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Esprits-rebelles
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11 novembre 2016

La Cité du passé - Khalil Gibran

La Vie me mena jusqu'au pied du mont de la jeunesse et me fît signe de me retourner. Je vis alors une cité aux formes étranges, vautrée dans une plaine où déambulaient les ombres et les vapeurs multicolores. Elle était enveloppée d'une délicate nappe de brouillard qui la rendait à peine visible.

Je dis : «Qu'est-ce donc, ô Vie ?»
Elle me répondit : «C'est la cité du passé. Alors contemple-la. »
Je la contemplai et je vis :
Des établissements d'affaires assis comme des géants sous les ailes du sommeil.
Des mosquées de paroles qui fredonnent les chants de l'espoir alors qu'autour d'elles planent des esprits poussant des cris de désespoir.
Des temples de religions érigés par la certitude puis ruinés par le doute.
Des minarets de pensées dressés haut comme des mains de mendiants qui implorent le ciel.
Des rues de penchants qui s'étalent comme le fleuve au cœur des collines.
Des échoppes de secrets gardées par la discrétion puis pillées par les voleurs d'informations.
Des tours de hardiesse bâties par le courage puis détruites par la crainte.
Des palaces de rêves parés par les nuits puis démolis par le réveil.
Des huttes de petitesse habitées par la faiblesse et des temples de rassemblement où séjourne l'abnégation.
Des clubs de connaissance éclairés par l'esprit puis assombris par l'ignorance. Des tavernes d'amour où les amants viennent pour s'enivrer et où le vide se moque d'eux.
Des théâtres d'âges dans lesquels la vie joue ses romans, puis vient la mort pour clore sa tragédie.
C'est la cité du passé. Elle est aussi lointaine que proche, aussi visible que cachée.

Puis la Vie marcha devant moi en me disant : « Suis-moi, nous nous sommes trop attardés ici.» Je lui demandai : «Où allons-nous à présent, ô Vie?»

Elle me répondit : «À la cité de l'avenir. » Je lui dis : «Pitié, je suis exténué par la marche, mes pieds ont été écorchés par les rochers et les obstacles ont épuisés mes forces.»
Elle me rétorqua : «Avance, car celui qui s'arrête est lâche et celui qui regarde la cité du passé est ignorant. »

 

ville-fantome
Ville fantome

 

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Commentaires
E
L'avenir, sera-t-il forcément cité ?<br /> <br /> <br /> <br /> Bon soir Auria (beau chant de Terra Maïra)
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Esprits Rebelles

La poésie est un chant et une parole.
C'est une parole qui parle à la parole de l'homme et qui permet, si elle est entendue, la part miraculeuse de l'existence - Gabriel Mwènè Okoundji -



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