Il ne reste rien, mais il reste tout
Des ruines et du sang mais aussi des champs.
Des larmes, de la poussière mais aussi des armes.
Des cœurs qui battent et des cœurs silencieux.
Le bruit des canons et le souffle des flammes.
Il ne reste rien.
Un arbre éclaté sur la grande place,
un jeune arbrisseau dans un jardin clos.
Un ours en peluche, une lampe brisée ;
une table dressée, des bougies éteintes.
Il ne reste rien, mais il reste tout,
un souffle qui court le bitume troué,
un murmure qui enfle les ruisseaux taris ;
le froid qui rend gourds les cœurs bien trop fiers,
l'odeur de la poudre, il n'y a plus de pains chauds.
Il reste surtout des mots qui se taisent,
les cris du silence, une aurore en feu ;
Le chants des oiseaux dans les oliviers
et dans le feuillage, une complainte lasse
pour chanter demain encore endormi.
Il reste peut-être une lumière débile
éclairant un tout petit coin,
donnant toute sa force et toute sa richesse ;
un petit peu d'or sur un ciel d'étain,
un peu de chaleur pour passer la nuit.
Le «Baiser» de Gustav Klimt - Tammam Azzam