Or blanc
Comme une lune pleine, un soleil d'or blanc
éveille un jour froid, sans ombres.
Dans le vallon, une brume bleuté s'effrange
comme une traîne d'âmes en peine.
L'air glacé pénétrant mes os fatigués
me fait tressaillir ou bien est-ce le chant de l'oiseau
au sortir de sa grotte ?
Je me tourne vers toi.
Hôte secret de mon cœur.
Sur le sentier blanchi par la nuit
les pas laissent une trace sombre,
mais l'herbe, soumise par leur passage,
respire la clarté de l'instant
et se redresse luisante de rosée.
Une corde se tend en moi,
vibrante d'un désir inexpliqué.
Je sens ton regard.
Saveur de miel.
Mes lèvres s'entrouvrent pour boire
l'hydromel capiteux de ton souffle.
Ô ivresse, je le sens s'emparer de mon âme,
je le sens m'inspirer,
je suffoque, deviens coupe à mon tour
dans laquelle tu te désaltères,
te délectes de ce nectar par toi vivifié.
Rêve poudré de lumière,
tu ruisselles dans mes veines.
Mon cœur frissonne, aiguilloné d'une froide brûlure.
L'astre pale s'élève dans le ciel
sans parvenir à faire naître les ombres.
L'hiver s'accroche à lui.
Mais la nature toute entière
chante le renouveau de son allégeance
à son feu grandissant.
Tendresse éclatante.
Je te sens près de moi
Les nuits à venir seront de plus en plus belles,
flamboyantes de la chaleur du jour,
rayonnantes d'étoiles qui se feront rivières
et la voie lactée se couvrira
du voile nitescent de nos songes.
Nos cœurs s'abreuveront à la source
de nos lèvres emperlées de baisers.