Dessins
Au jour naissant
une frange de bleu caresse la colline
et dénude les ombres.
D'orange et de cannelle,
elle peint des couleurs aux senteurs de fougères.
elle ébauche un saule
et dessine un chêne ;
un genêt apparait et balaie le ciel
en soulevant des nuages d'argent.
Poussières de rêves
Poussières de Toi
éparpillées par le vent qui rhabille la nuit.
L'azur disparaît emporté par les grues
La Folie
La vie est folie et la mort déraison.
Où commence l'une,
où finit l'autre ?
Qu'est-ce donc que la folie ?
Je ne connais pas la raison.
La folie,
c'est de croire en la Vie
et d'espérer la Mort.
C'est de n'avoir plus d'espoir
et de vivre d'espérance.
C'est d'aimer comme Ophélie
à pierre fendre, à cœur perdu,
à corps écrit sur l'envers d'un rêve
sur un ciel de lit et de s'y noyer
La folie,
c'est de voir dans le noir les couleurs de la nuit
et de croire encore à la lumière du jour ;
d'espérer une présence dans le Silence.
D'entendre sa voix, d'écouter sa musique
et de chanter l'aube.
La folie ?
C'est de voir qu'il n'y a plus ni ombre ni lumière
et d'aimer encore,
d'aimer à en vivre.
Malgré soi.
La Mie
...........Nuage blanc
Sur un ciel étain de pluie, un médaillon bleu.
...............................................................................La mie,
...........une présence,
moins qu'une ombre dans le silence de la nuit.
..........................................Le parfum d'une pensée.
Fragrance d'étoile, éclat de soleil sur un azur d'ivoire.
.............................Silence
allumant la Flamme d'un dés-espoir.
......................................... Au-delà d'une obscure espérance,
.......................... l'âme crie
à mi-voix la jouissance, la Présence, volupté sur les
............................................................................... nues
de brume revêtues couvrant la mie qui se cherche,
........... qui cherche l'ami
......................................... et trouve le si d'un peut-être.
Prière
Mère,
enseigne-moi l’humilité de la terre
et la grandeur du ciel.
Apprends-moi le souffle du vent
et les nuages qui courent sur l’azur.
Donne-moi le courage de la fleur qui s’épanouit,
offre son cœur et meurt.
Donne-moi l’humilité du chêne
qui croit en force et en majesté
abritant de son ombre le roi et le mendiant.
Donne-moi la force du roseau
qui ploie sous le vent et la pluie
et se redresse sans cesse, tendu vers le ciel.
Mère,
enseigne-moi la majesté de la terre
et l’humilité du ciel
que je puisse, à l’instar des saisons,
demeurer et passer,
offrir et garder,
sans jamais demander, ni même remercier.
Apprends-moi à prier
car dans la prière sont contenues
toutes les demandes,
toutes les offrandes et toutes les grâces.
Life
Las,
nul lieu ne s'offre où reposer en paix.
Nulle heure sans jour ni nuit.
La vie n'est qu'une comédie
Ni fureur, ni bruit juste la folie
d'une âme qui s'agite.
Au loin, une biche apeurée fuit
les chasseurs et les chiens
et leur désir de sang sans fin.
Dans cette course folle le cœur s'emballe
le corps éclate sous le feu
d'un coup de tonnerre, d'un éclair meurtrier.
Las,
je tombe, mais ne succombe point
et mes larmes n'y font rien.
Symphonie oubliée
Quelle symphonie oubliée se joue sur l’aube pourpre ?
Eine Stimme von vorher, venue d’un au-delà lointain.
Die Wörter gleichen die Wörter, prélude à un duo qui ne sera pas.
Accords majeurs de corps qui se trouvent
dans un même souffle
et célèbrent chacun l’ardente flamme surgie de l’âme.
Les mots brûlent les nues
et dénudent les songes
L’Essence s’abîme
dans les profondeurs d’un désir indompté
et s’élève dans l’exaltation d’une sève
troublant le silence d’un souvenir
Etreinte
Le jour a étreint la nuit
avec tant de force
que sa chevelure en rougit,
que l'aube en pâlit.
Le ciel sur la terre
se répand en couleur.
Un matin D'Ô
Un matin d'Ô au bord du Pô,
les yeux dans l'eau, affleurent les mots,
notes de toi, de nos ébats,
de nos émois sur l'eau de soi.
De do en mi des doigts je suis
ce corps ravi, la trace en vie,
fleur de ton sceau, brûlante peau
brûlant mes mots au bord du Pô.
Ce n'est qu'un rêve, juste la sève
d'un grain folie, songe surgi
de mes écrits à la mi-nuit.
Flandrin, Hippolyte
Jeune homme nu assis au bord de la mer
Prière
Quelle absence étreint en nos cœurs l’espérance ?
Quel feu coule en nos veines et fissure notre être,
ardente lave d’un désir pressant l’écorce de nos âmes ?
Ici, elle s’écoule de nos flancs, faisant naître un incendie
dans l’intimité de notre corps et creusant un sillon fertile
au plus profond de notre être.
Je regarde cette coulée, noire incandescence
de l’extase d’une nuit de noce,
trouble des étoiles consumées par le jour.
Le volcan gronde, retient son feu.
Il est déjà trop tard pour l’océan sans fond
brûlé par l’ardeur des nuées.
Si la prière est un cri, alors je prie
du plus profond des abysses
pour retrouver les rivages paisibles de la nuit.