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Esprits-rebelles

Esprits-rebelles
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30 mars 2016

Parle, toi aussi - Paul Celan

Sprich auch du,
sprich als letzter,
sag deinen Spruch.

Sprich –
Doch scheide das Nein nicht vom Ja.
Gib deinem Spruch auch den Sinn :
gib ihm den Schatten.

Gib ihm Schatten genug,
gib ihm so viel,
als du um dich verteilt weißt zwischen
Mittnacht und Mittag und Mittnacht.

Blicke umher :
sieh, wie’s lebendig wird rings –
Beim Tode ! Lebendig !
Wahr spricht, wer Schatten spricht.

Nun aber schrumpft der Ort, wo du stehst :
Wohin jetzt, Schattenentblößter, wohin ?
Steige. Taste empor.
Dünner wirst du, unkenntlicher, feiner !
Feiner : ein Faden,
an dem er herabwill, der Stern :
um unten zu schwimmen, unten,
wo er sich schimmern sieht : in der Dünung
wandernder Worte.

 

Parle toi aussi
parle comme le dernier
dis ton message

Parle -
Mais ne sépare pas le oui du non
Donne aussi du sens à ton message :
donne lui l’ombre.

Donne-lui assez d’ombre,
donne-lui en tant
que tu en sais autour de toi partagée
entre minuit et midi et minuit.

Regarde alentour,
vois, comment ce qui t’entoure devient vivant -
Par la mort ! Vivant !
Celui -là dit vrai, qui parle d’ombre.
Mais voici que s’étiole l’endroit où tu es ;

Maintenant où aller, à découvert d’ombre, où aller ?
Monte. vers le haut en tâtonnant.
Plus grêle tu deviens, plus méconnaissable, plus fin !
Plus fin : un fil,
où l’étoile veut descendre :
pour nager en bas, tout en bas,
là où elle se voit luire : dans la houle
des mots errants.

                    Traduction Gil Pressnitzer

 

Bandon by the Sea, Oregon 2014
Bandon by the Sea, Oregon 2014
 - Nathan Wirth

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29 mars 2016

Il faut pour éclairer autrui trouver en soi la

Il faut pour éclairer autrui trouver en soi la lumière ; pour abriter, déployer l'ombre ; pour relever, se tenir debout.
Ainsi l'autre est celui qui révèle la lumière, dévoile l'ombre et oblige à s'élever.

27 mars 2016

Dieu est le Dieu du présent. Tel il te trouve,

Dieu est le Dieu du présent. Tel il te trouve, tel il te prend et t'accueille, non ce que tu as été, mais ce que tu es maintenant.   

Maître Eckart

24 mars 2016

Aux crépuscules, point de soleil ni de lune.Le

Aux crépuscules, point de soleil ni de lune.
Le ciel, discrètement sur eux, a tendu un voile.

23 mars 2016

D'un clin d'œil ravageur le soleil a fait pâlir

D'un clin d'œil ravageur le soleil a fait pâlir la lune.
Déconcertée, elle s'est cachée derrière la colline.

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22 mars 2016

Vor einer Kerze - Paul Celan

 

J’ai façonné d’or repoussé, comme
tu me l’avais, mère, expressément ordonné,
le chandelier d’où
elle me submerge peu à peu d’obscur au milleu
d’heures qui se brisent en miettes :
la fille de ton
être-morte.

 Svelte, élancée,
ombre mince aux yeux amandes,
la bouche et le sexe
pris dans la danse d’une faune de sommeil,
elle se dégage légère de l’or béant,
monte vers le sommet
du crâne du Maintenant.

Par mes lèvres tendues
de nuit
je prononce la bénédiction :  

      Au nom des trois
      qui se combattent jusqu’à
      ce que le ciel plonge dans le tombeau des sentiments,
      au nom des trois dont les anneaux
      me brillent au doigt chaque fois
      que dans le gouffre je dénoue les chevelures des arbres,
      pour qu’un flux généreux fasse retentir l’abîme –,
      au nom du premier des trois,
      qui poussa un cri
      quand il s’agit de vivre là où sa parole déjà, avant lui, avait été,
      au nom du deuxième, qui regarda et pleura,
      au nom du troisième qui met des pierres
      blanches en tas au millieu –
      je te dégage
      de l’amen qui nous stupéfie,
      de la lumière de glace qui le borde
      là où il entre haut comme une tour dans la mer
      là où la grise, la colombe
      picore les noms
      en deçà et au-delà du mourir :
      tu restes, tu restes, tu restes
      l’enfant d’une morte,
      consacré au Non de ma désirance,
      marié à une crevasse du temps
      devant laquelle m’a conduit le mot-mère,
      afin qu’une fois une seule
      tremble soudain la main
      qui ne cesse de m’étreindre le cœur !

 

 

Aus getriebenem Golde, so
wie du’s mir anbefahlst, Mutter,
formt ich den Leuchter, daraus
sie empor mir dunkelt inmitten
splitternder Stunden :
deines
Totseins Tochter.

Schlank von Gestalt,
ein schmaler, mandeläugiger Schatten,
Mund und Geschlecht
umtanzt von Schlummergetier,
entschwebt sie dem klaffenden Golde,
steigt sie hinan
zum Scheitel des Jetzt.

