Renoncer à des attentes inappropriées permet le
Renoncer à des attentes inappropriées permet le retour du sacré
Richard Kearney - L'Anathéisme
Renoncer à des attentes inappropriées permet le retour du sacré
Richard Kearney - L'Anathéisme
Je suis debout au bord de la plage
Un voilier passe dans la brise du matin et part vers l'océan.
Il est la beauté, il est la vie.
Je le regarde jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'horizon.
Quelqu'un à mon côté dit :
"Il est parti !"
Parti ? Vers où ?
Parti de mon regard. C'est tout...
Son mât est toujours aussi haut,
Sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue est en moi,
Pas en lui.
Et juste au moment où quelqu'un près de moi dit :
"il est parti !"
Il en est d'autres qui, le voyant poindre à l'horizon et venir vers eux,
S'exclament avec joie :
"Le voilà !"...
Bernard Tirtiaux est un maître verrier. Un maître qui a su apprivoiser la lumière ; celle où chaque couleur dit une parcelle de l'Etre. Après avoir capté son essence à travers des vitraux, il l'a insufflée dans des romans où les mots ont une teinte, un son, un parfum. L'ensemble forme une poésie symphonique qui enchante le lecteur pour peu que celui-ci soit sensible à la musique du vent, aux murmures d'un ruisseau ou aux rugissements de l'océan, ou bien encore aux bruissements de la terre.
"Les sept couleurs du vent" est son deuxième roman, après "Passeur de Lumière". Il y confirme son talent d'écrivain, sa maîtrise de l'art de capter la lumière pour restituer sa beauté de telle manière qu'elle touche le cœur du lecteur.
"Une nuit, il lui vient comme une musique dans la tête, une mélopée étrange qui s'épaissit. Le charpentier traverse une forêt peuplée d'immenses flûtes d'étain. A chaque tuyère qu'il touche, un son jaillit. Sauvages, les notes s'échappent, entrecroisent leurs chemins, explorent des espaces vides, s'insinuent dans les ravins où se terre l'écho, envahissent des vaisseaux de cathédrales à la recherche de la voix qui manque à leur chant, un timbre de femme. La belle porte le rêve et l'attente d'un charpentier au cœur pur. Elle offre ses doigts d'élégance aux claviers des orgues d'une ville du Nord ou du Sud. Ses bras sont nus, tout comme ses pieds souples, qui dansent sur un pédalier de bois. Elle chaloupe. Le vent des notes délivre ses cheveux, s'infiltre sous le voile qui la couvre. Il la caresse, fait frissonner sont ventre, ses seins, ses épaules. Elle est brune. Elle est blonde. Elle est noire. Elle a les yeux bleus et marron et verts. Elle est la destinée."
Sculpture de verre - Bernard Tirtiaux
Au dehors, la nature s’en tient encore aux demi-teintes. C’est la tonalité de la sobriété avant la générosité de l’offrande printanière. Mais qu’en est-il, au-dedans, de la couleur des mots que nous posons sur la vie ? De tous ces mots que nous prononçons, parfois dans l’insouciance et la légèreté, le plus souvent dans la plainte ou le jugement ?
Nous nous plaignons beaucoup : du temps qu’il fait, du temps que nous n’avons pas, du temps passé et qui ne reviendra pas. Nous nous plaignons aussi des autres, les jeunes, les vieux, les étrangers… tous ceux qui menacent notre tranquillité. Mais à vivre ainsi dans le négatif, nous nous désaccordons ! Nous ne sommes plus au diapason de la louange qui est notre vocation première, celle qui nous accorde au chant de la création, celle par laquelle nous devenons un peu plus humains.
La louange élève alors que la plainte avilit. La louange relie alors que la plainte sépare. La louange met debout alors que la plainte met sur les genoux. Mais célébrer la vie, ce n’est pas en nier les aspérités. C’est reculer d’un pas pour s’étonner de ce qui frémit sous l’écorce des jours, parfois justement là où la vie est empêchée. Pensez aux psaumes. Ce sont des musiques, certes, mais qui font large place au cri et à la discordance. Ils questionnent Dieu autant qu’ils le chantent mais en leur fond ce sont des célébrations arrachées à la dureté autant qu’à la beauté du réel.
Nous sommes finalement ce que nous consentons à être et nos paroles nous façonnent intérieurement. Quand le ciel est trop bas et la grisaille trop pesante, nous pourrions choisir de sortir de la complainte pour entrer en psalmodie ! Ce serait une manière de vivre à la hauteur de ce que nous pressentons et plus seulement de ce que nous ressentons ! Une manière de quitter la déploration qui nous tire vers le bas pour l’imploration qui aspire à l’envers lumineux des choses et des êtres.
Tout ce que nous ne mettrons pas au monde de gratitude n’y sera pas !
Une nuit se leva
le Soleil de Celui que j'aime
Il resplendit et ne connu pas de couchant
car le Soleil du jour se lève la nuit
et le Soleil du cœur ne s'absente pas.
Hussayn Mansûr Al Hallâj .....................
Je ne connais que deux prières pour célébrer la lumière du Ciel et les couleurs de la Terre : Oui et Merci.
Ciel bleu cotonneux,
Le vent joue des nuages.
Envol d'un dragon
Croissant de lumière
La lune rit aux éclats
Le rire d'un enfant
En moi, l'obscurité croît tandis que décroît la nuit