nous
un silence numineux.
Il souffle
entre brise et bise
entre Zénith et Nadir,
et soulève
des grains de lumière
qui révèlent Ta Présence.
L’aube est là
Je dépose les armes
Je n’ai plus de larmes
Pour tuer le vide
Sourd
Laissé par l’envol de mes mots.
A mes yeux s’offre un monde
où le beau et le laid
s’épousent
et dansent une farandole inutile
Désespoir du noir de nos peurs
de nos cœurs morts avant que d’aimer
Tes rires s’écrasent aux murs gris d’une existence funeste
et résonnent dans les jardins de nos prisons
où fleurissent les asphodèles
Nous cultivons nos linceuls
et chérissons nos blessures
Nous clouons aux portes les chats noirs
qui rayonnent à nos fenêtres
Les chouettes envolent le jour
Vois-tu mon adorée
Le soleil qui refuse de briller en ton âme esseulée
Vois-tu ce cratère où bouillonnent nos songes
qui éclaboussent les nuits de notre histoire
Elles dégoulinent de nos orbites
et vomissent des regards vides d’amour et de haine
Le monde se décompose
se recompose
Le Mal et le Bien faubergent
s’accouplent au désir d’une pensée lubrique
Les chairs se déchirent en silence
Et moi
j’ai oublié qui Tu étais.
The Earth is a Man - Roberto Matta