Mit nachtverhangnen
Lippen
sprech ich den Segen :

Im Namen der Drei,
die einander befehden, bis
der Himmel hinabtaucht ins Grab der Gefühle,
im Namen der Drei, deren Ringe
am Finger mir glänzen, sooft
ich den Bäumen im Abgrund das Haar lös,
auf daß die Tiefe durchrauscht sei von reicherer Flut –,
im Namen des ersten der Drei,
der aufschrie,
als es zu leben galt dort, wo vor ihm sein Wort schon gewesen,
im Namen des zweiten, der zusah und weinte,
im Namen des dritten, der weiße
Steine häuft in der Mitte, –
sprech ich dich frei
vom Amen, das uns übertäubt,
vom eisigen Licht, das es säumt,
da, wo es turmhoch ins Meer tritt,
da, wo die graue, die Taube
aufpickt die Namen
diesseits und jenseits des Sterbens :
Du bleibst, du bleibst, du bleibst
einer Toten Kind,
geweiht dem Nein meiner Sehnsucht,
vermählt einer Schrunde der Zeit,
vor die mich das Mutterwort führte,
auf daß ein einziges Mal
erzittre die Hand,
die je und je mir ans Herz greift !

 

 

Eclat de vie
Eclat de vie - Bleu Ebouriffé

 

21 mars 2016

D'une voix éraillée, le prêtre chante la prière.

D'une voix éraillée, le prêtre chante la prière.
Nulle fatigue dans le souffle qui la porte.

19 mars 2016

D'une œillade assassine, la lune a fait rougir le

D'une œillade assassine, la lune a fait rougir le soleil.
Intimidé, il s'est mussé derrière l'horizon.

 

 

19 mars 2016

Or blanc

Comme une  lune pleine, un soleil d'or blanc
éveille un jour froid, sans ombres.
Dans le vallon, une brume bleuté s'effrange
comme une traîne d'âmes en peine.
L'air glacé pénétrant mes os fatigués
me fait tressaillir ou bien est-ce le chant de l'oiseau
au sortir de sa grotte  ?

Je me tourne vers toi.
Hôte secret de mon cœur.

Sur le sentier blanchi par la nuit
les pas laissent une trace sombre,
mais l'herbe, soumise par leur passage,
respire la clarté de l'instant
et se redresse luisante de rosée.
Une corde se tend en moi,
vibrante d'un désir inexpliqué.

Je sens ton regard.
Saveur de miel.

Mes lèvres s'entrouvrent pour boire
l'hydromel capiteux de ton souffle.
Ô ivresse, je le sens s'emparer de mon âme,
je le sens m'inspirer,
je suffoque, deviens coupe à mon tour
dans laquelle tu te désaltères,
te délectes de ce nectar par toi vivifié.

Rêve poudré de lumière,
tu ruisselles dans mes veines.

Mon cœur frissonne, aiguilloné d'une froide brûlure.
L'astre pale s'élève dans le ciel
sans parvenir à faire naître les ombres.
L'hiver s'accroche à lui.
Mais la nature toute entière
chante le renouveau de son allégeance
à son feu grandissant.

Tendresse éclatante.
Je te sens près de moi

Les nuits à venir seront de plus en plus belles,
flamboyantes de la chaleur du jour,
rayonnantes d'étoiles qui se feront rivières
et la voie lactée se couvrira
du voile nitescent de nos songes.
Nos cœurs s'abreuveront à la source
de nos lèvres emperlées de baisers.

 

spyker-painting-acrylics-verge-2005
Verge - David Jay Spyker

 

14 mars 2016

Neige

Le souffle de février gèle les pensées
et pétrifie les jonquilles fleuries trop tôt.
Persévérant, l'hiver tire un voile glacé
Sans parvenir à déployer son blanc manteau.
Emplissant le ciel, quelques floches s'échappent
et couvrent la verdure d'une blanche nappe.

Dans le pré les chevaux à la source frappent
la surface gelée pour briser le miroir
scellant le trou d'eau d'une glaciale chappe,
verroterie fragile qui les prive de boire.
La robe rousse toute de neige poudrée,
indifférents au froid, ils remontent l'adret.

Mais le soleil boudeur a fui l'heure consacrée.
La colline au sommet, grise et terne demeure
sans un rayon pour l'enchanter ou l'éclairer.

Un paysan parait, marchant vers son labeur.
Aux premiers jours de mars, le froid saisi les êtres
dans un levant de plus gardant février maître.

Suivant le marcheur, mon esprit par la fenêtre
s'élance pour franchir les buissons et les haies,
le ruisseau qui chantonne et monter jusqu'au hêtre
où je sais te trouver caché dans la futaie.
Et je souris déjà de te savoir là-bas,
pauvre et triste sourire car je n'y serai pas.

Tourbillonnant, les flocons blanchissent les toits ;
le cœur s'égare en cette folle farandole
orchestrée par le ciel dans le silence froid.
Me revient en mémoire un chant sous la coupole.
Brillante d'étoiles, elle abritait nos frissons
quand au pays des songes nous nous retrouvions.

Les floches éparpillent les rêves et la nuit
s'égare dans l'oubli du matin qui la suit.

 

 

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Esprits Rebelles

La poésie est un chant et une parole.
C'est une parole qui parle à la parole de l'homme et qui permet, si elle est entendue, la part miraculeuse de l'existence - Gabriel Mwènè Okoundji -



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